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Le Grill a aimé

Avengers : infinity war

Titan fou

Critique élevée à l’air libre, garantie zéro spoil :

Ça y est ! Après 10 ans de teasing, le titan Thanos, un des big boss de l’univers Marvel, sort de l’ombre pour mettre à mal nos super héros dans un film qui semble n’avoir que le ciel pour limite au box-office.

Que penser du nouveau Avenger, label ayant une place à part dans le MCU (Marvel Cinematic Universe, et je devrais plus avoir à le préciser depuis 2010-2011) de par la munificence de son budget pour satisfaire la promesse d’un gargantuesque pugilat numérique regroupant toutes nos figurines articulées nouvelles icônes pop ?

On va pas vous mentir, entre 2012 et 2018, Disney a eu le temps de trouver le filtre jaune sur première pro.

Les frères Russo réussissent à rendre leur blockbuster avec un faible pour l’autoreferencement hautement recommandable dès l’introduction : Thanos n’est clairement pas là pour jouer aux billes. On est loin d’Iron Man 3 et de son mandarin taillé dans du pétard mouillé, les fans peuvent être rassurés, le titan fou sait faire oublier son look de vieux chewing-gums violet. Josh Brolin délivre une performance impeccable pour ce qui restera un des meilleurs méchants de Marvel, d’autant plus marquant qu’il est le seul personnage vraiment développé du film (et le seul de la saga à accessoirement avoir le pouvoir d’envoyer des personnages importants manger des pissenlits par la racine). En effet, avec une grosse quinzaine de super-héros, une vingtaine d’acolyte et quelques nouveaux venus, difficile pour le reste du casting d’en imposer dans les dix minutes de présence à l’écran dont ils disposent chacun, un temps de présence probablement pondéré par le montant de leurs cachets respectifs. Ce n’est pas pour ça qu’on boudera notre plaisir durant le jouissif name dropping geek de la première heure où ça se tatane sévère tandis que les intrigues des films solo se croisent, mais bon, le scénario à l’allure d’une valise trop pleine à deux doigts de craquer sous le poids de tout ce qu’on a voulu y faire rentrer. 2h36 bien serrées où chaque dialogue introduit un personnage ou fait avancer l’action, la continuité de la saga se faisant sensiblement amputer au passage pour rentrer dans le moule et les enjeux de quelques-uns des précédents films ne résistant pas au rouleau compresseur Thanos. Vraiment pas le temps de souffler dans tout ça et on peut affirmer que ce n’est pas le bon film pour un néophyte souhaitant découvrir la franchise qui risque d’avoir l’impression de devoir rattraper une Ferrari à cloche pied. Infinity War est grand non pas par ce qu’il essaye de faire ou apporte au genre mais par ce qu’il réussit à condenser et à faire aboutir, passez le mot !

J’ai une pensée triste et émue pour L. qui a vu un demi Marvel l’été dernier à la télé et qui a essayé de me faire plaisir en m’accompagnant voir celui-là.

Prenant directement place après les dernières itérations du studio (Thor 3 surtout mais aussi Black Panther, Dr Strange, Spider-man homecoming et les Gardiens de la galaxie 2), les nouveaux venus percutent les personnages la décennie passée pour apporter une certaine fraîcheur au déroulé, de celle faisant défaut à l’ère d’Ultron qui se contentait d’être Avengers 1 en moins digeste et qui paraît encore plus fade face à Infinity War. Chaque Avengers bénéficie d’une introduction soignée, réussissant à mêler harmonieusement les ambiances de leurs séries respectives, d’un Captain América dark et barbu semblant sortir d’un film d’espionnage bourrin aux Gardiens de la Galaxie et leurs échanges de vannes dans une ambiance colorée rythmée par une musique des années 80. Le film réussit à faire le grand écart de séquences en séquences en alternant space-opéra, film catastrophe et passages plus intimes. Les seuls maillons faibles de cet enchaînement étant certaines phases de calme donnant le sentiment – pas toujours présent heureusement – d’un extrait des films précédents où nos personnages en sont réduits à des parodies d’eux-mêmes. Heureusement quelqu’un fait un truc over-the-top la seconde d’après et on est reparti pour un tour.

On ne saura trop vous conseiller le magazine S.F.X. qui se paye une super interview de 4 pages des scénaristes Stephen McFeely et Christopher Markus (derrière la trilogie Captain América d’ailleurs).

