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Mostra de Venise 2018

Le Grill à Venise : Jour 5

Cinquième jour à Venise, la fatigue commence à se faire sentir mais le programme est tellement alléchant qu’il est difficile de résister. J’ai vu 6 films mais au vu l’horaire assez tardif des deux dernières projections, je les aborderai dans l’article consacré au jour 6.

La Quetud de Paolo Trapero ( Hors compétition)

J’attendais « La Quetud » pour voir deux actrices que j’aime bien, Marina Gusman et Bérénice Bejo, se donner la réplique. Le plaisir fut de courte durée car j’ai trouvé le film plutôt mauvais. Le réalisateur argentin essaye d’instaurer un climat malsain dans la relation extrêmement ambiguë entre ces deux sœurs. Sauf qu’au final, j’ai vraiment eu l’impression de me retrouver face à  un épisode de « plus belle la vie » bien énervé du cul. En cause, il y a de grosses facilités scénaristiques et j’ai trouvé que la relation entre les deux héroïnes était sacrement bâclée et incroyablement malaisante. J’ai vraiment eu l’impression que certaines scènes étaient plutôt gratuites et n’apportaient rien au propos. La prestation du duo Marina Gusman/Bérénice Bejo n’arrive pas à sauver l’ensemble.

The Sisters Brothers de Jacques Audiard ( Compétition Officielle)

Le pitch du nouveau Jacques Audiard est en apparence assez classique pour un western : deux frères, chasseurs de primes bas du front, sont mandatés par le commodore de Louisiane afin de traquer une personne jugée hors la loi. Sauf qu’en adaptant le roman de Patrick Witt, le réalisateur français déconstruit les codes du western afin de livrer une fascinante fable existentielle et critique sur l’époque du Far West. Je n’en dirai pas plus afin de ne pas trop dévoiler le film mais le terme crépusculaire n’a jamais été aussi justifié qu’ici. Vous l’aurez compris le film est pour l’instant l’un de mes coups de cœur du festival et je le trouve quasiment parfait. Je regrette juste que le personnage de Morris ne soit pas plus développé mais mis à part ça j’ai vraiment été séduit par le film et je lui souhaite d’obtenir un prix dimanche.

Tel Aviv on fire de Sameh Zoabi ( Orizzonti)

Tel Aviv on fire est ma première grosse surprise du festival. 95 minutes de franche rigolade où un jeune scénariste stagiaire d’une sorte de télénovela israélienne va utiliser les idées d’un colonel pour accéder à la gloire. Ce film m’a fait énormément de bien car au travers de son pitch il arrive à traiter avec intelligence et humour les tensions entre israéliens et palestiniens. Mais à part quelques situations un peu prévisibles, je dois dire que l’ensemble est sacrément bon. Mention spéciale au duo Kais Nashif et Yaniv Biton et à la photographie de Laurent Brunet qui respecte magnifiquement les codes visuels de la télénovela.

Charlie Says  de Mary Harron (Orizzonti)

Sensation mitigée pour le dernier film de la réalisatrice d’American psycho, Charlie Says tente de décrypter, au travers du portrait de Leslie Van Houten, l’attraction qu’a exercée Charles Manson sur les membres de son gang. Le film n’est pas mauvais mais je trouve que Mary Harron ne traite son sujet qu’en surface. J’aurais aimé qu’elle ne s’éparpille pas à vouloir dresser un portrait complexe de Manson et qu’elle reste un peu plus focalisée sur son angle d’attaque. Dommage surtout que Matt Smith incarne un Charles Manson incroyablement charismatique.