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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé

Ghostland

Bon – film d’horreur – français -récent – avec Mylène Famer, ou comment je n’avais jamais imaginé écrire un jour cette phrase

 

Pascal Laugier est souvent résumé à Martyrs, son deuxième film qui a fait du gore-porn 10 ans avant tout le monde avec un message mystico-jusqu’au-boutiste tellement malsain et taré qu’on en viendrait presque à oublier un deuxième tiers mollasson et le fait qu’il a été réalisé/produit en France. Autre fait notable, il s’agit d’un des premiers rôles au cinéma de Xavier Dolan, mais le seuil de l’improbable a toutefois été explosé quand il a annoncé Mylene Farmer au casting de Ghostland.

Disons-le directement, outre la présence de la flamboyante québécoise, Ghostland est plutôt très bon.

Soyez prévenu, le film n’est pas vraiment une comédie solaire sur un week-end détente chez mémé. Avec Revenge le mois dernier, on est gâté.

Deux mecs avec des jumelles infrarouges surveillaient d’éventuels indélicats cameramen amateurs dans le public de l’avant-première, non seulement parce que l’acharnement du fan club de Mylène à capter quelques images est plus flippant que tout ce que pourra tourner Laugier, mais aussi car son scénario Shyalamanesque mérite de garder son mystère intact.

Pour faire simple, une mère et ses deux filles adolescentes partent habiter une vieille maison à la déco pour le moins baroque, entre l’annexe abandonnée du musée de la poupée glauque et du muséum d’histoire naturelle section insectes, puis ça part en cacahuète en suivant la logique toute particulière d’un cauchemar éveillé.

Pascal Laugier à réalisé pour Mylene le très étrange clip de City of Love, visiblement la collaboration a plu à l’un et l’autre. Rien à dire sur le jeu des actrices, rien d’oscarisable mais on reste dans le très crédible.

« J’ai voulu filmer en live ce qu’il se passait dans la tête de Gustave Doré quand il illustrait du Charles Perrault » nous a confié le réalisateur, ambition rare et louable qui explique en partie pourquoi on en sort en ayant l’impression d’avoir fait un saut dans un mixer pendant 1h40.

Le parti pris de ce film, contrairement au reste de ses réalisations jusque-là, est que Laugier adopte un rythme et des effets effrénés pas loin du délire d’un Possession (1981,  Andrzej Zulawski, à mater au moins une fois dans sa vie) ou d’un Evil Dead sans tomber dans l’hystérie d’un Conjuring 2, le tout baigné dans une photographie et une composition surchargée faisant du pied au Giallo de papa Mario Brava. Référencé, parfois un peu trop – cette scène qui fait penser à Shinning sort du récit – on ne reprochera pas au réalisateur d’être jusqu’à l’os un fana du cinéma dans lequel il s’inscrit. Son nouveau style, probablement sous-jacent de ses précédentes productions, est d’autant plus plaisant que l’on voit comment il réussit à reprendre en main son récit à chaque fois qu’il semble bifurquer à 180° dans une nouvelle direction.

Le film m’a rappelé la nouvelle  “Dernier Cri” du recueil “Fantômes – Histoires troubles”  de Joe Hill, le fils de Stephen King, notamment dans son recul sur les clichés du film d’horreur tout en étant lui-même un film d’horreur (volontairement) remplis de clichés.

Fini l’épure d’ailleurs, les plans claustrophobiques de la baraque au parquet qui craque comme une caverne d’ali baba bordélique et défraichie sont souvent remplis à ras bord, donnant au tout un aspect onirique noir. S’il ne vire pas directement dans le fantastique, le film traverse au pas de course une corde raide tendue entre réalisme et fiction, notamment à travers le personnage de Beth, mordue de Lovecraft et fan d’histoires d’épouvante. Le scénario tortueux ne prend son temps que pour mieux repartir comme Alice tombant dans son tunnel.

Alors forcément en osant tout, de l’ogre plangonophile au retour d’une icône des années 30 (non, pas le moustachu), Ghostland risque de laisser sur le carreau une partie de son public, d’autant plus que sans être insoutenable, il a ses flambées gores et qu’il se conclut de façon assez classique après une grosse heure touchant à l’expérimental. Reste qu’en l’état, il s’agit du meilleur film français d’horreur depuis – attendez je cherche –Maniac en 2012… Ah ouais ça date.

 

 

Ghostland

  • Est
  • N'est pas
  • Un bon film d'horreur qui déclare son amour aux films d'horreur
  • Surprenant pour sa dernière partie, contrairement à ce qui précède
  • Plutôt original et intelligent dans son déroulé
  • Dans le même délire que Martyr, il est plus "classique" en quelque sorte
  • Le meilleur film de son réalisateur, pour l'instant
  • Forcement à voir seulement pour Mylène Farmer
  • Plutôt violent, même si son interdit au moins de 16 ans est abusif
  • Vraiment Lovecraftien, on est plus proche de l'esprit d'un Stephen King
Bon du coup j'attends le prochain Rob Zombie avec Celine Dion. / 20