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AnimationLe Grill a aimé avec réserves

Les Indestructibles 2

A peu près aussi original que son titre

 

Quatorze ans après, Les Indestructibles 2 commence à la seconde exacte où le premier opus s’achevait, faisant découvrir à des millions de 25-30 ans nostalgiques la suite des aventures d’Helen, Bob, Violet, Flèche et le bébé Jack-Jack. Un deuxième épisode attendu à en juger les records battus au box-office mondial, mais était-ce pour autant une suite nécessaire ?

Le style visuel art-déco ou retro-futuriste est un des très gros point fort du film, les décors sont à tomber.

Si l’animation au top, les musiques avec leur lot de thèmes marquants, le magnifique style visuel entre vieux films d’espionnage et comics de l’âge d’or ainsi que les personnages attachants permettent de dire sans trop se tromper que Les Indestructibles 2 est un bon film – la qualité Pixar étant toujours là – ce qui peut lui être reproché vient plutôt de l’homme aux manettes : Brad Bird, atteint ici d’une forme bénigne du « syndrome Star Wars 7 ».

En effet, si la firme à la lampe de bureau bondissante est très décomplexée quand il s’agit de transformer ses films en franchises (de l’oubliable Monstre academy au dément Toy Story 3), en y portant un soin bien meilleur que Disney par exemple (qui s’est refusé pendant 60 ans cet exercice avant d’abreuver la fin des années 90 puis 2000 de Cendrillon 2 et 3, Bambi 2 ou encore Leroy et Stitch directement sorti en vidéo, fait avec bien peu d’amour-propre), il s’agit de la première fois que le réalisateur Brad Bird est confronté à la création d’un épisode 2 et il s’en sort…. En faisant le remake du premier.

Le court-métrage qui précède le film, Bao, tout en étant plutôt mignon, semble étrangement autant emprunter à Freud qu’à Miyazaki, et tous les ciné ne le diffusent pas, attention.

Les Indestructibles 2 est un récit en miroir de son ainé, ce n’est plus Mr. Indestructible mais Elastigirl qui est sollicitée  par une grande compagnie souhaitant exploiter ses capacités malgré la loi qui interdit aux « supers » d’utiliser leurs pouvoirs . Si la structure d’il y a quatorze ans est quelque peu modulée, notamment par la découverte des pouvoirs de Jack-Jack, elle emprunte ses principaux rebondissements à son aîné et semble s’être donné pour mission de contenir toutes les scènes marquantes de l’original, la couturière Edna étant la première victime. Au-delà du simple rappel, on frôle parfois la copie et c’est bien dommage, même le monde de Dory s’en sort mieux à ce jeu-là. Le générique tombé – pas de scène bonus d’ailleurs, vous pourrez quitter la salle –  nos personnages n’auront pas bougé d’un iota, le semblant de guerre des sexes installé entre Mr. Et Mme. Indestructible a été oublié en route, Flèche aura fait figuration, la séquence finale de pugilat aura été aussi longuette que terne. Alors oui, on demeure très content de retrouver une vieille histoire, d’autant plus si l’on a aimé ce Pixar de 2004 un peu plus ancré dans la réalité que les autres et que bon, quatorze ans c’est presque le délai qui permet légalement de radoter, mais l’on est obligé de placer Les Indestructibles 2 dans le trop gros sac des suites inutiles, bien loin de la prise de risque des Toy Story.

Comme de juste, il n’y avait pas un seul enfant dans la salle. On aura peut-être l’épisode 3 pour nos 35-40 ans ?

Alors pourquoi ? Parce que jusque-là Brad Bird était plutôt un réal très imaginatif, le Géant de fer et Ratatouille le prouvent largement. Peut-être à cause du changement de planning avec Toy Story 4 (qui était initialement prévu pour 2018 et Les Indestructibles 2 pour 2019) qui a raccourci la création du film, ou que Bird et sa monumentale plantade au box office en 2015 avec Tomorrowland : À la poursuite de demain ne lui donnait pas assez de poids pour imposer ses idées face à une production qui voulait peut être la jouer safe en tablant sur ce qui a fait le succès du premier ? Difficile à dire mais au final, et malgré sa durée de 1h58 qui en fait le plus long Pixar, Les Indestructibles 2 a cette amère aura de film pas tout à fait fini. S’il égale en qualité le premier opus, en étant encore meilleur d’un point de vue technique, son absence de prise de risque et son manque de surprise en font une agréable distraction malheureusement peu mémorable.

Les Indestructibles 2

  • Est
  • N'est pas
  • Une merveille d'animation avec une direction artistique inspirée
  • Assez détaché du premier film
  • Le retour d'une famille très attachante
  • Court, et pourtant il ne développe pas tous ses thèmes
  • Du super-héros qui ne fait pas comme Marvel/DC
  • Très imaginatif dans son dernier segment, la bataille finale est un peu fade
  • Grandement sauvé par Jack-Jack
  • Malgré tout, une raison de bouder notre plaisir
Séquence nostalgie / 20