100% beauf, origine USA
Sausage Party est un des jolis succès surprise de l’été au pays du Coca et de la glace au bacon : 100 millions de dollars pour un budget cinq fois moindre et une carrière à l’international bien partie pour en ramener 50 de plus avant une seconde vie pérenne en DVD, ou sur Pirate Bay si on est réaliste. Une sacré performance pour un film R-Rated (interdit au moins de 17 ans) au pays de la liberté et des armes à feu dans les écoles primaire qui n’est pas sans rappeler, dans une moindre mesure, le raz-de-marée Deadpool avec son humour volontairement débile revendiqué.
Je me demande sérieusement ce qu’il arriverait si le journaliste qui a décrit Sausage Party comme “incroyablement intelligent et subversif” regardait un film des Monty Python, ma théorie c’est l’anévrisme direct.
Qu’en est-il de la nouvelle blague de Seth Rogen et de toute sa bande au casting (vocal évidemment) ? Encore une fois le bonhomme trouve un concept qui commence comme une bonne blague, après l’interview qui tue où deux idiots partent en Corée filmer Kim Jong-un, on infiltre le petit monde de la bouffe qui prend vie dans un supermarché. Transposez le principe de Toy-Story à l’histoire d’une saucisse qui veut rentrer dans un pain à hot dog anthropomorphique et voilà.
Je suspecte grandement Seth Rogen d’avoir vu l’anime Panzer Princess Punié.
On ne peut pas dire que cette idée soit stupide, elle ne se fait pas l’écho d’une vision élevée de la conscience humaine mais elle a l’immense qualité d’être aisément compréhensible tout en restant intrigante pour un large public. Une tuerie marketing, les initiés appellent ça du high concept, du coup non Sausage Party n’est pas mauvais pour son idée de départ, il est mauvais car il est répétitif.
Si le design des saucisses avec des gants blancs à la Disney va pas chercher bien loin, le look des pains à hot dog est particulièrement travaillé.
Le principal problème que j’ai avec ce film malgré son animation propre sans plus mais extrêmement dynamique gérée par Conrad Vernon (le mec commence par Shrek et veut s’occuper du remake du Troma Toxic Avengers, le Grill lui envoie toute son énergie positive), est que son idée, sa seule idée (à part des gags sur des clichés racistes ou anticapitaliste vu et revu et un étrange plaidoyer pacifiste pour le conflit israélo-palestinien) tient cinq minutes, dix au maximum. Un effet d’entrainement par un public particulièrement réceptif – ou drogué – pourrait éventuellement faire passer une bonne séance et j’ai bien conscience que je parle d’un truc qui s’appelle Saucisse Party onc ça sert à rien de dire que c’est con car c’est quasiment un argument vente mais passé la surprise initiale, renforcée si on n’a pas vu la pub qui condense tout le film, on passe son temps à attendre que ça passe. Imaginez deux potes bourrés qui jouent à rentrer une merguez dans un bagel lors d’un barbecue aviné et demandez-vous si vous tiendriez une heure et demi.
Ça existe, c’est étonnamment très dynamique dans sa réalisation, mais ça te fait aussi relativiser le niveau des babillages porno de ton petit neveu de huit ans.
La plupart des personnages étant définis par des clichés déjà ruminés (le bagel est un Juif aigri, le tacos une latine flamboyante, etc), j’ai pensé à la série animée pour adulte Drawn Together, sympa un épisode, insupportable sur la durée, seul le chewing-gum relève (un peu) le niveau…