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Le Grill a aimé avec réserves

Ma fille

Ma fille, ma bataille

 

Italie, un petit coin de Sardaigne comme coincé dans une faille temporelle entre 1950 et nos jours, deux femmes que tout oppose, l’une incarnée par Valeria Golino est la mère modèle, pieuse et droite, l’autre campée par Alba Rohrwacher (rôle principal de Vierge sous serment de la même réalisatrice) est la folle du village, aussi alcoolique que braillarde, pourtant entre elles Vittoria, 10 ans, trait d’union aux cheveux de feu oscillant entre l’amour étouffant de la première et la liberté calamiteuse de la seconde.

Le travail sur l’éclairage et les couleurs, sans en faire trop, est élégant.

Ma fille, deuxième long métrage de la réalisatrice et scénariste italienne Laura Bispuri, ressemble un peu à Everybody Knows ou Respiro (où le rôle de l’excentrique était joué cette fois ci par Valeria Golino) dans cette ambition qu’il a de s’intéresser à ce qu’il se passe dans ces petites villes où les individus fermentent ensemble depuis trop longtemps, incapables de quitter une terre natale qu’ils aiment et maudissent, mais là n’est pas le principal. C’est surtout l’étude des relations mère fille, des pulsions maternelle, déclinées dans un large spectre d’émotion et de situations allant du cruel au tendre,  qui occupe le champ.

La réalisation biberonnée au néo-réalisme italien est adepte de la caméra à l’épaule, idéal pour se mettre à hauteur du regard de ses femmes qui s’écharpent pour l’amour de la petite Vittoria. Des querelles d’argent et des cadavres dans le placard seront déterrés entre deux moments plus joyaux, plus libérateur, où la petite sort de son cocon notamment. Relativement épuré, presque pauvre, le scénario comme le cadre – parfois signifiant dans ses jeux d’ombres et de lumières – mettent en avant ses interprètes et leurs performances splendides, probablement les deux actrices italiennes les plus importantes aujourd’hui.

Alors quoi ? Étude de caractère ? Ode ambivalente à la maternité ? Récit initiatique ? Instantanée d’une enfance au soleil ? Un peu de tout ça pour 1h37 d’un drame parfois brillant, parfois rude, à l’image de son cadre en somme. Aride et beau.

Sinon on conseille aussi Respiro d’Emanuele Crialese les yeux fermés.