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Le Grill a aimé

La folle histoire de Max & Léon

Sortir le saucisson et la villageoise, parfois, ça fait du bien.

J’aime bien le Palmashow, du coup je m’étais blindé à l’amère idée de les voir se planter en passant du format (très) court au long. Entre le film Caméra Café à peu près aussi agréable a l’œil que des lunettes de soleil bricolées avec deux perceuses, le statut d’un-jour-peut-être de Kamelot, Connasse princesse du plantage en règle et les inconnus abandonnant la comédie pure pour le social afin de sortir des films d’une qualité décroissante, la case ciné me semblait être la fausse bonne idée par excellence pour les cadors du sketch. Et ce n’est pas la bande-annonce débordante de punchlines hantée du risque de contenir 90% des gags du film qui était de nature à me rassurer.

En fait fallait y penser mais la solution était assez évidente : il faut bosser le scénario.

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Le film a pris le parti du cachet rétro, et ça rend plutôt bien.

Deux ans et demi d’écriture qui se sentent à chaque plan du métrage tellement le rythme n’en peut plus de se renouveler. Le choix de partir dans la comédie pure ne se résume pas à un simple script poli par les esprits génialement perturbés de nos deux compères mais par une maitrise de toutes les formes d’humour, des vannes, le geste juste, le running gag payant, le comique de situation, le quiproquo, de l’humour noir en hors-piste à la grivoiserie en passant par la fine référence historique, il y en a pour tous dans un enrobage papa Schulz pas gagné d’avance mais conquis avec brio.

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Paraît que le projet initial c’était une photo de Lucas et Spielberg sur le tournage d’Indiana Jones avec un gros cœur dégoulinant en dessous.

…pour être franc, il n’y a rien de plus emmerdant que d’écrire une critique sur une comédie car à part la replacer sur une échelle indiquant si on s’est marré beaucoup, un peu, pas du tout, Dany Boon. Il n’y a en général aucune ambition cinématographique si ce n’est décliner une situation cocasse (un surfeur attardé est viré de chez lui, un mec est muté dans le chnord, des beaufs gagnent au loto) et pire ! Même si on a aimé, chacun est roi de son humour, du coup ce qui mettra mes côtes sur l’orbite de Jupiter risque juste d’agacer mon prochain. Le douloureux trauma d’une soirée DVD où j’assistais dans un état de dégradation mentale allant crescendo à un public restant parfaitement insensible à La cité de la peur m’a servi de leçon. Donc quid du film dépouillé de l’humour ? Déjà l’on voit la prise de risque dans le résumé d’une ligne : deux amis veulent échapper à la guerre de 39-45. Sans rire.

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Je crois que rien ne crie plus fort “J’AIME LA FRANCE” qu’un Dominique Pinon à bretelle en arrière-plan. D’ailleurs les (multiples) caméo de comique ne font pas lourdingue pour une fois, ça s’insère plutôt bien à l’ambiance générale.

Bien sûr on pense – à raison – Grande Vadrouille, mais on est dans un bel hommage plutôt qu’une copie, d’ailleurs là où le film d’Oury est un grand film d’aventure mâtiné du buddy movie avant l’heure, la folle histoire de Max & Léon prend des allures de gentille blague plaisante à suivre avec un suspense légèrement inférieur à celui d’un épisode du dessous des cartes en kabyle servie par une réalisation sans faute de gout mais sans élan. Typiquement le film préfère caser une bonne vanne quitte à envoyer la cohérence de la scène ad patres. Malheureusement ceux qui voient (à raison, mais leurs raisons seulement) la seconde guerre comme une douloureuse déchirure insusceptible de dérision percevront la volontaire légèreté du traitement comme une ignare suffisance, pour eux il y a Tu ne tueras point (Cinematogrill seal of approval). Tout ça pour dire que les personnages campés par nos antihéros sont dans une optique 100% franchouillarde macho avec un poil de racisme ordinaire à la OSS 117 version Dujardin risquent de ne pas trouver un écho favorable dans l’ensemble du public. Cependant une fois ces portes ouvertes défoncées à coup de pied, la conclusion de la critique du Monde « Le choix qu’ils ont fait de tourner une espèce de remake du film de Gérard Oury, avec nazis ridicules et braves Français qui résistent, défie en revanche la logique de la progression artistique » me fait quand même me demander s’ils s’attendaient réellement une rupture de paradigme dans la représentation des heures sombres de l’histoire par les créateurs de Gaspard et Balthazar… C’est débile sans être complètement con, voilà tout.

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Une erreur que ne commet pas Max&Léon est qu’il n’est pas redondant par rapport aux sketches du Palmashow, aucun gag n’est repris ni même aucun personnage. Enfin il paraît que Gaspard et Balthazar sont quelque part dans le film mais mon troisième dan en “où est Charlie” ne m’a pas suffi à les repérer.

Le seul défaut du film est sa plus belle qualité : sa franchise. Gregoire et Ludwig veulent tout simplement nous faire rire. Parfois acides, parfois burlesques, parfois ratées, souvent réussies, les scènes s’enchainent sans temps mort dans un enrobage à l’ancienne avec lesquels ses auteurs ont grandi parfois hommage, parfois parodie.

Oui la folle aventure de Max & Leon avec son titre qui sonne comme une vieille BD et son affiche à la Drew Struzan (Star Wars, Hook, Indiana Jones, etc) est une déclaration d’amour à un style désuet pour un résultat jouissif de bout en bout qui se paie de sacré moment de gloire. Pas un grand film français mais une franche réussite.

La folle histoire de Max & Léon

  • Est
  • N'est pas
  • Une des meilleures comédies de 2016 (vas-y, cite m'en une autre ! La fille inconnue ça compte pas)
  • Tout à fait au point sur l’évolution du duo, on a deux personnages peu différenciés : le séducteur gaffeur et le gaffeur au grand cœur
  • Complètement dans l’esprit des sketchs, sans pour autant en reprendre un seul élément ou personnage
  • Novateur, c’est revendiqué, assumé et ça passe comme un rouge qui tache le soir du nouvel an mais effectivement, ce n’est pas novateur
  • Sans temps morts, et ça c’est (très) bien
  • Que pour les amoureux du Palmashow, même s’il vaut mieux voir une de leurs vidéos avant pour tâter le terrain
  • Léger, c’est à la fois une force et une faiblesse quand on parle résistance et camps de prisonniers
  • Un film de guerre, le message pacifique, écorné à la fin, fait plutôt du bien
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