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Le Grill a aimé avec réserves

Fences

Super acteurs et scénario cherchent film désespérément :

 

August Wilson, que l’on pourrait qualifier avec beaucoup de liberté d’Arthur Miller black, a fait sa réputation en écrivant sur la vie des noirs hantés par leurs démons – femmes, alcool, jazz – dans les quartiers populaires du Pittsburgh des années 40, lui-même ayant vécu une vie similaire à ces héros ordinaires.

Denzel Washington en était amoureux, on le sait. Ayant déjà joué Fences avec Viola Davis à Broadway en 2010, on ne pouvait que craindre d’avoir droit à du théâtre filmé quand il décida, dix ans après The Great Debaters, de repasser derrière la caméra.

On avait raison.

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Tourné dans l’ordre quasiment là où il a été écrit, je suis certain que le texte est respecté à la didascalie près.

Ce n’est pas mauvais, loin de là, mais l’extrême sobriété des décors (une rue, une maison et puis c’est tout) entrainant l’extrême aridité d’une caméra se retrouvant face à l’insoluble problème de filmer un monologue de 15 minutes sans ennuyer le spectateur. Il jaillit un plan serré saisissant de temps en temps mais soyons clair, Fences c’est avant tout du théâtre filmé.

Ça n’empêche en rien ces bêtes d’acteurs de sortir des performances à Oscar à travers la large gamme d’émotion maitrisée sur laquelle ils construisent le récit, et ça n’enlève rien au texte nous laissant deux heures pour juger un homme déchiré entre le salaud magnifique ou le brave type échouant à abattre la barrière qu’il a construit entre lui et ses proches (c’est si beau…).

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Après Billy Lynn, Fences est le deuxième film à faire une remarque sur le fait que l’on ne peut pas ramener toutes les grandes considérations de l’existence au baseball ou au football américain, et ça c’est beau.

Le texte et le jeu nous emportent jusqu’à un dernier acte malheureusement en deçà du reste. Cela n’enlèvera rien aux morceaux de bravoure qui l’auront précédé, l’oscar pour Viola Davis étant quasiment assuré, Denzel restant bien placé, ni à la force des thèmes abordés : déterminisme, rapport père-fils, mari et femme, le danger de rester dans la rancœur ; dérangeant au possible dans le meilleur sens du terme. La pièce n’a pas eu son Pulitzer pour rien mais cinématographiquement parlant, en faisant le choix d’effacer la caméra pour ne pas tomber dans le film à dispositif comme le dernier Dolan, il n’y a pas grand-chose à dire de plus que oui, c’est une excellente transposition, mais certainement pas un excellent film.

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Oscar spotted.