Chérie, j’ai rétréci Marvel !
Après Iron Man, Thor, Captain America voici venir le très attendu….. (Suspens et roulement de tambour)….. HOMME-FOURMI !
Ouais, ça le fait moyen.
En même temps au bout de onze films (douze si on compte le Hulk de 2008 exclut de l’univers cinématographique Marvel pour mésentente colossale entre Edward Norton et les studios), Disney commence à taper dans les héros moins connus. Non pas que Ant-Man soit un héros mineur des comics, créateur d’Ultron et scientifique de génie il est un des personnages les plus anciens créé par Stan Lee mais il n’a jamais acquis l’aura d’un Spider Man auprès du public, qu’importe, pour le geek de Marvel, il méritait largement son film.
Les affiches sont sympas, bien qu’en français on réutilise le slogan de kick-ass pour une mystérieuse raison (pas de pouvoir, pas de problème).
Bref, vous vous souvenez des gardiens de la galaxie ? C’était le Marvel de l’été dernier, un vent de fraicheur sur la saga grâce à un acteur comique, Chris Pratt, en rôle principal et un réalisateur détonant (James Gunn, un rejeton excité de l’écurie Troma) aux commandes d’un projet à 200 millions de dollars qui, malgré un méchant raté et un côté film familial assumé, arrivait à jouer avec les codes du blockbuster pour nous offrir un délire décomplexé et jouissif.
Ben là on fait pareil. En moins bien. On prend Paul Rudd, un acteur comique que l’on a vu par exemple dans Anchorman et sa suite, proche de la bande de Judd Apatow (c’est-à-dire qu’il y aura du second degré et des blagues un peu méta jouant sur les clichés des films d’action), on lui fait faire un régime protéiné histoire d’un peu le tanker puis on prend un réalisateur détonant pour assurer le taf, ici Edgar Wright. Icône de la culture geek puisque derrière Shaun of the dead et Scott Pilgrim vs the world.
Présenté comme ça le projet s’inscrit parfaitement dans l’univers cinématographique Marvel, pourtant Ant-Man revient de loin ! Et pour cause à peine quelques semaines avant le tournage Wright est viré du projet qu’il venait de finir de scénariser, les bases d’Avengers 2 avec la création d’Ultron sont ébranlées. Qu’importe Joss Whedon arrange le coup et Ant-Man est discrètement programmé pour plus tard, le scénario rafistolé et on met un Yes Man à la réalisation (ce qui est rigolo vu que le réalisateur, Peyton Reed, a justement réalisé le film « Yes Man »… allez lol quoi, mdr). C’est réparé ? Non, ça sent le rafistolage mais ça passe.
L’inévitable scène de “sacrifice” du héros se voit à des kilomètres au point d’être quasiment un anticlimax… sinon Ant-Man et sa petite taille sont l’espion parfait, là par exemple il est camouflé en géranium.
Les bonnes idées de l’univers sont là, le héros est cool, le pouvoir de rétrécir est cool, le contrôle des fourmis est cool, bizarre mais cool, et à l’instar des gardiens de la galaxie qui reprenait les codes du space-opéra ici c’est le film de casse qui passe à la sauce Marvel. La meilleure idée du film reste la présence des deux Ant Man, comme dans les comics on a Hank Pym, super héros retraité joué par un Michael Douglas en grande forme, et Scott Lang venu reprendre le flambeau. Cette relation élève-mentor ainsi que toute la partie sur l’entrainement du nouveau héros est sympa, il faut bien l’admettre, d’autant plus que ces séquences ont tendance à être éludé des autres Marvel. Ah oui et il y a aussi une relation entre chaque Ant-Man et sa fille, grosso modo retenez qu’il faut être caucasien, monogame et bon père de famille, ça suffira.
Hormis Michael Douglas, les personnages m’ont tous paru assez cliché et passe partout. En fait la seule pour qui j’ai ressenti une réelle empathie c’est Antoinette, vaillante fourmi volante de son état.
Pour le génie dans la réalisation on repassera par contre. Le méchant scientifique fou est un des pires bad guy de la série, à la fois trop proche des antagonistes d’Iron Man 1 et 3 (respectivement Jeff Bridges et Guy Pearce, ça va il y a du beau monde chez Marvel), surjoué et aux motivations plus que discutables. La scène d’introduction qui ne vise qu’à présenter Hank Pym est d’une platitude navrante, le rythme est perfectible, les scènes d’action sont rares et le film ne commence réellement que la première heure passée… En fait je pense qu’Ant-Man a été conçu dans la même optique que la série Daredevil sur Netflix : contrairement à Avengers 2 voire à un peu tous les films de la phase 2, Ant-Man est accessible à tous. Les références aux autres films sont rares, de l’ordre du détail dans une conversation ou un arrière-plan et il augure l’arrivée des nouveaux héros de la phase 3 tel que Dr Strange et Black Panther.
Au final Ant-Man est un divertissement de qualité, sa conception houleuse et les réécritures du scénario font regretter la vision du personnage qu’aurait pu nous offrir Edgar Wright mais en l’état on est devant une solide série B accessible à tous qui vaut son pesant de pop-corn même si elle reste plus calibrée pour le nouveau venu à cette saga qu’au fan attendant fiévreusement mai 2016 et Civil Wars (bon celui-là il aura une deuxième scène post générique à se mettre sous la dent… c’est déjà pas si mal, non ? Non. Ok…).
Ps : La 3D sert à payer plus cher son ticket et à assombrir l’image, pour pas changer.