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Documentaires

Hot Girl Wanted

On a besoin de vue, donc on parle de c…

Documentaire américain présenté à Sundance sur l’industrie du porno amateur…

Aie…

Le problème de ce genre d’exercice c’est qu’en général on obtient des films (mal) scénarisés, avec de la musique triste pour nous dire d’être empathique quand il le faut, un thème joyeux pour faire bien au début, un cerveau prié de rester en mode veille et des interviews très télé réalité qui passent la partie « réalité » à la trappe pour surtout se concentrer sur l’objectif « télé ». Ici on est en plein dedans : bien que présentées à un festival de film, ces 84 minutes filmées en numérique se retrouvent justement à la télé (bon sur Netflix, donc du coup ça reste plus classe que du téléfilm tant que ça fait le buzz).

Bref, ça a des relents du pire de MTV et ça envoie de la finesse par motte de 2 kg mais, mais, mais, mais, MAIS ça se révèle plutôt regardable.

Hot girls wanted poster 1

Non parce que si on fait le calcul, les gamines nées en 1997 peuvent aujourd’hui légalement faire la roulette congolaise devant une caméra, tu te sens vieux hein ?

Donc chaque jour des jeunes filles ont 18 ans et biberonnées au bon gros pron qui tache partent sur Miami courir après l’argent facile et la gloire, si ça a marché pour Miley Cirrus et Kim Kardashian pourquoi pas pour moi (à savoir, ces deux-là sont respectivement issues de deux des familles les plus riches et implantées dans les médias de L-A à la base).

Pourquoi Miami ? Parce que la loi Américaine n’impose que deux contraintes à cet exercice de style, la majorité et le port de la capote sauf dans certains états comme la Floride qui permet d’effectuer les très populaires creampie (littéralement « si tu sais pas ce que sait tu es trop jeune pour lire cet article ou alors tu es ma grand-mère donc coucou mémé !»). Je préviens de suite, même si on ne voit rien, le film n’en est pas moins particulièrement cru dans ses propos sur ce commerce impitoyable où la marchandise est renouvelée tous les 3 à 6 mois.

Hot girls wanted netflix

 Hot Girl Wanted/recherche fille chaude, mine de rien ce genre d’annonces marche super bien, la preuve ! C’est comme ça que j’ai choppé Willard.

Et c’est peut-être ça qui sauve ce reportage, sa franchise. On y croit, et difficile de faire autrement, ces jeunes filles sans maquillage qui ont encore des soucis d’acnés,  leur mac, pardon agent artistique (doublé par la voix d’un méchant de Disney qui m’a donné envie de baffer des chatons avec des poings américains au tétanos), sont des vraies personnes. Dans une industrie où tout est bon pour se faire connaitre (« un bon selfie peut instantanément faire de toi une star » est ainsi une des réflexions criantes d’une froide et implacable vérité sortie par une des actrices), c’est avec joie que ces filles se sont laissé suivre pour le reportage. Venue des quatre coins du pays, du bled au fond du Texas à des villes plus grandes, de l’ancienne pom pom girl à celle qui a été déçue par sa première fois (oui, mention spéciale à la blonde avec l’anneau dans le nez qui prend son job avec une froideur quasi schizophrénique), ces jeunes « teen » répondent à l’annonce de trois mots « hot girl wanted », envoient deux photos et sont invitées à loger à plusieurs dans un penthouse ou le gérant leur offre quatre à six scènes par semaine payées 800$ chacune moins ses 10% de commission (non pas la peine de chercher à changer de filière, les inscriptions postbac sont déjà fermées). Elles s’amusent, elles ont la sensation de vive le rêve américain avant de constater que ce songe érotique ne se finit pas avec un changement de draps mais avec des blessures vaginales, un fric aussitôt parti en fumée, la sensation d’avoir été roulée dans la farine et un tas de vidéos gênantes pour reprendre sa vie six mois plus tard quand le système t’aura essoré et rejeté comme une vieille chaussette remplie de nouilles dans la solitude de l’appart d’un trentenaire obèse.

