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Le Grill a aimé

Edge of Tomorrow

I) Bis repetita placent

Les blockbusters de l’été arrivent ! Enfin pour être honnête,  je ne l’attendais pas plus que ça Edge of Tomorrow. Le film à gros budget annuel de Tom Cruise dans la lignée d’Oblivion (bof,2013), Jack Reacher (oui ! 2012), le dernier mission impossible (protocole fantôme et pourquoi pas, 2011), Night and Day (oh que non, 2010)… un ensemble de film d’action/comédie aussi vite vu qu’oublié. Le réalisateur aussi ne provoquait en moi qu’un enthousiasme très modéré, Doug Liman à l’origine de La mémoire dans la peau (2002) et du pétard mouillé Jumper (2008), des séries B auxquelles je trouvais un défaut d’âme…

Bon OK je tiens plus, ce film est une bombe ! La dernière fois que j’ai autant pris mon pied durant un film de science-fiction ça devait être pour District 9.

Edge of tomorrow 7

J’adore le coté prédator des deux flingues

Déjà le point fort : le scénario. Dans un futur proche Tom Cruise joue un haut  gradé de l’armée américaine chargé de la campagne de recrutement visant à lancer un gigantesque assaut en Normandie contre les mimics, extraterrestres biomécaniques vraisemblablement échappés de Matrix 3 qui ont laminé l’Europe et menacent le monde. Le soldat Cruise (William Cage en fait mais on s’en fout un peu) va ironiquement se retrouver en première ligne avec la chair à canon sans avoir jamais combattu. Il se fait inévitablement massacrer dans les cinq minutes pour ensuite se réveiller la veille de l’assaut dans la base anglaise ; répétant sans cesse ces deux jours tout en essayant de comprendre à la fois ce qui lui arrive et comment finir cette guerre. Tout ça va le conduire à se rapprocher d’Émily Blunt (Rita Vrataski dans le film), surnommée Full Metal Bitch, vétérane surpuissante qui comprend que son « pouvoir » est un atout majeur pour mettre fin au conflit.

Cette idée de base dynamite les codes du film d’action. À chaque erreur le héros meurt, exit les bad guys incapables de viser juste ; quand les mimics attaquent elles font mal et les morts s’enchainent non sans originalité. De plus contrairement à des films utilisant la même idée (au hasard Un jour sans fin, 1993 par Harold Ramis), ici l’on voit parfois des scènes sans savoir si Cruise les a déjà vécus ou non, jouant ainsi sur nos acquis et rendant un film basé sur la répétition assez imprévisible.

 

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Ça a plus de gueule que la pub pour pepito à l’arrêt de bus.

Cruise au départ un hypocrite limite déserteur va au fur et à mesure de ses boucles morts-renaissances se transformer en bête de guerre, mémorisant chaque instant du combat pour savoir où l’ennemi attaquera et comment s’en sortir. Mais cette évolution du personnage se passe dans un monde qui autour de lui stagne, il apprend peu à peu à connaitre tous les militaires qui l’entourent sans pour autant pouvoir développer une quelconque relation puisqu’ils ne le rencontrent à chaque fois que le matin même. Ceci donne un côté absurde et désespéré à sa situation, il est seul au milieu de figures qui lui sont familières. Le film à un côté sombre sans en faire des tonnes ce qui lui va bien. De même l’amourette que l’on sentait venir dès l’affiche entre Cruise et Émily Blunt ne peut ainsi pas réellement avoir lieu, c’est pas plus mal.

Émily Blunt justement, jouant une mentor super-guerrière froide mais charismatique, fonctionne très bien avec le Cruise un peu boulet du début. L’absence de remord qu’elle a à l’achever quand il se blesse à l’entrainement pour « reboot » la boucle temporelle donne des scènes vraiment fun. L’humour omniprésent rappelle d’ailleurs les meilleures séries B alliant des idées en béton à des scènes vraiment drôles du style Indépendance Day, notamment  grâce à un Cruise très à l’aise dans ce registre.

Un autre point fort est le design des armes humaines, on est dans un film futuriste mais pas trop et les exosquelettes sont bien plus proches des modèles actuellement développé que les armures futuriste japonisante du light-novel de base (développé dans la 2nde partie de l’article). De même les transports aériens et les armes blindées d’informatique ont un cachet assez réaliste apportant une grande cohérence à l’univers présenté.

