Loading...
Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé

Maps to the Stars 

Bison fumé

Une place de cinéma c’est cher, ce n’est plus un palliatif à l’ennui que d’aller voir un film mais un  choix délibéré renforcé par les critiques, avis, et analyses qui pullulent tous médias confondus (c’est nous !). Alors aujourd’hui sortir de la salle en pleine séance devient un acte d’autant plus marquant et les deux derniers films durant lesquels j’ai assisté à ce retrait sont Cosmopolis et Maps to the stars, l’avant-dernier et le dernier Cronenberg.

Cinématogrill maps to the stars film Fly me to the moon ♪

Pourtant, les deux films sont assez différents, symétriquement opposé même, comme si le réalisateur avait voulu parallèlement comparer une certaine mentalité entre New York (Cosmopolis) et L.A. (Maps to the stars). Dans le premier on suit un jeune trader millionnaire (incarné par Robert Pattinson) traverser New York dans sa limousine/corbillard tout en enchaînant des rencontres étranges, métaphore de la lutte entre chaos et ordre. Cosmopolis est à l’image du trajet du personnage : extrêmement linéaire (sans être pour autant prévisible) alors que Maps to the Stars par son déroulé seul peut facilement être présenté comme une antithèse, son scénario choral part dans toutes les directions que sa galerie de personnages empruntent au gré de leurs interactions entre eux, nous faisant peu à peu deviner les liens qui les relient. Liens du sang, du mariage, leurs relations ou leurs aspirations dessinant ainsi des traits entre ses stars éparses en laissant au spectateur décider en sortant la forme que peut prendre cette constellation, donnant ce faisant tous son sens au titre. Un clin d’œil à Cosmopolis est d’ailleurs introduit en tout début de film lorsque Robert Pattinson (qui va finir par me faire croire qu’il est un acteur correct s’il continue comme ça [MàJ, il a confirmé l’essai]) ici un chauffeur espérant percer à Hollywood répond quand on lui demande où est la limousine qu’il n’y en avait plus en stock.

092130 jpg r 640 600 b 1 d6d6d6 f jpg q x xxyxx

Après Alice et Stoker, c’est la troisième fois que Mia Wasikowska est opposée à une femme plus âgée façon méchante belle mère

On l’a crié haut et fort : le film est un portrait au vitriol d’Hollywood, entre un thérapeute hypocrite auteur de bestsellers sur sa méthode new-age de consultation mêlant massage, hypnose et psychiatrie Jungienne (un rappel de Dangerous Method ?), un enfant star refrénant mal ses pulsions en cure de desintox couvé par une maman poule névrosée, une actrice en bout de course qui pense faire son come-back en incarnant dans un remake le dernier rôle que sa défunte mère avait joué, et enfin une jeune fille étrange gravement brûlée psalmodiant à intervalle régulier le poème Liberté de Paul Eluard arrivant en ville pour devenir le grain de sable qui détraque cet engrenage déjà bien rouillé.

Le film rappelle Lynch mais surtout les romans de l’écrivain dément Bret Easton Ellis (American Psycho) principalement « moins que zéro » et « suite[s] impériales » dont il reprend beaucoup d’idées dans le portrait des névroses d’un Los Angeles déliquescent en suivant des acteurs de l’industrie hollywoodienne aux mœurs basses. Allant d’antidépresseurs en drogues dures pour survivre à l’hypocrisie ambiante à la limite du sadisme tout en les confortant dans leurs égocentrisme . Les préadolescents doivent se comporter comme ayant la vingtaine, les plus âgés font de même amenant à des répliques comme « elle a 23 ans elle est carrément ménopausée ». La seule exception étant Carrie Fisher dans un rôle anecdotique dont j’ai autant apprécié la présence à l’écran que je crains le prochain Star Wars.
Le personnage d’Havana est le plus marquant, gamine gâtée de cinquante ans, tour à tour touchante ou détestable, campée par une Julianne Moore qui a tout donné pour mériter sa palme à Cannes (la bonne surprise du palmarès 2014).

139519 jpg r 640 600 b 1 d6d6d6 f jpg q x xxyxx

 Tout bien que tu détiens est un souci qui te retient, et Skippy est là  pour nous enlever tout nos soucis

Au-delà d’une vision sans concessions de ses pairs, Cronenberg pose surtout comme à  son habitude une ambiance malsaine. On redoute l’explosion de violence qui va inéluctablement finir par arriver et l’on devine que les personnages ne s’en sortiront pas tous indemnes. Il y a toujours son obsession signature pour la chair, les corps flasques sont constamment massé, pétris, baisés et les brûlures d’Agatha rappellent les premiers amours du réalisateur pour le Body Horror qu’il explore dans toute sa première période créative. Toutefois Maps to the Star n’est pas à classer comme un film d’horreur, à la rigueur dans le registre du fantastique social. Il est aux histoires de fantômes ce que Stoker est aux films de vampires (avec lequel il partage l’actrice Mia Wasikowska) ; ces apparitions mises en scène sobrement sont accompagnées des seules musiques présentes dans le film tout en supprimant tout autre son, une ambiance de rêves éveillés nous faisant douter de leur survenance. Impression renforcée par des morts accidentelles douteuses (ou inversement) et les mensonges que les personnages racontent sans cesse au point de s’en convaincre eux-mêmes.

C’est une poésie morbide qui prend son temps pour se laisser découvrir que nous livre un Cronenberg moins enragé qu’à ses débuts mais tout aussi dérangeant. Le scénario que le réalisateur possédait depuis huit ans laisse la place à de nombreuses interprétations. Est-ce un cauchemar ? Une réflexion symbolique sur l’inceste ? Les personnages sont-ils voués à répéter leur passé coincé dans cet Hollywood, enfer sur terre, palmiers et boutiques de luxe en plus, qu’ils parcourent comme des damnés ?

Mais comme le dit Agatha en parlant de son scénario qu’elle aimerait être celui du film : « je n’ai pas envie de mettre trop de références mythologiques, je veux que ça reste un film simple ».

Maps to the Stars 

  • Est
  • N'est pas
  • Une vision cynique et désespérée d'Hollywood
  • Un film d'horreur "pur", on est plus dans le drame
  • Doté d'un scénario tortueux qui pose beaucoup de questions mais apporte peu de réponses
  • Réussi pour son seul passage avec des effets spéciaux
  • Pourvu d'un casting impressionnant
  • En dehors des thèmes de Cronenberg
  • Baigné dans une ambiance malsaine qui scotche au siège
  • Excessivement novateur
Fable réaliste et glauque / 20