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Les déceptions du grill

C’est Beau La Vie Quand On y Pense

Pas dans ce cas.

Chroniquer « C’est beau la vie quand on y pense » me fait l’effet d’un crève-cœur car normalement j’aime bien les films de Gérard Jugnot. Et même si sur le papier, ses œuvres ressemblent à des comédies bien franchouillardes du dimanche soir, il ne faut pas oublier que le bonhomme a un sacré talent pour parler de sujets sociaux bien casse gueules auprès d’un public populaire. Bref, exactement ce que j’aurais aimé voir ici.

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Soyons honnête, on n’est pas en présence d’un Jugnot majeur (« Une époque formidable », « Monsieur Batignole »), ni d’un Jugnot mineur ( « Meilleur espoir féminin », « Pinot simple flic », « Casque Bleu ») mais d’un Jugnot très bancal, une sorte de petit plaisir masochiste que tu classes sans trop de mal entre « fallait pas ! » et « Rose et noir ». Pourtant, je ne nie pas que le projet partait avec toutes les meilleures intentions du monde mais son histoire de père absent qui part à la rencontre du receveur du cœur de son fils décédé ressemble à un pot-pourri des comédies françaises de la fin des années 90 et du milieu des années 2000. Si enchaîner une heure trente de situations clichés et de personnages aussi transparents que caricaturaux ne m’a pas indigné, je ne peux pas dire que ce fut un immense plaisir.

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Le tuteur qui enseigne la mécanique à son protégé, j’ai déjà vu ça dans Fiston. Le problème c’est que ça avait plus de sens dans ce dernier.

Alors, à qui la faute ? Facile de tirer à boulets rouges sur Jugnot en lui reprochant d’avoir troqué un sujet intéressant, les regrets de la paternité, pour un lot de gags usés jusqu’à la corde, un antagoniste plus stupide que méchant, une page Word d’idées ressassées sur les conflits intergénérationnels et une brouette de bons sentiments bien collants. Personnellement, je pointerai du doigt un processus d’écriture assez complexe où l’acteur-réalisateur français décide de troquer les services de son habituel complice d’écriture, Philippe Lopes-Carval, pour ceux de deux jeunes scénaristes débutants, avant que Guy Laurent, coscénariste de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu » et d’« À bras ouverts », ne soit sollicité afin d’égayer une première version du script jugée trop sombre par l’ancien de la troupe du Splendid ( je tiens l’information de Jugnot himself lors d’une avant-première en sa présence). Autant, je n’ai rien contre cette démarche surtout si son but est de respecter une vision d’ensemble mais quand ton climax ressemble à une mauvaise caméra cachée, il faut se poser les bonnes questions.

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Peut-être, l’un des coups de foudre les plus rapides que j’ai vu dans ma vie de cinéphile.

Dommage, le jeune François Deblock se démène bien pour donner la consistance à son personnage de jeune délinquant paumé mais sympathique. Quant au reste des acteurs , si on exclut du lot un Bernard Le Coq atrocement mauvais, ils font le taff sans grand génie. Reste une réalisation mollassonne dont les seules idées potables sont des morceaux de homards qui volent dans une cantine et des paysages filmés comme des cartes postales.

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Bon, comme ça, ça ne paye pas de mine mais mis en mouvement avec les déchets des autres tables, c’est autre chose.

« C’est beau la vie quand on y pense » ne ressemble pas un à un énième accident commercial mais à l’œuvre d’un cinéaste voulant se relever de son dernier échec comme on essaye de récupérer une ex. Mal préparé, bourré de grosses maladresses et extrêmement poussif dans son exécution, le constat reste sans appel et si tu aimes « Une Époque Formidable » ou « Monsieur Batignole », il fait très mal.

C’est Beau La Vie Quand On y Pense

  • Est
  • N'est pas
  • Très mal écrit, bourré de situations clichés et de personnages caricaturaux.
  • Le meilleur film de Gérard Jugnot mais incontestablement l’un de ses moins bons.
  • Pas trop mal interprété si on exclut un Bernard le coq atrocement mauvais.
  • Un énième accident industriel mais une proposition de cinéma très maladroite.
  • Doté d’une mise en scène mollassonne et dépourvue de (bonnes) idées.
  • Dépourvu de bons sentiments, il y en a même trop.
  • Totalement passé à côté de son sujet.
  • Le renouveau de la comédie dramatique à la française, pour ça allez voir Patients.
flop / 20