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The Devil and Father Amorth

L’Exorciste (pas celui là)

William Friedkin a été propulsé légende vivante au début des années 70 lorsqu’il réalisa coup sur coup French Connection (oscar du meilleur réalisateur) puis le cultissime l’Exorciste avant de tourner le désastre industriel Sorcerer (Le Convoi de la peur) en 1977 qui, s’il a depuis été réhabilité avec une belle ressortie ciné en 2015, a largement impacté la carrière de cette étoile filante d’Hollywood. Friedkin n’a jamais arrêté de faire des films par la suite sans pour autant renouer avec ses premiers succès et s’il se fait plus discret depuis quelques années – il nous a offert Killer Joe en 2011, une belle surprise injustement boudée par le public – il revient aujourd’hui sur Netflix avec le reportage The Devil and Father Amorth, pour lequel notre enthousiasme est largement plus mesuré.

L’idée était habile : le réalisateur de l’Exorciste fait un reportage sur l’exorcisme ! Trop beau pour être à la hauteur malheureusement. Netflix a encore servi de voiture-balai pour les projets pas assez bon que pour sortir en salles.

Ainsi Friedkin prend la parole face à la caméra à quatre-vingts ans pour nous parler cinq minutes de ce qui l’avait conduit à réaliser l’Exorciste avant de s’envoler pour l’Italie rencontrer le père Amorth qui s’apprête à souffler ses quatre-vingt-dix bougies, un ancien résistant entré dans les ordres à la fin de la guerre et chef exorciste de la cité du Vatican de 1986 à sa mort en 2016. Ce dernier va autoriser Friedkin à filmer une véritable séance d’exorcisme, ce qui va nous être montré dans son intégralité : un plan fixe de 18 minutes sans musique ou le père Amorth psalmodie ses prières à côté d’une femme en pleine crise de délire. Et 18 minutes c’est très long.

La suite consiste en une série d’entretiens de Friedkin avec des médecins et religieux de par le monde pour leur montrer cette vidéo et leur poser des questions sur l’existence du diable, lesquels vont se défausser en disant que tant que la science n’aura pas réponse à tout, le doute est permis (merci les gars).

Le père Amorth et William Peter Blatty (l’auteur du roman l’Exorciste et du scénario du film) sont décédés pendant le tournage du documentaire, ce qui a dû rendre le tournage un brin compliqué et explique peut-être l’impression que certains passages sont là pour meubler.

Alors autant on échappe au « reportage Sundance » où l’on se contente de monter des rushes stylisés montés ensemble plus ou moins aléatoirement sur une musique triste sans avoir de véritable propos, autant l’économie de moyens confine ici à la pauvreté. Ses transitions désuètes, comme des zooms sur des photos ou certains plans tout justes dignes du JT régional de France 3 font que le cinéphile ne sera pas vraiment comblé. On pourrait penser qu’il n’y a pas de fioritures car le propos est grave et sérieux, malgré la musique faite de violons strident comme dans un slasher de vidéoclub qui vient vraiment faire tache. Dur de savoir ce que Friedkin visait ici, en tout cas certainement pas un commentaire sur son œuvre culte qui ne sera abordée que dans le tout début du reportage principalement axé sur cette (trop) longue séquence d’exorcisme et les débats stériles censé la commenter, mêlant sans houles science et religion pour les nuls.

Au final, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Sa micro durée (1h09, voire 15 de moins si vous accélérez la séquence centrale) n’en fait pas pour autant un film rapide et son sujet semble seulement survolé, bien que pris avec réalisme sans trop se laisser aller au fantasme et à une justification du surnaturel… A moins d’être vraiment croyant et/ou terrifié par les possessions,  le reportage se révèle ainsi être un somnifère de première qualité.

Même s’il était moins posé, j’ai quand même la faiblesse de préférer la version où l’on parle des habitudes de la maman du prêtre en enfer.