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Le Grill a aimé avec réserves

Kursk

Kursk suit le tragique destin de l’équipage du sous-marin russe éponyme, qui à la suite d’un accident de torpille nucléaire, échoue au fond de la mer de Barents dans l’Océan Arctique le 12 août 2000. 23 hommes réussirent à survivre aux explosions et se réfugièrent dans le dernier sas du submersible en attendant désespérément que les secours arrivent …

Réalisé par le danois Thomas Vinterberg (La Chasse 2012) et adapté de l’oeuvre de Robert Moore ; A Time to Die : The Untold Story of the Kursk Tragedy, le film dramatise cependant le récit en s’éloignant de certaines vérités. Le personnage incarné par Mathias Schoenaerts n’avait par exemple pas d’enfants. Le réalisateur a voulu dresser le portrait de chacun des marins du Koursk et des 71 enfants qu’ils ont laissés derrière eux en combinant plusieurs réalités.

Le casting est européen, Mathias Schoenaerts retrouve son réalisateur après Loin De La Foule Déchainée (2015), Colin Firth incarne un commodore de la Royal Navy, Max Von Sydow un colonel russe et Léa Seydoux la femme du héros. Cette dernière est peut-être la seule à sur-jouer dans certaines scènes dramatiques. Le reste des acteurs sont impliqués et à la hauteur bien qu’il soit déstabilisant au premier abord de retrouver Schoenaerts et Sydow doublés par d’autres professionnels que par eux-mêmes. Mais il n’y quasiment rien à reprocher sur la justesse de chacun.

A l’origine Vladimir Poutine devait apparaître dans quelques scènes du film mais son rôle ne fut au final jamais casté. Luc Besson (producteur du film), souhaitait recentrer l’action sur le naufrage et éviter la question politique. Lors de l’accident, le président Poutine venait de prendre ses fonctions et se reposait calmement dans sa demeure au bord de la Mer Noire. Son absence de réactivité avait alors suscité d’importantes critiques à travers le monde. A l’époque, les causes de l’accident étaient encore inconnues et plusieurs hypothèses furent évoquées ; explosion d’une torpille, collision avec un sous-marin étranger, explosion d’une mine marine de la seconde guerre mondiale. Toutes ces théories seront balayées après le renflouage du Koursk le 8 octobre 2001. Cependant, des controverses existent toujours … Pour cela je vous renvoie vers le documentaire de Jean-Michel Carré : Koursk, un sous-marin en eaux troubles.

Tourné essentiellement en Belgique, le tournage s’est également déroulé dans les bases militaires de Brest et de Cherbourg. Le sous-marin français Le Redoutable a également servi de décors pour quelques scènes intérieures.

Thomas Vinterberg s’aventure ici dans un film de commande mais va légèrement au-delà en s’appropriant l’histoire. Il insuffle aux spectateurs des scènes de tensions assez insoutenables notamment lorsque la caméra suit deux marins nageant dans les sas immergés pendant quelques minutes. Son film est aussi très informatif bien que quelques libertés aient été prises comme soulignées plus haut. Le début du récit est conventionnel et recherche l’empathie du spectateur mais d’une façon relativement humble et solennelle. Si le rythme assez lent de la première heure peine à nous emporter, tout s’accélère par la suite ; l’implication des délégations étrangères pour sauver le reste de l’équipage, les solutions envisagées, la détresse des familles par rapport à la non réactivité des officiels russes et enfin la survie et la démence des marins à bord du Koursk. Le film met aussi bien en évidence les raisons pour lesquelles la tragédie aurait pu être évitée et surtout la gestion accablante de cette catastrophe. Les Russes ont touché le fond dans tous les sens du terme …

Si Kursk présente quelques défauts de rythme et repose sur des formules académiques, il en ressort une histoire relativement poignante, sincère et sobre. Une catastrophe humaine à visée pédagogique espérons-le.