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Les déceptions du grill

The Discovery

La découverte de l’ennui avant la mort.

 

The discovery est un film d’anticipation ancré dans la réalité qui cherche à nous questionner sur notre réaction face à la preuve irréfutable d’une vie après la mort, ce genre de réflexion métaphysique étant probablement ce qu’il y a de plus intéressant en science-fiction, et ça c’est bien.

Je veux pas dire que tout le budget a été consacré aux acteurs mais tout le budget a été consacré aux acteurs.

Mais plutôt que d’explorer son point de départ, il préfère s’attarder sur un des couples les moins crédibles du cinéma qui déprime sévère en doudoune sur une plage déserte pendant que Robert Redford essaye de trouver le juste équilibre entre professeur Tournesol et Charles Manson lors de ses cinq minutes à l’écran.

Pour dire le moins, The Discovery est mal foutu. Prendre Jason Segel pour jouer un neurologue sérieux au possible en dehors de son registre comique se concrétise par une heure quarante de tronche d’enterrement, difficile pour Rooney Mara, dépressive d’opérette pas indifférente à la vague de suicide ayant suivi la « découverte », de sortir une performance potable à côté quand on demande à son personnage de faire le grand écart entre le fond du gouffre et le grand amour en 48h top chrono. La direction d’acteurs est molle, le montage est mou, l’image délavée semble figée, la musique sait un peu trop se faire oublier et le scénario…

Un film sélectionne à Sundance avec Robert Redford, le président du festival, au casting, on en parle ?

Si sur papier The Discovery peut attirer, son thème a été mieux traité dans l’expérience interdite, mais son ambiance m’a surtout fait penser à Triangle de Christopher Smith qui n’hésite pas à tourner à fond le volume du bizarre pour compenser la modestie de son budget. Comme Christopher Smith, Charlie McDowell est ici réalisateur/scénariste mais renonce à l’originalité pour taxer à droite à gauche des séquences ou références (H.G. Wells pour les intimes). L’interrogatoire d’entrée de la secte m’aurait par exemple fait hurler au plagiat de The Master s’il avait été mieux branlé.

Pourquoi je m’attarde sur cette médiocrité ? Car son casting deux étoiles et demie met (un peu) en lumière sa diffusion exclusive à Netflix. La chaîne s’étant illustré jusque-là sur des séries originales, elle commence à mettre le paquet pour ramener une audience de cinéphiles aux sérievores acquis à sa cause. Si deux films de la compétition cannoises 2017 (Okja du réal du Transperceneige et The Meyerowitz Stories du réal de Frances Ha) ou le prochain Scorcese seront a priori sur le net et pas sur une toile plus conventionnelle peuvent réellement augurer d’un changement profond de l’industrie, c’est pas The Discovery qui empêchera un projectionniste de dormir, et c’est peut-être, malheureusement, le seul point positif que l’on peut y voir.

Ça vaut pas la scène du jokari d’Oss 117.