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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé avec réserves

Creepy

Fête des voisins

 

Kyoshi Kurosawa (aucun rapport avec l’autre) s’était illustré avec le remarquable diptyque Shokuzai, le drame Tokyo Sonata, les thrillers mâtinés de fantastique The cure et Kairo ou encore l’étrange Jellyfish où il parle de solitude urbaine à travers la fascination d’un jeune homme pour sa méduse venimeuse en bocal. Autant dire que le bizarre en milieu urbain ça le connaît et pas étonnant qu’il s’y illustre à nouveau dans le tout à fait malsain Creepy.

Teruyuki Kagawa, au premier plan, fait l’exploit d’être parfaitement malaisant dès sa première seconde à l’écran.

Encensé par une bonne partie de la critique, sa filmographie présente aussi l’avantage d’être plus facile à suivre qu’un Sono Sion ou un Takashi Miike qui sortent quatre films par an (quand ils sont en petite forme). Kyoshi a tout de même déçu récemment en accélérant son rythme pour sortir trois productions dans l’hexagone en l’espace de quelques mois. Le secret de la chambre noire, un thriller fantastique tourné en France, ressemblerait à un mauvais téléfilm fauché du style à avoir des portes qui claquent toutes seules et Avant que nous disparaissions, mélange de genre volcanique mais très brouillon a été présenté à Cannes sans faire de vagues. Entre ces deux films, un trop mou, l’autre hystérique, s’est nichée la perle noire Creepy sortie en juin 2017.

Adapté d’un roman japonais, on y suit un inspecteur légèrement traumatisé par sa carrière qui décide de repartir sur des bases saines en déménageant avec sa femme dans un quartier tranquille. Il finira par se passionner par l’affaire non résolue d’un serial killer assez particulier, obsédé par l’ascendant moral absolu qu’il obtient sur ces victimes, les brisant mentalement. Autant dire que Creepy ne se dirige pas vraiment la comédie à mesure que son ambiance anxiogène s’installe, une expansion morbide des mœurs policées des Japonais jusqu’à la suffocation de l’accumulation de ces petits riens pesants.

Voici deux personnages qui se battent pour celle qui aura la réaction la moins cohérente et logique du film… Dommage.

Comme souvent dans le cinéma asiatique, il est difficile de rattacher le film à un seul genre et le passage de sa dernière partie, une plongée dans une terreur psychologique bien plus proche d’un De Palma que des canons de la J-horror, se fait malheureusement au prix de quelques facilités. On regrette aussi que les personnages soient tous un peu lisse, à l’exception de Teruyuki Kagawa qui redéfinit la sensation de malaise à lui tout seul. Le film semble parfois seulement exister pour souligner sa performance glaçante.

À moitié polar Hitcockien, à moitié horreur claustrophobique, sans jamais donner dans le déballage de tripoux tout en fouillant les tréfonds du glauque, Creepy s’impose dans son rythme posé et son ambiance poisseuse comme un bon film d’angoisse pour amateur du genre.