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Le Grill a aimé avec réserves

Brimstone

Quand the Witch rencontre Rémi sans famille

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Brimstone n’est pas exactement une comédie romantique, il y a quelques indices visuels qui vont dans ce sens.

Brimstone est le premier film pour l’international du réalisateur danois Martin Koolhoven, ce qui lui permet de nous offrir un western atypique quelque part entre la nuit du chasseur, l’influence principale revendiquée, et El topo pour les délires malsains assumés. Ses compositions de plans sobres et épurées, ses tons glacials et son regard chirurgical sur cette époque difficile dissèquent pendant deux heures et demie la vie de sa malheureuse héroïne à travers différentes époques. Chacune la faisant s’incarner dans différentes actrices dont l’excellente Dakota Fanning, durant sa lutte pour survivre au pasteur Guy Pearce la traquant si inlassablement que l’on donne presque dans une version amish de Terminator.

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Dans l’absolu, l’impérieux besoin esthétique qui anime chaque scène avait tout pour séduire mais après ce marathon ponctué d’un accouchement difficile, de baillonage aux instruments de torture, de viols et violences en tous genres, pendaison, noyade, fusillades, mutilations diverses à degré de consentement variable et l’apparition malheureuse d’un Kit Harington en cow-boy solitaire plus rantanplan que Lucky Luke, il est difficile d’en sortir avec un enthousiaste communicatif.

La morale ? L’héroïne est une battante. Effectivement, on a remarqué qu’elle a bien morflé.

La démarche du réalisateur/scénariste, féministe revendiqué, revient à faire un catalogue touchant à l’exhaustivité des violences faites aux femmes, ou plus généralement à toute personne pourvue d’une conscience. Le moindre personnage un brin gentil se faisant automatiquement humilié puis exterminer par cet enfer sur terre couleur western.

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Si Kit Harington vaut pas tripette, Carice Van Houten se défend pas mal mais plus que le casting de Game Of Thrones, c’est Dakota Fanning qui terrifie à chaque apparition, possédée comme dans American Pastoral.

Se servir de son cinéma comme un théâtre des horreurs implique une maîtrise virtuose et un équilibre absent ici. Le scénario n’a pas un gigantesque intérêt puisque chaque partie présente un nouveau décor, un village de bigots alcooliques, une secte de bigots sobres, un tripot sordide mais l’on comprend rapidement que l’issue de chacune des parties sera toujours cruelle. Ça va pas bien pour l’héroïne, Guy Pearce arrive et c’est immédiatement pire. La présentation non chronologique de ses segments n’entraîne qu’un enthousiasme modéré puisqu’elle permet de répondre à des questions que l’on ne se posait pas vraiment sur le passé de la jeune fille. Le principal problème étant qu’en présentant un symbole du mal absolu face à une héroïne aussi infaillible que juste, on perd toute la réflexion d’une nuit du chasseur oú Robert Mitchum apportait une terrifiante humanité à son personnage de prêtre salaud. Guy Pearce et son alter-ego Dakota Fanning jouent à qui aura le regard le plus intense, ce n’est pas inintéressant mais en deux heures trente, il y avait le temps de développer d’autres thèmes. Les vingt dernières minutes bien longuettes n’aboutissent qu’à une pensée : « tout ça pour ça… ».

Même si Brimstone recèle des qualités cinématographiques indéniables, son ambition trop dénuée de finesse le résume à une accumulation de séquences sadiques au début surprenantes, puis attendues, et enfin barbantes.

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Comme cette parodie de la toile de Grant Wood, le film a une forme de western mais un fond taillant un sacré portrait de cet âge de ténèbres.

Brimstone

  • Est
  • N'est pas
  • Un western atypique
  • Nuancé dans son propos, il n'y a pas de lumière au bout du tunnel
  • Une lutte bien/mal représentée par Dakota Fanning/Guy Pearce
  • Sans répétition dans sa structure ou de longueurs dans son final
  • Sans concessions dans ses idées et la violence qui les souligne
  • Aussi bon que son modèle, l'impérissable La nuit du chasseur
  • Un récit en quatre parties non chronologiques
  • Toujours pertinent dans ses choix de casting
Si t'aime la douleur / 20