Loading...
Les déceptions du grill

Bright

Pas brillant

 

Bright est la rencontre de deux univers, celui de la production Netflix, qui serre les fesses après l’annonce par Disney de son intention de se lancer dans le streaming par abonnement, et celui de David Ayer, réalisateur des plutôt plaisants Fury et End of watch à la carrière écornée après le malheureux Suicide Squad.

À l’époque, j’avais trouvé des excuses au réalisateur du nanar cosmique de la Warner Bros : une écriture sous la contrainte des producteurs, forcé de faire des reshoot, de transformer son projet initial en comédie tout public… Pour Bright et compte tenu de la relative liberté créatrice que laisse Netflix (même s’il s’agit d’un de ses plus gros budget, 90 millions de dollars), j’ai beaucoup plus de mal à pardonner quand il aligne à nouveau les mêmes tares.

Le lycra sous la pluie, la pose où elle slav comme si ça vie en dépendait, le parkour en talon haut et le maquillage qui crie la période émo honteuse au collège, là déjà on sait qu’on va se ré-ga-ler.

Bright ne commence pas si mal pourtant, il imagine un monde comme le nôtre où il y a toujours eu des orcs, des elfes et tout un bestiaire d’héroic fantasy à côté des humains. On y suit le premier orc policier avec son coéquipier Will Smith dans un Los Angeles dévasté par les conflits entre quatre races : les elfes sont une race immortelle qui contrôle le monde (comment ? Pourquoi ? Je ne sais pas mais les personnages répètent trois fois qu’ils contrôlent le monde), orcs is the new black : la ségrégation qu’ils subissent est décalquée sur l’Amérique des années kkk, et enfin les deux dernières, les mexicains, qui viennent d’un pays au sud des Etats-Unis, toujours présentés rassemblés en gangs et faisant beaucoup d’enfants, puis les humains. Non sans dec, c’est vraiment comme ça que le film présente son univers !

Tout comme Suicide Squad essaye trop fort d’être Les gardiens de la galaxie, ici Joel Edgerton essaye trop fort de jouer comme Drax (David Bautista).

Le scénario implique que notre tandem de flics que tout oppose mais qui vont finir par devenir potes (spoiler un cliché ça ne compte pas) soit confronté aux quatre groupes précédemment évoqué en protégeant/voulant récupérer le mac Guffin du jour et sa porteuse incarnée par Noomi Rapace qui se contentera de regarder droit devant elle en couinant du langage yaourt (paraît que c’est de l’elfique). Que le Mac Guffin fasse d’ailleurs exploser quiconque le touche et soit inutilisable par 99,9 % de la population ne semble d’ailleurs en rien émousser la motivation des antagonistes.

Will Smith, que je soupçonne d’avoir empoché le tiers du budget, joue un flic intègre dans un L.A.P.D. ripoux alors que Joel Edgerton incarne un orc, portant à peu de choses près le même message que dans Loving, la finesse en moins. Le scénario cale au bout de 45 minutes et commence à empiler les scènes clichés jusqu’à un final aussi navrant que prévisible, prenant quasiment le pire des deux mondes : le drame policier avec tout ce que ça comporte de décousu et la fantasy dans tout ce que ça comporte de plus crétin et de maquillage foireux.

Je parie que quelque part sur les tréfonds de tumblr ou deviant art se niche une photo de cosplay de Sasuke de naruto version les animaux fantastique, et je parie que cette photo ressemble étrangement à cette image de Bright.

La petite originalité de Bright par rapport aux trouzmilles récits de fantasy urbaine (qui vont de Charmed à Blade en passant par Constantine, Underworld et Un privé à Malibu, spin-off douteux d’alerte à Malibu où David Hasselhoff part tâter du gobelin) est de présenter les éléments fantastiques non pas comme cachés et dans l’ombre de notre société mais parfaitement intégrés au quotidien. C’est vrai que quelques punchlines de Will Smith comme « On n’est pas dans une prophétie, on est dans une Toyota Corolla volée » ont un relent de MIB ou de Bad Boys qui caresse dans le sens du poil mais est-ce qu’elles valent vraiment 2h de votre temps ?

Un dernier point et pas des moindres est la réalisation au diapason du scénario calamiteux. Si le montage est un tout petit moins rapide que dans Suicide Squad (pour rappel, les monteurs initiaux avaient été virés et remplacés par l’équipe qui avait fait le trailer du film…) et penche plus vers le vrai « film » que vers le dépistage surprise de l’épilepsie, on est loin d’un résultat agréable à l’œil. Bright oscille entre des combats manquant cruellement de punch et de l’action alternant les plans de tous les points de vue. Là encore on va de l’habitude aux allures de cache-misère de resserrer l’image autour de la tête d’un des protagonistes pour laisser les trucs impressionnants se faire en hors champs aux money-shots remplis d’effets visuels et de ralentis pas vraiment à propos.

Si les scènes de dialogues abscons avec des elfes qui ont dévalisé un magasin de déguisement discount, réussissant l’exploit de me faire regretter ceux du film Warcraft, sont votre truc ou alors si vous ne comprenez pas pourquoi on a jamais eu un crossover moldave entre l’arme fatale et Underworld, foncez, Bright est exactement dans ce gout de fond du tonneau.

J’ai vu des direct-to-dvd d’occasion qui avait des jaquettes mieux foutues que ce film dans son ensemble. Sinon la lentille de Noomi Rapace déconne je crois.

 

 

Bright

  • Est
  • N'est pas
  • Une grosse production Netflix de 2017 qui n'a rien à envier aux nanars fauchés américains du début des années 2000
  • Un buddy-movie correct, ni même une série B assumée sympa
  • La suite de la fin de la carrière de Will Smith
  • Sorti au ciné, sinon il aurait probablement été en 3D
  • Une histoire inexistante avec des personnages clichés
  • Assez nul que pour être fun, il est juste mou et pénible
  • L'une des pire productions de 2017, et dire que la suite est déjà en chantier...
  • Excusable, tout sent même l'amateurisme à l'image et à l'écriture
Accident industriel 2, le retour de David Ayer / 20