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Le Grill a aimé avec réserves

Mister Babadook

C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe

Une veuve qui ne s’est pas vraiment remise de la mort de son mari et son fils font face à des phénomènes étranges après avoir lu un livre illustré : Mister Babadook.

Le scénario est pour le moins… classique. Le film entasse pêle-mêle des instants volés aux Freddy, Boogeyman, Evil Dead, Villages des Damnées, Rosemary’s Baby, l’Exorciste, Shaun of the dead et la liste est encore longue. Domine toutefois l’influence de Shining puisque à l’essentiel du film repose sur la mère, Amelia, qui déteste sans se l’avouer son fils turbulent et qui va peu à peu douter de sa santé mentale quand le monstre d’un livre pour enfants semble la persécuter. On ne sait alors plus si le croque mitaine Babadook existe ou si elle affronte de manière un peu trop métaphorique ses démons intérieurs (rêver de perdre ses dents = schizophrénie).

 

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 Mon premier Necronomicon, le livre animé

À noter que l’actrice a déjà fait ses gammes dans l’horreur en 2006 avec le film Isolation, version l’amour est dans le pré d’Alien 1. Et si dans les deux films elle livre une prestation convenable, je préfère de loin une Ellen Ripley ou un Jack Torrance, elle est mieux dans la série Miss Fisher où elle tient le rôle-titre, sorte d’Hercule Poirot version féminine et Jazzy.

Dès l’affiche Mr Babadook joue la carte des peurs enfantines à travers le monstre du placard. C’est éculé au possible (un film Troma s’appelle carrément avec la finesse propre au style « Le Monstre du placard », une curiosité nanarde de 1986 avec John Carradine et Paul Walker) mais le trouillomètre monte à chaque fois pour peu que cela soit bien fait. C’est le cas ici, à travers une mise en scène sobre et minimaliste, la réalisatrice Jennifer Kent nous présente le dérangeant quotidien de cette famille brisée.

Mr Babadook a plu, prix du Jury – du public – de la critique au festival de Gérardmer et score de 100% sur Rotten Tomatoes. Probablement parce que le film se veut à l’ancienne, un minimum d’effets spéciaux, un juste dosage des jumpscare (pour plus d’info voire ici) pas de surenchère dans le scabreux. Bref une bulle de calme et de maitrise de caméra (rappelant sur certains effets Alan Parker ; Alan si tu me lis, je tiens à te dire que je t’aime) qui fait du bien dans le panorama actuel.

Babadook

Le film répond à la grande question : quel est le chainon manquant entre Shining et Maman, j’ai raté l’avion

Après si le film est sans problème LE film d’horreur de l’année jusqu’ici (personnellement, j’attends Green Inferno comme la seconde venue du Christ) je regrette que la réalisatrice ait si peu d’idée propre. Les scènes d’épouvante étant quasiment toujours issues d’autres films, un cinéphile aura du mal à trouver son compte de pellicule fraiche alors que le néophyte pourra toujours sursauter à cette histoire de fantôme au fond très gentillette qui aime les classiques du genre (la scène avec Méliès, décidément de plus en plus à la mode à Hollywood).

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Plus que Freddy Krueger, le Babadook me rapelle la figure enfantine du Golliwog, concurent sérieux de l’ours en peluche à l’époque de Tintin au Congo jusqu’a ce que le racisme ordinaire ne soit plus admis…

Reste que je ne peux pas détester un film dont le scénario reste jusqu’au bout dans le registre du fantastique, c’est-à-dire l’intrusion du surnaturel dans la réalité nous mettant dans l’interrogation permanente à savoir si ce que l’on voit est réel ou halluciné (ex : Lost Highway, L’associé du diable, L’échelle de Jacob). À l’inverse du merveilleux où il est accepté que l’irréel fait partie du quotidien, le monstre existe vraiment (ex : Edward aux mains d’argent, Morse).

Si la distinction reste établie en littérature, dans le cinéma c’est plus délicat étant donné qu’un film « merveilleux » est souvent considéré comme « fantastique », ne serait-ce que pour ne pas mettre Hellraiser dans le même genre que Clochette et le secret des fées.

A regarder, le court métrage Monster ayant permis la réussite de la campagne kickstarter de Mr Babadook (SPOIL tout le film au passage).

Mister Babadook

  • Est
  • N'est pas
  • Très influencé par des classiques du genre
  • Le premier film à jouer sur les peurs enfantines
  • Le film d'horreur le plus sobre depuis l'Orphelinat (2008, excellent film)
  • Inoubliable malgré toutes les critiques positives
  • Probablement l'idée la plus proche que je me fais d'un Tim Burton sans humour
  • Inintéressant quant à sa métaphore du deuil difficile
  • Une histoire de fantôme assez sage au final
  • Le cousin de Kirikou (souvenez-vous de moi comme un égout de la société)
Fantastique veille école mais efficace / 20