 

Edge of tomorrow alpha mimic How do I quick scope ?

Les seuls bémols viennent (pour moi) du coté jeux vidéo parfois trop appuyé. Autant le principe bute des mimics, gagne de l’XP et va te farcir le boss passe, autant les scènes filmées en vue FPS c’est un effet de caméra que je trouve particulièrement vain au cinéma. Heureusement elles ne sont qu’assez peu nombreuses que pour réellement être gênantes.

L’autre gros point noir est la fin. Le film fait référence à énormément de classique du genre (on pense à Il faut sauver le soldat Ryan pour le débarquement en Normandie, Aliens pour le largage des soldats, etc) tout en réussissant à rester original ; exception faite des dernières vingt minutes clichées et convenues faites d’actes de bravoure aussi poussifs qu’ils semblent inutiles. Reste néanmoins à la sortie le sentiment d’avoir passé un très bon moment, c’est un pur produit hollywoodien certes, mais qui traite son sujet avec génie et qui pour moi s’inscrit déjà au milieu des classiques de la science-fiction.

II) All you need is Kill :

 

À l’origine du scénario d’Edge Of Tomorrow, il y a un light novel Japonais appelé All You Need Is Kill. Un light novel c’est un concept nippon quasiment inconnu en France qui a bien pris aux USA. Ca consiste en un roman court, richement illustré, avec une écriture simple destiné à un public adolescent dont les chapitres sont prépubliés dans des magazines spécialisés avant de sortir en volumes reliés. Le registre de la fantasy et de la science-fiction y étant largement représenté. Souvent en France on ne connaît que les adaptations qui en sont ensuite faites en manga ou anime, ainsi Haruhi Suzumiya, Zero no tsukaima, Full Metal Panic!, Spice and Wolf, Durarara!! ou encore l’intrigant et très bon Monogatari sont à la base des lights novels. De même certain manga ou anime sont par la suite adapté sous ce format comme la série de « romans » FMA publiée en France. À noter que les scénarios montrant les héros jouer plusieurs fois les événements qu’ils affrontent en ayant plus ou moins conscience de ce qu’il se passe est un thème assez commun (Haruhi a plusieurs chapitres avec ce point de départ appelés Endless Eight, les visual novel Higurashi ou Fate Stay Night reposent en partie sur ce principe, il me semble même qu’il y a un épisode de Dinotopia comme ça mais ça n’a aucun rapport et ça ne rehausse pas l’intérêt de l’article mais j’aime rappeler que cette bouse existe).

Dans le cas d’All You Need Is Kill, un seul tome est paru (alors que certaines séries comme Guin Saga en compte 126 et sont toujours en cours ; 5 sont sorti en France en 2007, depuis j’attends..). Succès critique qui est plus ou moins redécouvert en 2014. Dès lors que les droits de l’histoire sont acheté par la Warner tout s’emballe. Sortent tour à tour un roman graphique aux USA, un manga en 2 tomes dessiné par Takeshi Obata (l’auteur du carton international Death Note) publié par Shonen Jump (le plus gros magazine de manga, publiant entre autres One Piece), le roman original traduit en anglais et bien sûr le film.

 

All you need is kill graphic novel Le comics US… je suis pas convaincu 

À la lecture du manga, adaptation fidèle très proche visuellement des illustrations originales du light novel faites par Yoshitoshi Abe (ayant déjà fait un travail d’illustrateur sur Welcome to the N.H.K.) il m’est apparu deux choses : le film est une adaptation libre et il est bien plus ambitieux.

Pour comparer All you need is Kill et Edge of Tomorrow on peut déjà commencer par le traitement des deux personnages, Rita (jouée par Émily Blunt) et Keiji Kiriya (Tom Cruise, je vous ai dit qu’on s’en fichait du nom). Les personnages sont plus jeunes, la vingtaine contrairement à Blunt et Cruise qui ont plutôt la trentaine (depuis 20 ans pour ce dernier), cela n’empêche pas Rita malgré son côté loli (japon oblige) d’être assez semblable dans le film et le livre (un peu plus fragile, et encore) ; tandis que Keiji bien au contraire est directement un soldat qui veut en découdre, il évolue ainsi beaucoup moins que le personnage de Cruise.

