Loading...
Le Grill a aimé avec réserves

Amanda

Deuil au soleil

J’ai eu la chance de voir le nouveau film de Mikhaël Hers de la meilleure des façons possibles, c’est à dire en sachant le minimum du minimum de son intrigue. Retenez simplement qu’il y a Vincent Lacoste qui prouve qu’il a désormais les épaules pour camper un rôle principal de ce calibre, celui d’un jeune parisien attachant et désinvolte que les responsabilités du passage à l’âge adulte vont chopper façon uppercut aussi destructeur que peu orthodoxe lorsqu’il se retrouve à s’occuper de sa jeune nièce Amanda. Hers s’attache à raconter le quotidien d’un monde très proche du nôtre dans un style tranche de vie fait de petits riens. Un récit sans fioritures, presque sans musiques aussi, tourné à l’ancienne dans un format carré à la façon des vieux films de vacances.

Amanda a principalement été tourné en extérieur à Paris uniquement les jours où il fait beau. Je salue l’exploit technique et la patience de l’équipe.

Toujours là ? Je ne vais pas spoiler mais forcement, je vais en dire un peu plus. Amanda est construit en deux parties de durées inégales. L’avant façon comédie contemporaine avec un relent de sous-Klapisch pendant une trentaine de minutes, d’un ton volontairement léger, pour contraster avec l’après plus grave introduit par un élément déclencheur qui résonne avec le pire de l’actualité. Catharsis ou aubaine ? Chacun est juge mais au moins Hers ne vise pas le tire-larme bête et méchant, son drame est définitivement solaire (mais littéralement, il fait beau sur tous les plans comme dans Ce sentiment de l’été, son précédent film).

Comme toutes les œuvres adoptant cette narration réaliste “au fil de l’eau”, Amanda décline ses thèmes suivant un fil rouge ténu sans chercher à révolutionner le genre.

Alors forcement en faisant réellement commencer son histoire au bout d’une demi-heure pour radiographier en douceur le monde d’aujourd’hui par un jeu de comparaison avant/après, Amanda n’est pas le film le plus trépidant de l’année. Reste que le ton adopté vaut le coup d’œil, entre grande échappées à vélo et scènes anodines pour prouver que la vie continue coûte que coûte. On conseille plutôt cette oeuvre sensible, porteuse d’un regard inspiré et juste dans l’air du temps.