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Mostra de Venise 2018

Le Grill à Venise : Jour 2

Pour ce deuxième jour, je ne peux pas nier que j’ai été gâté. Entre, les nouveaux films de Yorgos Lanthimos et d’Alfonso Cuarón, l’oeuvre inachevée d’Orson Welles, une bonne dose de Jeff Goldblum et un Laurent Laffite aux prises avec des ados inquiétants, mon programme avait tout sur le papier pour me mettre en joie. Est-ce que ce fut véritablement le cas ?

« The Favourite » de Yorgos Lanthimos (Compétition Officielle)

« The favourite » raconte l’histoire de deux courtisanes qui vont s’affronter, à l’époque victorienne, afin d’obtenir les faveurs de la reine d’Angleterre. Dès les premières minutes, j’ai tout de suite compris ce qu’a séduit Yorgos Lanthimos dans ce scénario. Il y a une folie absurde qui se dégage de ses personnages. Entre une reine infantile, deux courtisanes aussi vénéneuses l’une que l’autre et un ambitieux jeune marquis, le quotidien de cette cour ne sera pas de tout repos. Lanthimos s’éclate à filmer ce microcosme dysfonctionnel et nous offre l’un des moments de cinéma les plus jouissifs et fascinant de l’année. Si vous avez toujours rêvé de voir un mix détraqué de « Barry Lyndon » et des « Liaisons Dangereuses », je suis certain que ce film est fait pour vous.

«  Roma » d’Alfonso Cuarón (Compétition Officielle)

Nous ne sommes qu’au deuxième jour du festival et le nouveau film d’Alfonso Cuarón se place déjà comme l’un des favoris pour le lion d’or. Roma balaie un an de la vie d’une employée de maison mexicaine. Dit comme ça, cela ne fait pas rêver et je ne vais pas vous mentir en disant que le long métrage construit son propos par petites touches. Pourtant, il se dégage de « Roma » une grande maîtrise aussi bien formelle  que scénariste. Je n’irai pas jusqu’à crier au chef-d’œuvre mais il est incontestable que Roma est l’une des plus belles œuvres que j’ai pu voir cette année au cinéma. Je suis chanceux d’avoir pu le voir sur un grand écran et c’est pour moi un crève-cœur de me dire que je vais devoir le revoir sur mon écran d’ordinateur (le film ne sera disponible que sur Netflix).

« The other side of the wind » d’Orson Welles (Hors compétition)

« The Other side of the Wind » a été pendant longtemps une Arlésienne qui a failli ne jamais voir le jour. Pour cause, son réalisateur Orson Welles n’a pas pu terminer son film avant de mourir. Peter Bogdanovich a pris le relais et grâce aux soutiens de Netflix et du monteur Bob Murawski, il a pu livrer une copie de 2 heures que j’ai eu la chance de voir en première mondiale, cet après-midi. Le résultat ? Une grosse oeuvre chorale méta portée par quinze personnages et tournant autour de la figure d’un cinéaste célèbre qui dévoile lors d’une grande fête son testament artistique. Alors, certes, le film est un sacré bordel (double mise en abyme, partis-pris qui violent certaines règles du montage basique) mais il est plutôt fascinant. Je félicite le magnifique travail de Bob Murawski qui a réussi à tirer une narration à peu près cohérente de plus de 100 heures de rush. Il devrait sortir sur Netflix dans le courant de l’année 2018.

« The mountain » de Rick Alverson (Compétition Officielle)

« The Mounain » est la première mauvaise surprise de mon périple à Venise. Pour résumer l’histoire, un jeune homme venant juste de perdre son père décide de travailler pour un psychiatre spécialisé dans les lobotomies afin de savoir ce qu’il est advenu de sa mère. Si je reconnais que la mise en scène de Rick Alverson offre quelques moments de grâce, j’ai trouvé le scénario plutôt mauvais. Passée la première demi-heure, il faut dire que le film s’embourbe dans une succession de métaphores mystiques et psychiatriques au lieu de mener la quête existentielle de notre jeune héros à son terme. Les acteurs sont souvent en roue libre et accentuent involontairement les clichés que véhiculent leurs personnages. La palme revient à Denis Lavant, totalement ridicule, dans son personnage de père de famille fasciné par les hermaphrodites.

« L’heure de la sortie » de Sébastien Marnier (Hors Compétition)

« L’heure de la sortie » est le deuxième long métrage de Sébastien Marnier, après l’intéressent « irréprochable ». Ici, pas de vengeance menée par une harpie déterminée mais un Laurent Laffite aux prises avec des ados inquiétants. J’ai plutôt apprécié l’ambiance que véhiculait le film. À la lisière du fantastique, un sentiment d’étouffement se dégage de cette oeuvre qui m’a personnellement pris aux tripes. Globalement, j’ai trouvé que le film était bien écrit et interprété mais je dois avouer que j’étais un peu déçu par la résolution du mystère qui entoure la bande d’ados. Pour autant,« L’heure de la sortie » est plutôt bon dans l’ensemble et je vous conseille d’y jeter un coup d’œil quand il sortira en France.