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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Les déceptions du grill

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Les clowns tueurs étaient aussi au scénario

 

L’important dans le business, ce n’est pas d’être le premier à avoir l’idée mais d’être le second. Par exemple la tablette tactile grand public a été lancée par Microsoft en 2001, ce fut un échec dont apprit beaucoup Apple en sortant l’Ipad une décennie plus tard. Pareil au cinéma, qui a entendu parler de Black Christmas (Bob Clarck , 1974) alors qu’Halloween de Carpenter est considéré comme la première pierre du slasher en 1978. Ainsi le genre du survival game a été amorcé en 2000 avec Battle Royale, passé à moitié sous le radar du grand public, pour exploser avec les Hunger Games et ses milliers de suiveurs, plus ou moins bons et originaux. Alors que le filon commence à s’épuiser (on citera quand même la série 3% de Cesar Charlone, le réal de la cité de Dieu, qui envoie du bois en politisant le concept), Rob Zombie arrive avec son 31 pour nous poser, peut-être, une question : si on n’est ni premier, ni deuxième, mais bon dernier, a-t-on encore le moindre intérêt ?

Non robbie, même pas en rêve.

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La direction artistique est fouillée, fouillis aussi.

Le « style » Rob Zombie c’est de prendre des scénarii ultra classiques, voire des histoires qui ne sont pas de lui du tout (halloween), et de les passer à la sauce hixploitation, ou film de redneck. Dans 31, qui s’appelle 31 probablement parce que c’est 13 à l’envers ou alors c’est le QI moyen du casting… Dans 31 donc, on nous vend un Hunger Games avec des clowns tueurs, et le moins que l’on puisse dire c’est que Rob ne transcende pas vraiment son sujet.

cinématogrill 31 rob zombie film redneckUne équipe de wouineur, vu qu’ils ont les mêmes habits durant le film ça fait pas flashback mais souvenir de début de tournage…

Une équipe de pouilleux 100% beauf tombent dans un piège digne de Vil Coyote et comme la magie du cinéma veut nous faire croire que sur 10 texans qui vivent dans une caravane aucun n’a un flingue malgré les statistiques, ils se retrouvent à la merci d’un Malcolm McDowell dont la carrière n’a jamais autant plaidé en faveur de l’euthanasie. Méchant grand guignol symptomatique du sens de la mesure, ou de son absence, du sieur Zombie, qui va avec deux compagnes tout aussi capilotracté faire envoyer des joyeusetés combattre nos héros. Comme c’est les USA et qu’ils n’ont probablement pas de mutuelle, ou alors qu’un coup de tronçonneuse a l’air de picoter sévère, ils courent dans un labyrinthe filmé en plan serré pour éviter de montrer que les décors se résument à trois couloirs.

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Malcolm McDowell est un des rares acteurs à appliquer la politique de la terre brûlée à sa fin de carrière.

J’hésite à parler de structure en jeu vidéo car un gus qui coure dans une coursive poursuivie par des ennemis bariolés ça c’est plus vu depuis Pac-Man mais l’idée est là. Un psychopathe autoproclamé est annoncé par McDowell enfariné, il en zigouille un ou deux puis les autres répondent à grand coup de tuyaux rouillés, un nouveau psychopathe autoproclamé est annoncé par un McDowell peinturluré, etc.

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Certaines scènes sont insoutenables.

Ce degré 0 de la narration aura beau avoir quelques fulgurances dans le politiquement incorrect, comme un nain mexicain mordu d’un homme politique allemand des années 40 ou la côte de nos héros qui sont revues à chaque meurtre, rien n’est bien folichon. Et c’est pas la survival girl annoncée dès l’affiche dont le mari est aussi le réalisateur qui va nous tenir en haleine. Je suis juste content de voir que Sherry Moon Zombie est passée à trois repas par jour depuis Lord of Salem mais c’est tout.

En l’état, 31 se veut une bonne pioche du gore décomplexé mais prend des allures de mauvaises blagues quand on sait que le projet a été kickstarté. Le scénario répétitif sent le baclé à chaque niveau. Le renversement des valeurs qui fait le sel de Devil’s Reject, son vrai bon film, ou les délires esthétiques d’un Lord of Salem, sont ici remplacé par une mixture rance des clichés des survivals dans lequel on a balancé quelques malheureux aux dents pourries amateurs de sandales et de chapeau de cow-boy. Dommage.

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L’introduction, en plan fixe avec une adresse au spectateur, est plutôt sympa. Dommage que le personnage passe d’intéressant à tête à claque dès sa nouvelle apparition. Un peu comme 31 entre le moment où j’en ai entendu parler et celui où je l’ai vu.