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Le Grill a aimé avec réserves

La mort de Staline

Red is dead

 

Staline est mort, vive le chef du parti ! Mais qui pour prendre la place du petit père de la nation qui signait chaque soir des listes longues comme des bottins de gens à envoyer au goulag ? Le chef de la police secrète ? Le secrétaire du PC ? Le chef des armées ? Son fils à moitié fou ? Un inconnu fin tacticien ?

Khrouchtchev. C’est Khrouchtchev et tout le monde le sait. Demande à ton petit neveu, c’est au programme d’histoire géo de 4ème.

A gauche Béria, chef de la NKVD (la “gestapo Russe”), Maria Youdina dont le film revient sur un de ses concerto resté célèbre mais exécuté avant la mort de Staline, et enfin Khrouchtchev qui entama la déstanilisation du pays. Le mélange respect de l’histoire/humour décapant fait légèrement penser à un Kaamelott version Kremlin et vodka.

Il n’empêche que sous ses allures de téléfilm dopé aux hormones, la mort de Staline prend le parti de retracer les luttes internes et meurtrières qui suivirent l’attaque cérébrale du géant russe par le genre de la comédie noire. Adapté d’une BD franco-britannique, avec ses répliques au vitriol, politiquement très incorrectes, on est à l’opposé du ton eschatologique gris et triste de La chute par exemple. Ici on remplit des goulags tout en se payant de sacrés barres, d’autant plus grinçante que le déroulé des événements et de nombreux détails sont tout à fait véridiques. Le jeu de dupes auxquels se livrent nos affreux, que l’on prend un plaisir monstre à détester, permet de sacré moments de gloire dans cette plongée sans concessions, si ce n’est celle de l’humour, au sein d’une dictature meurtrière.

Tourné entre Moscou pour les vues extérieures et Londres pour le reste, autant dire que le film n’est pas sorti en Russie et ce n’est pas près de changer…

La brochette d’acteurs qui semblent sincèrement s’éclater à débiter leurs horreurs politiciennes donne l’impression de se retrouver devant la vie des autres réécrit par Gaspard Proust. Le trop rare Steve Buscemi se paye un rôle de premier plan en or en opposition à l’ogre Simon Russell Beale (Ferdinand Lyle dans Penny Dreadful), dommage que le personnage d’Olga Kurylenko (qui est deux fois à l’écran cette semaine avec Dans la brume), incarnant la figure réelle de la pianiste résistante Maria Youdina, ait un rôle bien plus greffé à l’histoire que partie prenante.  Dommage aussi que la réalisation soit si plate qu’elle en devient presque indigne d’un film de cinéma. Je n’ai jamais regardé la série politique Veep du réalisateur de la mort de Staline, mais si son passage à la télé lui a peut-être donné une maîtrise assez pointue du récit choral, on regrette l’absence quasi-totale d’audace visuelle. Heureusement que l’important n’est pas là.

Pour les amateurs de films verbeux, bien troussés sur le fond et la forme donné à ce fond, la mort de Staline fait figure de bons moments très impertinents