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Mostra de Venise 2018

Le Grill à Venise : jour 4

Pour ce quatrième article consacré à la Mostra de Venise, je vais notamment répondre à la question qui vous brûle les lèvres. Que vaut le remake de « Suspiria » ?

« Suspiria » de Luca  Guadagnino ( Compétition Officielle)

On le redoutait au Grill et je l’ai vu, ce remake du Suspiria. Après une bonne nuit de sommeil à le digérer, je n’ai pas envie de sortir les fourches mais j’ai quand même quelques grosses réserves. Je me dois de reconnaître que l’approche qu’a Luca Guadagnino est plutôt bonne et s’éloigne de l’œuvre d’origine. Son « Suspiria » est un grand drame humain teinté d’horreur qui aborde aussi bien les thèmes de la maternité, du mur de Berlin que les affres de la guerre. Le film est vachement intéressant, certaines scènes de danse n’ont rien à envier à « Climax » de Gaspar Noé et la mise en scène est plutôt hypnotique. Alors, qu’est-ce qui pèche dans le film ? Tout simplement, le fait que Luca Guadagnino cherche à en faire trop et de ce fait, certaines scènes frisent le ridicule à l’instar de l’affrontement final. De plus, la plupart des sous-intrigues sont inabouties . En tout cas, une chose est sur, le film divisera comme « Mother » l’an dernier.

« Frères ennemis » de David Oelhoffen ( Compétition Officielle)

J’attendais « Frères ennemis » principalement pour l’affrontement du duo Mathias Schoenaerts et Reda Kateb. Et je n’ai pas été déçu, les deux acteurs sont excellents et pourraient prétendre tous deux à un prix d’interprétation dimanche prochain. Pour ce qui est du reste du film, David Oelhoffen livre un polar très maîtrisé mais peu original. On a l’impression d’avoir vu cette histoire de flic s’associant à un voyou pris à la gorge afin de faire tomber un réseau de narco trafiquants une bonne dizaine de fois. Pour autant, si vous pouvez passer outre ce défaut, Frères ennemis est un bon film noir qui mérite d’être vu en salles.

« What you gonna do when The world’s on fire » de Roberto Minervini ( Compétition Officielle)

« What you gonna do when The world’s on fire » est le nouveau documentaire de Roberto Minervini. S’il est très peu connu en France, ce cinéaste italo-américain est considéré comme une star en Italie et cherche au travers de ses films à décrire l’Amérique des exclus et des opprimés. C’est encore une fois le cas avec ce nouvel opus. Il va nous faire suivre le quotidien d’une famille afro-américaine durant l’été 2017 dans une petite ville du Mississippi . Au travers de ces instants de vie qu’il capte avec sa caméra, Minervini dresse un constat assez alarmant de la situation de la communauté afro-américaine. C’est à la fois drôle, émouvant, révoltant mais surtout dense. Je suis sorti chamboulé de la séance même si je trouve certaines séquences un poil trop mises en scène. Pour autant, le film est globalement bon. Il n’y a pas encore de date de sortie en France mais la société Shellac a coproduit le film donc je pense qu’il devrait arriver assez vite dans nos contrées.

« Peterloo » de Mike Leigh ( Compétition Officielle)

« Peterloo » est un cas complexe à aborder. Pendant deux heures trente-cinq, le cinéaste anglais Mike Leigh va nous raconter l’histoire du massacre de Peterloo. Pour simplifier, il s’agit d’un meeting révolutionnaire pacifiste qui va tourner au drame après qu’un commandant de l’armée britannique aille demander à ses soldats de charger la foule. Si je reconnais que la mise en scène du réalisateur de « Mr Turner » est sublime (certains de ces plans sont quasiment des toiles de maître), le film pèche cruellement par sa volonté de vouloir faire une reconstitution trop parfaite des faits. Trop illustratif et manquant cruellement d’un vrai point de vue, le film m’a donné l’impression d’assister à un cours d’histoire légèrement romancé. Je trouve cela dommage même s’il pourrait bien se retrouver au palmarès dimanche en raflant un prix de la mise en scène ou d’interprétation pour Rory Kinnear, superbe dans le rôle du politicien Henry Hunt.