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Sorties Cinéma

L’Ascension De Skywalker

La nouvelle trilogie touche à sa fin, l’épisode IX de la saga Star Wars vient conclure les aventures de Rey, Poe et Finn, le nouveau trio que l’on a pu découvrir dans Le Réveil De La Force en 2015 puis dans Les Derniers Jedi en 2017.

En ce mois de décembre 2019, l’attente du chapitre final est tout de même au rendez-vous bien que les deux épisodes précédents m’aient très peu convaincus, de par l’absence d’originalité et de cohérence des épisodes entre eux. Je me suis tout de même récemment réconcilié avec l’épisode VII mais pas encore avec le huitième épisode qui balaie tout le peu d’innovations qu’avait pu apporter Le Réveil De La Force deux ans auparavant. 

Le réalisateur J.J. Abrams, de retour après l’épisode VII, a clairement eu la volonté de réparer et de revenir sur ses propres idées faisant alors lui-même la guerre au réalisateur de l’épisode VIII ; Rian Johnson. Malheureusement cela se voit, les nombreuses facilités scénaristiques et le manque d’explications sont encore et toujours légions dans ce nouveau chapitre, posant ainsi encore plus de questions qu’il n’apporte de réponses aux interrogations des deux précédents films. Les similitudes avec la trilogie originale sont beaucoup trop présentes et appuyées accentuant alors l’impersonnalité de cette nouvelle trilogie. Il est en effet dommage de constater le peu de nouveauté développée par la production. En 2015, George Lucas n’a pas caché sa déception en avançant « qu’il n’y avait pas assez d’avancées visuelles ou techniques » ce qui est totalement juste, il n’y a qu’à regarder le design des vaisseaux, les planètes visitées ou la technologie qui n’a absolument pas évolué 30 ans après la fin du Retour Du Jedi. Kathlleen Kennedy, nouvelle présidente de Lucasfilm, ne remet pas en cause les propos du créateur mais souhaitait intentionnellement « créer un monde connecté aux précédents films, dans le ton et sur le plan visuel ». Cette prise de position empêche à cette nouvelle trilogie de se créer une véritable identité et reste bloquée dans la nostalgie. Rian Johnson a tenté d’enterrer le passé avec Les Derniers Jedi mais il échoue car J.J. Abrams n’a pris aucun risque avec ses deux films et ne suit absolument pas les idées et les interrogations laissées en suspens par son prédécesseur et inversement malheureusement. 

L’Ascension De Skywalker marque le retour de l’Empereur Palpatine, toujours interprété par Ian McDiarmid. Pourtant mort à la fin de l’épisode VI, il est de nouveau le grand méchant de cet épisode IX. Sa réapparition est annoncée dès le générique défilant et ce, sans explication valable par la suite. Ses objectifs sont identiques à ceux qu’il tenait dans Le Retour Du Jedi laissant le spectateur lasse et fatigué de ces répétitions narratives. Le personnage de Snoke, découvert dans les deux épisodes précédents, est inutile alors q’il était présenté comme un nouveau leader prêt à en découdre et semblait représenter une vraie menace pour la galaxie.

Les révélations sur les origines de Rey déçoivent au plus haut point et semblent très peu crédibles. Les interrogations étaient nombreuses à la fin du Réveil De La Force, j’espérais en apprendre d’avantage dans Les Derniers Jedi, mais Rian Johnson n’a fait que repousser le problème en nous laissant une fois de plus dubitatif. Et L’Ascension De Skywalker ne provoque absolument pas l’émotion que nous étions en droit d’attendre pour le personnage principal. Ses origines familiales semblent ici sorties de nulle part bien que l’idée de J.J. Abrams était intéressante, il défend que « n’importe qui peut devenir n’importe quoi quelque soit son origine ». Rey devient alors l’héritière de l’un des plus puissants personnages de la galaxie mais cela aurait eu encore plus de sens si Rey était vraiment issue d’une simple famille de pilleurs d’épaves comme suggéré dans les deux films précédents.

