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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé avec réserves

A Cure for Life

La balnéothérapie prend l’eau

 

C’est raté.

A Cure For Life n’est pas un beau film plein d’idées qui trébuche avec panache mais une daube. Et même cuisinée à la perfection par Paul Bocuse, une belle daube reste une daube quand même.

Cure for life cinématogrill film horreurLe seul film d’horreur où le héros enfile des chausson pour aller botter des culs fripés.

Dane DeHaan qui a visiblement oublié de prendre ses vitamines est envoyé par une boîte de conseil new-yorkaise pour récupérer son ancien patron jamais revenu de sa cure dans un sanatorium suisse. À peine arrivé dans ce château aux allures de Poudlard relooké par Dracula, Dan par un concours de circonstances impliquant une mauvaise régulation des quotas de cervidés dans les alpes suisses se retrouve coincé avec la jambe pétée. Comme Dan n’a jamais vu Misery et a le teint vitreux, il est envoyé à serpentard en cure mais en profite pour se retrouver une libido en draguant la fille adoptive prépubère, Mia Goth, du patron des lieux. On ne juge pas. Ensuite il est agressé par des anguilles qui nous font un petit revival du côté sombre de l’animation érotique nippone afin que le grand méchant puisse enfin boire le pipi de notre héros.

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Amoureux de belles images et d’ambiance, l’arrivée au sanatorium est un bonbon visuel.

Une fois les bases posées, je fais comment pour en dire du bien ? Non parce qu’on me l’avait vendu en invoquant les grands classiques de la littérature gothique et si le rapprochement du mortifère système de la criminalité en col blanc avec le délétère asile hanté a le mérite d’exister, force est de constater que l’on se retrouve avec un mélange improbable entre Shutter Island et une blague de toto. Son cynisme noir permanent (probablement hérité de Mann) coulant toute tentative d’aller dans l’horreur pure contrairement au Ring de Verbinski, sans concessions sur ce point.

Ce qui me fend le cœur c’est que je suis tombé amoureux de la réal dès les premiers plans du film nous présentant les building de Manhattan comme les monolithes cyclopéens peuplant les récits de Lovecraft, mais point de divinités impies à l’horizon, juste un énième scientifique fou au plan aussi inutilement élaboré que grossièrement sadique. Il y a bien quelques horreurs à tentacules, une magnifique utilisation de l’eau, du feu et de la terre par la photographie léchée et des rappels esthétiques ou scénaristiques à une foule de bonne chose assumées, du Frankenstein de la Hammer à de belles curiositées comme angoisse de Bigas Luna en retrouvant la même fascination pour les yeux et les animaux empaillés… malheureusement abandonnée en cours de film.

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Mia Goth, que je surnomme affectueusement la Mia Wasikowska du pauvre, va jouer dans le remake de Suspiria par Luca Guadagnino, un projet aussi intéressant que risqué.

Il y a des réussites, la déliquescence de la sanité de l’esprit de notre héros, pas très frais dès le départ il est vrai mais dont le montage et la mise en scène vont nous faire palper la perte de repères spatio-temporel qu’il subit dans ce sanatorium. Ses héros aux physiques atypiques, loin du beau et de la belle gosse, la fascination dégoutée que peut avoir la jeunesse pour la vieillesse et la mort, empruntée à La montagne magique de Thomas Mann (non, Youth n’a rien inventé), surtout l’ambiance mystérieuse obligeant à rester accroché à notre fauteuil mais l’important ici est bien le chemin et pas la destination. En refusant d’aller jusqu’au bout de ses thèmes, la folie et l’horreur, la dernière demi-heure accumule les grosses ficelles pour tout dévoiler. Quand on se rend compte du peu qu’il y avait à déflorer, ce mystère perd tout le perfectible charme construit par les deux heures précédentes.

Gore Verbinsky m’est infiniment sympathique avec sa proposition de cinéma qui a le mérite de se détacher du lot : audacieuse dans son esthétique, magnifiée par sa réalisation fourmillante d’idées, servie par un casting efficace, A cure for life est néanmoins une rencontre ratée avec l’horreur lovecraftienne en donnant l’impression atroce de s’arrêter à mi-chemin dans ses idées. Vraiment dommage. S’il n’est pas entièrement mauvais, dès lors que le film décide de se finir à coups de pelle, je ne peux que respecter sa décision.

Cure for life cinématogrill sortie Gore Verbinsky

Encore un film que j’aurais aimé aimer…

 

 

A Cure for Life

  • Est
  • N'est pas
  • Une merveille visuelle pour les amateurs d'ambiance gothique
  • À la hauteur de ses promesses
  • Doté de solides références littéraires et cinématographiques
  • Aussi bon qu'Evolution de Lucile Hadzihalilovic sur des thèmes similaires
  • Plutôt intéressant dans la manière dont il montre la perte de repères du héros
  • Assez poussé dans l'horreur, visuellement et scénaristiquement
  • Le retour de Gore Verbinsky, avec ses fulgurances et ses tares
  • Forcement à éviter pour l'amateur de ce genre d'ambiance
J'ai vu ce film / 20