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Le Grill a aimé

Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2

La classe intergalactique

Plus qu’un film de super héros, les gardiens de la galaxie est la rédemption de Marvel-Disney. On est prêt à pardonner un Avengers 2 en carton ou un Docteur Strange sans âme dès lors que l’on voit apparaître baby Groot sur la crème musicale des 80’s avec un combat épique en arrière-plan dans un plan-séquence 99% numérique prenant par sa fausse simplicité le contrepied total de la course au too much dans l’action décérébrée des blockbusters. James Gunn ose tout, a un contrôle total de la bête qui n’est pas faite que, pour et par l’argent. Chacun des 170 millions de dollars engouffrés par le blockbuster triple A servant à réaliser une vision qui ne dépend plus d’un placement de caméra précis ou d’une gestion des décors – numérique oblige – mais de donner vie aux fabuleuses images qu’il a en tête. Ce volume 2, plus encore que le premier, ose le délire esthétique absolu du Space opéra flashy à la Flash Gordon avec ses moments iconiques le temps d’un ralenti ou au contraire d’une immense scène d’action rapide. Et on parlera du retour de la musique diégétique via l’écoute en film des cassettes de Peter Quill (Chris Pratt, qu’on le veuille ou non l’Harrison Ford de notre génération) pour livrer l’Awesome Mix Volume 2, ou comment iconiser jusqu’à la BO.

Quelques scènes font écho au premier, dont une d’évasion, mais les scènes d’action se font un poil plus rare tout en gagnant en originalité.

Le film est beau et ne ressemble à rien d’autre, outrepassant son aîné déjà pas en reste de ce point de vue, pour créer une planète dessinée par Max Ernst avec un jardin de statue de porcelaine façon Jeff Koons, une flèche télépathique laissant des trainées rouges comme les motos d’Akira, une déformation cartoon lors d’un transport spatial, un clair de lune où des corps s’envolent ou encore un supplice de la planche revisité dans une séquence glaçante. On n’en parlera pas assez mais les gardiens ose ce que peu de films ayant des objectifs de rentabilités fixés sur « beaucoup trop » osent ; c’est clair que ça ne suffira pas à garder l’œil brillant d’une salle entière pendant 2h16 mais je ne remercierais jamais assez James Gunn de me donner des munitions pour le débat toujours remâché qui oppose le vaillant petit film indépendant avec des plans de cinq minutes sur des cyprès ayant couté le prix d’une mobylette d’occasion face au méchant blockbuster qui a vendu son âme pour se reposer sur du fond vert.

Je s’appelle toujours Groot, tout choupinou dès lors qu’on arrive à oublier qu’il est joué par Vin Diesel.

Reste la comparaison au premier… Si, saucé comme jamais, j’avais trouvé comme défaut en 2014 que le méchant plus méchant que méchant était cliché et que la course au bon vieux MacGuffin était efficace à défaut d’être recherchée, je reprocherai au Vol.2 exactement l’inverse. Cela ne tient pas aux gags, nombreux, servi par un casting attachant au possible et efficace même quand ils sont téléphonés. En fait, il opte pour une approche quasiment déconstruite de son scénario où chaque personnage, y compris les nouveaux, a son moment de gloire (sauf Drax, bizarrement) pour quasiment concentrer ses enjeux dans les quarante dernières minutes sur cent trente-six pour aboutir à une résolution qui risque de laisser un goût de « tout ça pour ça » ! En fait si le premier épisode était une semi-sortie de route pour Marvel qui capitalisait sans trop y croire sur une équipe d’héros méconnus laissant une relative liberté à son créateur, sa suite s’inscrit dans une trilogie et devient de facto l’épisode où l’évolution de ses personnages annonce une conclusion dans une troisième partie, donc frustre un chouïa. En fouillant ses héros chacun de son côté à travers des introspections bien sérieuses ou parfois involontairement simpliste (Nebula, pour ne citer que toi), il se teinte donc d’une apparence plus crépusculaire, perdant le côté feel good movie solaire pour gagner une maturité, presque une grandeur, qui tout en restant blindé d’humour en fait un film plus travaillé mais forcément moins purement jouissif.