 

Rita

Un dialogue similaire dans les deux versions, en plus j’adore ce passage pour des raisons encore floues

Au niveau de l’univers : il est beaucoup plus avancé technologiquement et la bataille prend place dans les îles du Pacifique au large du Japon justement pour protéger les usines d’armes, c’est une bataille parmi d’autres contre les mimics et pas le débarquement allié de la dernière chance en Normandie. Probablement parce que le parallèle seconde guerre mondiale contre les nazi se prête plus à des héros américains que les îles du pacifique (avec un côté Lettres d’Iwo Jima en prime). Enfin là où le film à mon respect c’est le design des armures, dans le roman des tenues complètes style Metroid- Appleseed peu originale accompagné d’une hache géante là où le film va plus sobrement se contenter d’exosquelettes avec une machette en acier (une pale d’helicoptère en fait) pour Rita, c’est moins dantesque mais ça fonctionne à mon sens beaucoup mieux à l’écran.

 

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Plus grand je veux être Emily Blunt, tout pareil

De plus All you need is Kill s’arrête beaucoup plus tôt, il décrit simplement la transition du héros jeune homme à un véritable guerrier via sa rencontre avec Rita alors que le film va jusqu’à la fin du conflit. Après, vu le regain d’intérêt pour son œuvre l’auteur a décidé d’y donner une suite. Ce qui ne sera pas du luxe puisque l’histoire originale donne un peu l’impression de s’arrêter en plein milieu.

Concernant les mimics maintenant, ni le film, ni le manga ne donnent réellement d’explication toutefois celle du light novel est assez fascinante ; donc GIGANTESQUES SPOILS : en fait une race extraterrestre ayant surpeuplé leur planète envoient un vaisseau remplie de nanorobots vers la terre dans le but de la terraformer avant leur arrivée, le vaisseau se détruit en entrant dans notre atmosphère et des pièces se détachent pour tomber dans l’océan, les nanorobots font donc évoluer des étoiles de mer pour partir conquérir la terre, au début des sortes de limace elles évoluent peu à peu pour devenir des espèces de crapauds boursouflés d’un mètre cinquante résistants aux balles et pouvant envoyer des pieux à la vitesse d’une mitraillette. Donc en fait ce ne sont pas des extraterrestres qu’ils combattent mais juste des mollusques dopés aux micromachines aliens, toujours capables de remonter dans le temps de quelques heures pour constamment pouvoir s’adapter. FIN DU SPOIL.

 

Langolier 2

Le look des mimics du manga me rappelle fortement les Langoliers du film éponyme, adapté d’une grosse nouvelle de Stephen King autour d’un voyage dans le temps, pas que ce soit très intéressant en soi mais je voulais juste placer les Langoliers dans un de mes articles

All you need is kill est donc en bien des points inférieur à Edge of Tomorrow, notamment parce que le passage de l’un à l’autre s’est fait à travers cinq scénaristes dont le duo Alex Kurtzman-Roberto Orci (derrière les Star Trek de J.J Abrams) et Christopher McQuarrie, capable du meilleur (Usual Suspect, 1995 de Bryan Singer) comme du pire (Jack le chasseur de géants, aussi de Singer… ou Wolverine : Le Combat de l’immortel; films qui m’ont tous deux brisé le cœur et les c**lles), le bonhomme étant aussi habitué à  travailler avec Tom Cruise (Walkyrie en 2008, Mission impossible 4 en 2011 et réalisateur de Jack Reacher en 2012). Pas des Shakespeare en puissance mais des types efficaces dans leur boulot.

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Les armures made in Japan

Toutefois All you need is kill  a pour lui d’avoir construit cette intrigue intéressante autour d’une idée bien exploitée et de son couple de héros dans un univers qui ne demande qu’à se développer. Le manga sort bientôt en France et il ne m’étonnerait pas qu’il se trouve un petit public de fan (MàJ en 2017 : non en fait).

Edge of Tomorrow

  • Est
  • N'est pas
  • doté d'une idée de base aussi géniale que bien exploitée
  • serious business, et tant mieux !
  • le meilleur du cinéma pop-corn
  • ennuyeux ni lassant, malgré l'idée de départ
  • une réussite pour le duo Blunt-Cruise
  • toujours judicieux dans l'esthétique jeux-vidéo
  • avec des ratés sur la din
  • si on chipote, réussi dans le design du chef alien
SF comme on l'aime / 20