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Festival de CannesLe Grill a aimé

Cold War

Douleurs et douceurs de l’amour

Cold War, dernier film de Pawel Pawlikowski, est l’une des raisons pour lesquelles j’aime le cinéma : quand il nous fait découvrir une histoire à travers des moyens nouveaux. Ici, c’est la mise en scène qui détonne, d’ailleurs primée au dernier festival de Cannes. En fait, Cold War pourrait se découper en scénettes indépendantes les unes des autres. Cette construction peut être assez déstabilisante puisque les ellipses sont grandes (on saute facilement dans les années d’une scène à l’autre par exemple) et les enjeux si conséquents qu’il est parfois difficile d’y croire.  Mais ce rythme impose qu’on le suive et, au moins, il ne s’embarrasse pas des détails inutiles de scénario ou d’une mise en scène attendue.

L’image est subtile et gracieuse et même si le film commence depuis peu, les amants s’aiment déjà follement.

Le film suit l’histoire d’un couple d’amoureux sur une vingtaine d’années. Wiktor (Tomasz Kot) est musicien, chef d’orchestre et Zula (Joanna Kulig) est chanteuse. Ils viennent de Pologne et se rencontrent à la fin de la seconde guerre mondiale. Très vite le pays suit l’exemple de l’URSS, le communisme s’installe et envahit tout, jusque la musique de Wiktor. La situation politique de leur pays prend le pas sur leur amour qu’ils vivront tantôt caché en Pologne, tantôt affirmé mais souffrant en France. Cold War nous plonge dans les contrées éloignées de Pologne, les rues de Berlin avant la construction du mur et l’agitation parisienne d’entre deux guerres, tout cela au rythme de la musique et de l’amour des personnages. Si le film parle d’amour impossible, il parle aussi de déracinement et de politique avec pudeur. Chaque plan nous suggère une idée, un désir, une souffrance. On a rarement l’occasion de voir autant de subtilité au cinéma, mais surtout autant de beauté.

Le personnage de Zula est un délice : son teint laiteux de femme enfant se laisse emporter par sa fouge et sa volupté. Son caractère, sa répartie et sa passion font d’elle un personnage de cinéma qui marque.

Concernant la beauté et le sublime du film, il y a déjà le noir et blanc qui nous plonge encore plus dans l’histoire et l’ambiance d’époque. Puis, c’est aussi la musique qui prend aux tripes. Aux musiques folkloriques et chants patriotiques polonais s’oppose le jazz, symbole d’un mode de vie occidental . Si le fond historique sert la trame amoureuse, c’est aussi la musique du film qui porte ses enjeux ainsi que les conflits internes des personnages. Cold War propose une nouvelle vision du conflit Est-Ouest à travers tout ce qui se fait de plus beau au cinéma : un couple attachant, un propos efficace, un délice visuel, une qualité de mise en scène et une originalité de construction. Bien que riche et dense, le film est étonnamment court (moins d’une heure trente) et permet à Pawel Pawlikowski de rendre hommages à ses parents, protagonistes de l’ombre et couple sulfureux dont ce film s’inspire.

Cold War

  • Est
  • N'est pas
  • Un voyage d’amour
  • Un film en noir et blanc classique
  • Une proposition musicale
  • Un exposé politique sur la guerre froide
  • Une nouvelle vision de la guerre froide
  • Une histoire d’amour ordinaire
  • Déstabilisant mais séduisant dans sa mise en scène
  • Beau, il est sublime !
proche du 20 / 20