Kurt Russel se paie une belle seconde carrière en fécondateur cosmique.  

La suite des gardiens de la galaxie ne déçoit pas, étonne même par sa réalisation et ses idées de mise en scène tout en se refusant à totalement donner aux fans une aventure totalement décomplexée pour leur offrir quelque chose d’autre, avec plus d’ampleur et, osons, de maturité. Destiné peut-être à se (re)dévoiler dans l’ensemble de la future trilogie. On ne peut surprendre un public que si on ne lui donne pas ce qu’il attend, une idée à double tranchant faisant selon moi toute la force et les faiblesses de cette suite à part en tant que Marvel, en deçà du un en tant que pur divertissement mais grandiose en tant que film.

Mantis, la nouvelle venue, n’a plus rien è voir si ce n’est son homologue papier, marquant la différence revendiquée du film avec l’univers Marvel.

On revient sur les scènes post générique : SPOILER

Avec ses cinq séquences post générique, on est à un niveau de fin qui s’éternise à la limite du Retour du roi, ce qu’il y a d’important à retenir c’est que le groupe formé par Stallone n’est pas l’annonce d’un spin-off spatial à Expendables (mais quelle tristesse) mais les anciens gardiens de la galaxie du comics originel de 1969 ! En effet plusieurs équipes se sont succédé avant celle choisie par le Marvel Cinématique Univers. Dur de savoir si on les reverra, aucune info n’étant allée dans ce sens ou non. Plus signifiant est l’Adam cité par la prêtresse échappée de Goldfinger, il s’agit d’Adam Warlock, un sacré bourrin possédant dans le comics la gemme d’âme, la dernière des infinity stone est donc introduite pour préparer l’arrivée du titan Thanos (teasé par Thor en 2011). Pour celui là on peut être certain qu’il sera au centre de la suite des aventures des gardiens. Son cocon (oui, parce que Adam sort d’un cocon, un problème avec ça peut être ?) étant déjà présent chez le collectionneur du Vol.1, tout comme Howard the Duck que l’on retrouve ici dans le lupanar de la planète glacée, mais ça j’en ai déjà parlé.

Comme dirait mon pépé “t’as le look coco”.

Reste le caméo de Stan Lee, en deux parties, qui reprend pour l’occasion son rôle de livreur Fedex de son caméo dans Civil War et plus intéressant, il est en conversation avec un trio de macrocéphale appelé Gardiens dans le comics, observateurs quasi omniscients de l’univers Marvel. James Gunn fait là un beau cadeau à une théorie de fan sur internet voulant que les caméos de Stan Lee dans tous les films jusqu’à présent n’en soient pas vraiment. En effet si Stan “The Man” était un gardien, observateur de l’apparition des héros, il serait parfaitement intégré à l’univers cinématographique en tant que personnage à part entière. Toutefois son abandon sur le caillou désert par le trio soûlé de ses histoires, retournant probablement dans les droits de la 20th century fox qui les a prêté le temps de cette séquence, penche en défaveur de la théorie partie rejoindre Expendables dans l’espace (pas pleurer, je sais que c’est dur).

Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2

  • Est
  • N'est pas
  • Un space opéra ambitieux au casting parfait et à la bande-son déjà culte
  • Aussi fun et détendu que le premier
  • Le moins "Marvel" du MCU
  • Doté d'un scénario linéaire, une force mais aussi une limite
  • Un exploit en ce qu'il adapte l'esthétique de Flash Gordon en bien
  • Un blockbuster sans âme, il ose pas mal de choses
  • Une vraie suite qui capitalise peu sur des redites du premier
  • Parfaitement visionnable seul, il s'inscrit dans une continuité
C'est pas parfait mais qu'est-ce que c'est bon / 20