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Le Grill a aimé avec réserves

Désobéissance

Si l’on sort le nez de son guide touristique et que l’on se laisse aller hors des sentiers battus de l’immense Londres, les quartiers périphériques de son centre révèlent une richesse culturelle immense. C’est le cas de Stamford Hill qui rassemble la plus grande communauté juive orthodoxe de la ville. Les boutiques ont leurs façades écrites en hébreux, on y trouve des synagogues et on y voit des familles entières portant les vêtements traditionnels de leur culte. Souvent gris ou noirs, ces habits s’accordent à la grisaille londonienne et plus particulièrement à l’ambiance de Désobéissance.

Ronit (Rachel Weisz) est de retour parmi les siens, le fossé s’est creusé

Désobéir, contrevenir à un règlement, c’est ce que Ronit a entrepris étant jeune lorsqu’elle a fui sa communauté juive orthodoxe londonienne pour s’installer en tant que photographe à New York. Des années plus tard, lorsque son père décède, elle décide de venir lui rendre une dernière visite. Son retour n’est pas des plus attendu dans la communauté, notamment lorsque Ronit découvre que son ancien ami d’enfance, Dovid, et son ancien amour interdit Esti sont maintenant mariés. Le regard des deux femmes se croise, et l’on comprend qu’une vive passion coupable les anime et que d’anciens sentiments de jeunesse ne sont pas morts. Voilà les quinze premières minutes captivantes de Désobéissance, le reste perd ses spectateurs, et moi plus particulièrement. Je crois avoir loupé le coche et rien n’y fera contre mon ennui face au reste du film… surtout pas le dénouement. L’ambiance moribonde et le rythme lent sont probablement responsables de ce décrochage. Ce sera sans compter les trente dernières minutes qui ont peine à se conclure dans de micro rebondissements peu excitants.

Triangle amoureux et ambiance pesante durant le Shabbat.

Et pourtant, le film est réussi, c’est indéniable. Beaucoup d’éléments fonctionnent,  notamment les actrices principales. Rachel Weisz incarne une Ronit (presque) libérée du carcan de sa communauté face à Rachel Mc Adams, une Esti toujours prisonnière. Puis, il y a le décor de la ville de Londres qui n’est traité que dans un but didactique : celui de nous montrer l’enfermement maussade dans lequel vivent les personnages. Quant aux intérieurs, nous ne verrons jamais une fenêtre ouverte, les rideaux sont tirés, il n’y a pas d’échappatoire. Oui, beaucoup d’éléments du film sont efficacement utilisés pour porter son propos sans jamais le faire tomber dans un simple plaidoyer cliché antireligieux. Il s’agit de décrire une situation dans laquelle deux femmes amoureuses et en dehors des normes (de leur milieu) veulent exister.

Même face à la modernité et l’anonymat des rues du Centre de Londres, les deux héroïnes empruntent des chemins plus escarpés pour se rapprocher dans l’ombre.

Désobéissance porte une réflexion et des critiques, sans pour autant dénoncer l’oppresseur de manière grotesque. On pourrait appliquer sa réflexion à bien d’autres traditionalismes religieux et sociaux. Le chemin est long, encore aujourd’hui pour que les dites « déviances sexuelles » soient enfin banalisées, acceptées et libres de se vivre sans avoir à désobéir pour exister.

Désobéissance

  • Est
  • N'est pas
  • Le second film de Sebastian Lelio, réalisateur d’Une femme Fantastique, oscarisé Meilleur film étranger en 2018
  • Un cliché sur la religion
  • L’adaptation du roman La Désobéissance de Naomi Alderman
  • Bien servi par sa musique
  • La rencontre cinématographique de deux sublimes Rachel  
  • Un succès rocambolesque
  • Un (gros) poil long
  • Une épopée amoureuse lesbienne dans un Londres vibrant
Passable au grill / 20