La réalisation est au rendez-vous, J.J. Abrams est un très bon réalisateur, cependant spécialiste des twists abracadabrandesques et des questions amenant d’autres questions. L’Ascension De Skywalker est visuellement magnifique, la photographie est superbe. Le rythme est soutenu dès le début du film, il y a très peu de temps de repos, il faut en mettre plein la vue pour ne pas trop se poser de questions et éviter de constater certains vides scénaristiques. Mais dans l’ensemble l’épisode IX est en bon blockbuster spectaculaire avec son lot de scènes incroyables. Je regrette toutefois l’absence de véritables duels au sabre laser où se jouerait le destin de la galaxie ou celui des personnages principaux. La bande-originale de John Williams reprend les thèmes écrits pour les deux précédents volets avec de nouvelles variations. Les partitions des épisodes IV, V, VI puis I, II, III resteront bien plus mémorables, épiques et riches en émotions. Ici, seuls les thèmes de Rey et de la Force parviennent à nous transmettre la magie de Star Wars. 

Côté casting, les acteurs font ce qu’ils peuvent avec ce qui a été écrit sur leurs personnages. Kylo Ren (Adam Driver) possède le charismatique d’un personnage toujours aussi torturé et partagé entre les côtés lumineux et obscurs de la Force. Cette dualité sans cesse présente dans son parcours est un des points positifs de cette trilogie. La jeune et surpuissante Rey, incarné par Daisy Ridley, comprend dorénavant l’origine de ses immenses pouvoirs et ses capacités à manier « l’arme noble d’une époque civilisée » avec une dextérité quasi sans faille. L’intrépide pilote de la résistance Poe Dameron (Oscar Isaac)est toujours aussi déterminé à  représenter « l’étincelle qui allumera l’incendie qui abattra le Premier Ordre ». L’ex-stormtrooper Finn (John Boyega) avait un début d’histoire intéressant dans le Réveil De La Force puis son personnage est devenu plus agaçant et inutile qu’autre chose malheureusement. Cet épisode IX marque aussi le retour de Billy Dee Williams dans la peau de Lando Calrissian, ancien héros de la trilogie originale. Bien que furtives, ses apparitions sont très plaisantes. Décédée trois ans auparavant, Carrie Fisher tient ici sa dernière apparition en tant que Leïa Organa et l’intégration de ses plans non utilisés dans les épisodes précédents sont indétectables. Luke Skywalker revient aussi en fantôme de la Force et l’écriture de son personnage semble ici plus fidèle à ce que Mark Hamill imaginait avant de revêtir sa bure de Jedi en 2015. Harrison Ford adressera quelques sages paroles à son fils Ben Solo le temps d’une scène cruciale entre le père et le fils. Enfin, ce nouveau chapitre comporte également son lot de nouveaux personnages venant enrichir avec  réussite l’univers de la saga.

Les épisodes I à VI m’ont fait rêver. George Lucas a créé un univers dense et complexe, des créatures et des univers plus réussis les uns que les autres, des scènes d’anthologies, des innovations technologiques remarquables et une histoire cohérente tout au long des deux premières trilogies. Trop encrée sur la nostalgie des épisodes IV à VI, cette nouvelle trilogie ne m’aura pas convaincu ni généré d’émotions particulières. Ces nouveaux épisodes souffrent d’un manque cruel d’originalité à tous les niveaux et ne présentent que très peu de moments mémorables. De plus, elle parvient à rendre caduque toute la prophétie d’Anakin Skywalker pour rétablir l’équilibre dans la Force dans les six premiers films.

J.J. Abrams était le réalisateur le plus indiqué pour reprendre le flambeau en 2015, et je pense que toute la nouvelle trilogie aurait dû lui être confiée pour une plus grande cohérence et continuité des épisodes entre eux. Avec L’Ascension De Skywalker, la tâche était herculéenne, le talent de la mise en scène d’Abrams est certes à souligner mais il ne parvient pas à convaincre sur le plan narratif. La nouvelle trilogie est pour moi une déception dans son ensemble, elle n’élargit et n’explore en rien l’univers de la plus passionnante des sagas. C’est donc avec un avis très mitigé que j’assiste à la fin de cette trilogie. L’univers me semble plus intéressant du côté des spin-off et des séries-télés, Rogue One de Gareth Edwards était une belle réussite et The Mandalorian de John Favreau tient toutes ses promesses et est dotée d’un énorme potentiel pour la deuxième saison prévue pour l’automne 2020.