De l’utilisation de Twitter (qui ne censure pas les contenus X) au fait que les parents mettent en moyenne un mois à découvrir les activités de leur princesse (en général un voisin qui les reconnaît en ligne) à l’espèce d’addiction pour l’argent facile qui pousse ces jeunes femmes à faire n’importe quoi, le film est particulièrement lucide sur le sujet. Pas moralisateur, pas de glamour, un peu de tendresse pour ses « erreurs de parcours » et une présentation en filigrane de la fascination de la société américaine et mondiale pour ce milieu, comme la séquence ou une actrice amateur (Belle Knox) passe à la télé pour parler de son activité comme un moyen décomplexé de payer ses études (« Elle doit avoir un super conseiller en communication » diront les filles devant le discours type miss France-sauvez les bébés phoques qu’elles entendent).

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Rapidement, les filles se retrouvent à faire des productions plus « hard » pour rester dans la course… ALLEZ CHANTONS ENSEMBLE : J’AIME LE CACA, J’AIME MA MAMAN, J’AIME LES PORNOS ALLEMANDS ! ♥

En gros ce milieu n’est plus la lie de l’humanité, on est presque comme devant une sélection à la façon d’une émission populaire où les candidats viennent s’humilier en masse devant un jury. Ces jeunes femmes rêvent d’une vie de star mais pour une Sasha Grey on se retrouve avec des milliers de désabusées (ou abusées tout court, c’est selon) qui pour se sentir belle et désirées quelque temps vont sacrifier beaucoup avant de rentrer bien vite dans leurs pénates en essayant de rapidement oublier ça. Le porno est une industrie, peut être encore plus vénal qu’ailleurs et de plus en plus rentré dans les mœurs. Ici ces jeunes femmes pas plus bêtes que la moyenne se créent des rôles de potiches pour satisfaire un public en mal de puissance virile ne sont pas bien différents de ceux qui claquent tout pour percer dans la musique ou le cinéma, le salaire en moins.

Bref, Hot Girl Wanted, malgré sa scénarisation un brin énervante (l’héroïne que l’on voit dans des séquences émotion avec sa famille, qui se fiance avec l’amour de sa vie, qui connaît la gloire, la chute puis la rédemption… le tout en quatre mois) a le mérite de faire relativiser sur un milieu qui n’est pas tout noir ni tout blanc. Si encore une fois sur le même thème je conseillerais avec la force de mille soleils Boogie Night de Paul Thomas Anderson, je dois admettre que ce reportage, malgré une tonne de faux pas, évite pas mal de travers qui lui pendaient au nez et tire sa force de ses protagonistes qui savent parfaitement ce qu’ils font et ce que ça vaut. Il y a un humain derrière chaque compte Twitter d’attention whore et ce film, s’il le fallait, permet de repenser son approche du porno qui apparaît comme une véritable broyeuse de viande fraiche.

Hot Girl Wanted, c’est un reportage à l’américaine qui malgré sa retenue dans les images assure le show niveau propos choc et situation scabreuse, et bien qu’ils arrivent à nous sortir le pouvoir de l’amour comme solution-miracle le film réussit à garder un minimum d’intérêt en tant que documentaire.

Au pire, si vous l’aviez pas compris, il y a des boobs à mater.

Hot Girl Wanted

  • Est
  • N'est pas
  • Un reportage qui est sauvé de la catastrophe par son approche humaine du sujet
  • Moralisateur ou partial, ce qui lui évite d’être complètement grotesque
  • Quand même bien formaté pour un public américain qui veut du sensationnel
  • Sur le porno dans son ensemble mais sur les jeunes femmes qui veulent rentrer dans ce milieu en amatrice, donc exit le manoir playboy
  • Intéressant dans ses intertitres nous font prendre conscience des sommes et du nombre de vues générées par le X
  • Visionable sans une remise en question de sa consommation de porno pour certains spectateurs
  • Pas foncièrement original ou nécessaire mais ça recontextualise l’importance du paraître et des réseaux sociaux, que ce soit dans ce milieu ou tous les autres.
  • Allez avoue, tu t’es senti visé à la dernière phrase, pervers :D
Mais si, je t’assure, c’est pour le scénario que je regarde / 20