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Le Grill a aimé avec réserves

American Pastoral

C’était pas mieux avant, c’était pareil.

 

American Pastoral est le premier film d’Ewan MacGregor dont il est aussi l’interprète principal. Ce qui pousse un écossais de naissance dont la carrière a pris son envol en jouant un toxico de Glasgow (Trainspotting dont le 2 risque d’arriver comme la vision d’un bébé mort en pleine descente *clin d’œil appuyé ringard*) à se passionner pour les tensions raciales et intergénérationnelles qui ont traversé l’Amérique profonde des années 60 à travers la figure d’un bon père de famille conservateur dont la fille vit un flower power vachement axé power ? Absolument aucune idée.

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L’affiche est une de mes compositions préférées de l’année, on peut y voir une discrète référence au traitement des couleurs passant du chaud au froid au fur et à mesure que le film avance (j’avais surtout envie de placer cette observation en fait). 

Est-ce que ça vaut le coup d’œil ?

Clairement…. Si on occulte que le film échoue à moitié à dépasser son sujet par une reconstitution correcte sans plus des 60’s. La bande-son par exemple essaye de bien utiliser les musiques de l’époque mais se plante discrètement quand elle essaye de se donner un sens plus profond. L’intrigue laisse passivement notre héros attendre que le destin lui tombe dessus façon câlin à coup de chaise avec un flegme qui tient plus du bulot que d’autre chose, les raccourcis sont aussi nombreux que pas discrets et l’on sent le roman adapté avec les cicatrices disgracieuses des coupes un peu trop franches dans le récit.

Le portrait en creux du Vietnam, fonctionnel, permet d’opposer le rêve américain des parents aux envies de révoltes des nouvelles générations qui manquent sérieusement de baffes sous l’œil strict mais juste du portrait de Nixon au dessus de la cheminée.

Je n’avais pas dit que ça valait clairement le coup plus haut ? Oui car l’intérêt du métrage se loge dans le pied monstre qu’il prend à nous montrer une Amérique bucolique à l’extrême, hamburger du dimanche matin inclus, avec une gestion de la lumière donnant le film au souvenir de quelques belles peintures à l’huile craquelées ici par la fille (Dakota Fanning, la sœur de l’autre) de la famille bien décidée à vivre une crise d’adolescence aux allures de djihad. Le mot est trop fort ? Je ne pense pas, je pense même que c’est là tout le sel du film qui prend un degré de lecture supplémentaire à la façon d’une fable qui parle d’animaux pour mieux évoquer la réalité.

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Dakota Fanning fait partie de ces acteurs tellement bons pour jouer un personnage détestable que l’on a envie de l’étrangler au bout d’une minute de présence à l’écran, du coup c’est une bonne performance, agréable comme les hurlements nocturnes du gosse des voisins.

Il ne faut pas réduire American Pastoral à un coup de défibrillateur auto-administré à la carrière d’Ewan sur McGregor bien que son personnage lui permette de sortir une grosse interprétation 100% oscarisable du carton (ou pas, il n’est pas en lice pour la statuette), mais il se sauve par l’intemporalité qu’il donne à son message dans un récit qui se veut paradoxalement ancré dans un passé qui n’appartient même pas à ses interprètes. Il y a des ratés, une certaine complaisance envers le meurtre pour citer un exemple pas du tout sans conséquence, mais l’intemporalité que le récit réussit à capter en fait un métrage largement digne d’intérêt. En remettant les pendules à l’heure en resituant le pire de la violence humaine, le terrorisme par enrôlement de perturbés ordinaires dans une idéologie sectaire, dans un cadre passéiste bucolique et par l’impact en creux sur la famille subissant un cauchemar dont ils ne peuvent que se sentir coupables, American Pastoral se paye le luxe de faire réfléchir son spectateur. Pour ça, merci.

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Après si on a lu le roman, le film est un décalquage dispensable, on est d’accord.

 

American Pastoral

  • Est
  • N'est pas
  • Plastiquement impeccable sur la forme, pour mieux égratigner l’image d’Epinal sur le fond
  • Un film qui laisse de marbre, il y a de quoi débattre en sortant de la salle
  • Un premier film maitrisé, voire lisse si on est méchant
  • Servi par ses raccourcis qu’il paye cher
  • Bien joué
  • Une adaptation osée, on touche à la simple mise en images
  • Passionnant sur les idées abordées, très actuelles
  • La naissance d’un grand réalisateur mais pas un plantage
Il y a quand même un truc jouissif à entendre Obi Wan balancer un "je suis ton père" / 20