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Le Grill a aimé avec réserves

Moi, Tonya

Le patinage artistique est un sport de combat

Tonya Harding est une célébrité dont la renommée n’a jamais dépassé les frontières du pays du burger et de la bière à 2 %, et heureusement pour elle. En effet, elle est principalement demeurée connue dans la pop culture américaine pour deux faits marquants, avoir été la première américaine à avoir réussi un triple axel en compétition et être liée à l’agression de sa rivale juste avant les jeux olympiques.

À partir de là, le film revient sur cette figure de « méchante » conspuée par le public sur trois décennies pour dresser le portrait d’une sacrée battante, issue de nulle part et ayant déboulé avec son caractère 100% redneck dans le cercle précieux du patinage artistique qui n’était pas vraiment préparé à ça.

La film offre un rôle en or à Margot Robbie, faisant une bien meilleure Harley Quinn ici (la copine du Joker de Batman, un autre rôle de fille intelligente et caractérielle dans une relation abusive) que dans l’accident industriel Suicide Squad.

Moi, Tonya est un biopic sur la greffe rejetée d’une athlète qui n’a jamais pu se faire une place dans sa discipline malgré les exploits qu’elle a accomplis, à la fois pour son caractère brut de décoffrage dans un monde de princesses Disney, mais aussi pour son entourage de boulets plus infâmes les uns que les autres : sa mère castratrice au possible (Allison Janney, Golden Globes mérité pour sa performance), son mari aussi branleur que violent et son garde du corps dont la connerie défie l’improbable (surtout au générique quand on constate devant les interviews d’époque que la réalité dépasse la fiction).

Une série de seconds rôles que n’auraient pas renié les Coen ou Scorsese. D’ailleurs c’est moi où les rednecks ont la cote ces derniers temps ?

Le dispositif du récit monté comme une fausse interview des protagonistes entrecoupée de flash-back retraçant sa carrière de patineuse olympique joue de cette alternance passé et présent. Les personnages n’hésitent pas à briser le quatrième mur en s’adressant directement au spectateur, une façon d’habilement prendre en compte les témoignages contradictoires, hypermédiatisés et  exubérants des événements. Le réalisateur Craig Gillespie a su passer du film catastrophe The Finest Hours au biopic sportif avec un certain brio, et s’il est peut être pénalisé par son format un peu long de 2h et son côté délirant limitant l’empathie que l’on peut avoir pour son (anti ?) héroïne, il y a suffisamment de scènes qui marchent que pour apprécier comme il se doit cette plongée assez sensible et franchement drôle sur une figure controversée.

Moi, Tonya se révèle au final un biopic pas si atypique que ça qui sait prendre à de nombreux moments la forme d’une bonne comédie noire. On conseillera pour la personnalité hors norme de son héroïne et sa bande-son rock qui fait du bien.

Manque de bol cette année il y a la performance de Frances McDormand dans 3 Billboards qui envoie beaucoup trop de bois que pour décemment espérer quelque chose pour Margot Robbie aux Oscars mais l’actrice australienne prouve qu’elle est loin de se résumer à des rôles de bimbo écervelée.

Moi, Tonya

  • Est
  • N'est pas
  • Un biopic sur le parcours atypique d'une personnalité ambivalente
  • Un monument d'émotion et de sensibilité
  • Rythmé et punchy, même si vingt minutes de moins n'auraient pas fait de mal
  • Une belle histoire hollywoodienne, on essaye de casser les codes
  • Clairement inspiré de Scorsese, ce qui n'est pas forcément un mal
  • Vraiment sur le patinage artistique
  • Doté de performances solides de son casting, surtout féminin
  • Au niveau de 3 billboards, mais en même temps c'est pas le seul
Patine un peu mais glisse tout seul / 20