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Le Grill a aimé avec réserves

Steve Jobs

Le chef d’orchestre d’Apple

Il est impossible de ne pas penser à « The Social Network » devant « Steve Jobs » pour deux raisons. La première étant que l’on retrouve le même homme à l’écriture des deux projets, Aaron Sorkin. La seconde étant que le film de Danny Boyle repose sur la même idée que celle du film de David Fincher : dresser un portrait juste et sans concession d’une personnalité aussi iconique que controversée qui a révolutionné notre vie de tous les jours.

 

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Pour autant, résumer Steve Jobs à un « The Social Network 2 » serait une erreur. On est loin de la structure linéaire et chronologique du film de Fincher, ici, la vie du maniat d’Apple nous est montrée au travers des minutes qui précèdent trois moments clés de sa vie médiatique : la présentation pour le lancement du Mac en 1984, du Next-station en 1988 et de l’IMac en 1998. Trois (quasi) huis clos de 40 minutes où chacune des interactions de Jobs avec quatre de ses collègues, deux personnes de sa famille et un journaliste, donne lieu à un flot de dialogues magnifiquement écrits, ciselés mais quasi ininterrompus. Ce qui donnera de l’urticaire aux spectateurs n’aimant pas trop les longues scènes riches en joute verbale mais ravira les afficionados.

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Une deuxième erreur serait, justement, de considérer le film comme du théâtre filmé. Même, si Boyle a avoué dans des interviews que le script de Sorkin était écrit comme une pièce : cent quatre-vingt pages de dialogues avec comme seule indication de mise en scène le fait de savoir si cela se passe en intérieur ou en extérieur; le réalisateur de Trainspotting arrive, grâce à certains plans ( le traveling des coulisses à la salle qui se remplit), le montage (la superposition de flashback sur certains échanges), sa direction et surtout le déplacement de ses acteurs, à lui donner une dimension cinématographique.

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Autre exemple, afin de montrer l’aspect « leadership » du personnage, Boyle le filme en essayant de le mettre tout le temps de face et en avant du plan tout en prenant soin que les personnages secondaires soient bien derrière lui, sauf dans le cas où un de ces derniers essayerait de s’opposer ou de se confronter à lui. Et, c’est même, des fois, plus frappant lorsque le personnage se met en mouvement et que l’on effectue un traveling arrière pour le suivre. Bon, c’est une technique assez simple, mais cinématographique.

Je ne vais pas vous mentir, ce n’est pas la meilleure réalisation du cinéaste anglais mais elle reste quand même très efficace, sert à merveille le scénario et amène le rythme nécessaire pour ne pas s’ennuyer. Après, c’est l’étude de caractère qui est vraiment intéressante. En premier lieu, les personnes de l’ombre, celles qui vont épauler Jobs. Je pense notamment à Joanna Hoffman, l’assistante personnelle, fidèle et indispensable, impeccablement interprétée par Kate Winslet; John Sculley, le père spirituel, incarné par Jeff Daniels qui est en train de s’imposer comme l’un des meilleurs seconds couteaux du cinéma américain actuel et Steve Wozniak, le co-fondateur et meilleur ami, personnage que compose Seth Rogen qui démontre sa capacité à interpréter des rôles plus sérieux et dramatiques.

 

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Kate Winslet mérite-t-elle l’oscar? Personnellement, j’ai préféré la performance d’ Alicia Vikander mais elle ne démérite (absolument) pas sa nomination.

En second lieu, l’icône Jobs, nous est présenté, tour à tour, comme un génie révolutionnaire, mégalomane, calculateur, egocentrique, père absent, ou encore tyrannique. Michael Fassbender l’incarne avec brio (même si son meilleur rôle, cette année, restera pour moi celui de Macbeth) et le traitement que fait le créateur de «The Newsroom» de cette icone humaine en est fascinant. Pour autant, derrière le fait que le duo Sorkin/Boyle a (globalement) réussi son pari et que je vous conseille d’aller voir ce trés bon biopic, je regrette que les cinq dernières minutes demeurent quand même assez ratées à mon goût.

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Il y a une chose que je n’aime pas dans les études de caractère, c’est que l’on influence mon jugement sur le protagoniste visé, surtout quand il s’agit d’une personne antipathique et que l’on essaie de me faire croire, de manière forcée, à sa rédemption. C’est ce que j’ai ressenti avec Steve Jobs car je ne peux pas concevoir qu’en l’espace de cinq minutes, ce génie egocentrique se rende compte de ses erreurs, notamment avec sa fille, juste parce qu’il comprend que Time magazine ne voulait pas faire de lui l’homme de l’année 1984. C’est bête parce qu’avec «The Social Network », Sorkin avait réussi à ne pas tomber dans ce piège en laissant le spectateur se faire son avis sur Zuckerberg, dommage.

Steve Jobs

  • Est
  • N'est pas
  • Brillamment interprété, notamment par le duo Fassbender/Winslet
  • The social Network 2, notamment dans le choix de ne raconter l’histoire de Jobs qu’au travers de 3 moments clés de sa vie
  • Très bien écrit
  • Du théâtre filmé
  • Assez bien réalisé, ce n’est pas la meilleure mise en scène de Danny Boyle mais il sert à merveille le scénario
  • Ennuyeux, c’est assez bien rythmé malgré le nombre conséquent de dialogues
  • Quand même un peu raté dans les cinq dernières minutes mais c'est mon appréciation personnelle.
  • Un film qui nous raconte la genèse de L’IPod, IPhone et du MacBook mais le portrait assez juste d’un homme aussi iconique que détesté
Malgré ce défaut, des biopics de cette qualité, j’aimerais en voir plus souvent / 20