Difficile d’y croire, mais j’étais avant tout attiré par le scénario en fait. Avengers premier du nom restant pour moi le mètre-étalon du film choral à gros budget, réalisant une histoire parfaitement cohérente et outrageusement jouissive avec dix personnalités distinctes qu’il faut faire non seulement coexister mais surtout fonctionner ensemble tout en donnant une trajectoire à chacun d’eux. Du coup semi-déception ici (donc semi-victoire aussi), les scénaristes préférant raisonnablement séparer le casting en petits groupes se contentant de faire des trucs de leurs côtés avant de se croiser – ou pas. Stan Lee disait, quand on lui demandait qui est le plus fort entre super-truc et l’homme machin, que le gagnant sera celui que l’auteur a choisi : cette évidence transparaît aussi un peu trop ici, certains choix des personnages principaux laissent l’impression d’un produit dérivé mal placé… Au point que je me demande si ce n’est pas voulu (voir l’encart spoil).

L’exemple type de deux personnages qui montrent le fossé qu’il y a entre la version comics et la version ciné. Au moins ils n’ont pas été oubliés.

Au final, et un sacré final qui nous rappelle que le film est bien une histoire prévue pour être racontées en deux parties (rendez-vous en 2019), Infinity War réussit l’exploit de nous chauffer à blanc pour en vouloir toujours plus. On reste aussi sur notre faim en voyant des absences remarquées ou certaines relations entre nos héros rester au point mort tandis que d’autres passent des caps attendus, l’aspect « season finale » des Avengers précédent est toujours là même si l’urgence qu’impose la lutte contre Thanos lui donne un cachet à part. Avec son absence d’introduction, la partie de rollerball intergalactique démarre fort et accélère dans ce non-film, incapable d’exister sans les dix-sept qui le précèdent et qui pourtant semblent les propulser dans la stratosphère avec lui.

Impossible de ne pas le conseiller aux fans de la saga. On pourra parler de la banalité de la plupart des plans (à deux moments de poésie près), du tout numérique des planètes extraterrestres à la direction artistique pas toujours inspirée où de l’absence de musique marquante (encore qu’il y a des efforts), mais ce pivot de la franchise est bien trop appétissant que pour dissuader le fan qui de toute façon l’aura vue deux fois au moment où ces lignes paraîtront. Reste à savoir comment il sera perçu une fois sa seconde moitié sortie mais en l’état Infinity War, sans l’atteindre tout à fait, est ce qui se rapproche le plus de l’œuvre suprême qui trône dans la conscience collective geek de ces soixante dernières années.

Disney regardant le démarrage du film au box-office mondial.

Spoiler (zone interdite) :

La fin a quand même tendance à ne fonctionner qu’à moitié, impossible de croire à la mort de personnages dont les suites de leurs aventures solo sont déjà en préparation. Si on fait le point, il reste Hulk, Thor, Black Widow, Rocket Racoon, Okoye, War Machine, Nebula et surtout Iron Man et Captain America que l’on était à peu près certain de voir disparaitre, ne serait-ce que pour passer le flambeau à une nouvelle génération de héros. Une solution simple serait que ces wariors récupèrent la pierre qui permet de remonter dans le temps et pouf tout le monde et en vie mais il y a une possibilité que je n’exclus pas : Dr Strange donne volontairement la pierre d’agamotto (c’est pas un gros mot) à Thanos pour qu’il épargne Iron Man alors qu’il a assuré qu’il préférait les voir mort que troquer son joujou, bon il permet aussi de maintenir l’univers tel qu’il est, du coup sa froideur peut se comprendre. Du coup il est possible que Dr Strange, qui n’a toujours pas révélé quelle était la possibilité sur un million que nos héros ont de gagner, ait toujours un plan en tête. On peut penser à ce que les héros « survivants » aient été séparés du reste et sont actuellement dans une autre réalité, un des nombreux univers parallèle introduit depuis belle lurette dans les comics mais toujours pas dans les films, ce qui voudrait dire que les disparus (Spider-Man, Black Panther, etc) sont dans un autre univers semblable au nôtre où ils vont tranquillement pouvoir faire la suite de leurs films solo. Ou encore que nos héros encore en vie sont en fait ceux qui sont morts et qui sont maintenant coincé dans une sorte d’univers purgatoire. Bref, 2019 on disait ?

Avengers : infinity war

  • Est
  • N'est pas
  • Un blockbuster ultra attendu qui réussit à ne pas décevoir
  • Uniquement là pour vendre des jouets, et c'est assez cool
  • Une orgie geek
  • Complètement lisse, son dernier tiers réserve quelques surprises
  • Un film où le méchant ne prend pas de gant
  • Pour ceux qui n'aime pas Marvel (sans déconner)
  • C'est drôle non ? Car l'intrigue tourne autour d'un gant...
  • Complet, c'est la première partie d'une histoire qui se finira dans Avengers 4
Les seuls qui n'aimeront pas ont probablement produit Justice Ligue / 20