[Insérer titre rigolo]
Objectivement Deadpool est un bon film de super héros qui sort un peu du lot grâce à son second degré permanent, pouvant paraitre lourd à la longue pour certains. Bien qu’un peu fauché, 50 millions de dollars, ce n’est pas vraiment un petit budget mais c’est trois à cinq fois moins que le cout moyen d’un film Marvel, il assure le service minimum d’une série B bourrine sans véritable temps mort qui ravira les amateurs du genre.
Subjectivement ça fait sept ans que j’attendais un film Deadpool de cette qualité et j’ai eu un sourire béat pas loin de celui du gamin lobotomisé de la pub kinder pendant la moitié du film.
Deadpool se retrouve dans l’univers X-Men un peu par hasard, plus par découpage des droits d’adaptation des Marvel entre disney, sony et la fox que par cohérence avec les comics. D’un autre côté la saga X-Men étant un tel bordel au-delà du troisième épisode, je vois parfaitement plusieurs films Deadpool exister sans entrer en conflit avec cet univers complètement incohérent sur grands écrans.
Deadpool c’est de l’or en barre pour le fan du comic, jamais un film de super héros n’a autant collé à l’esprit de son personnage. Pour faire simple ce qui distingue Deadpool de ses congénères en collant lycra moulant, c’est qu’en plus d’être immortel, il a avant toute chose conscience qu’il est un personnage de fiction. Ainsi il n’est pas rare au sein d’une case qu’il sorte à un personnage qu’il mourra dans deux pages ; la cohérence narrative c’est un peu sa chose. À ça il faut ajouter son sens de l’humour qui ferait passer Américan Pie pour du Shakespeare. Galimatias de référence à la pop culture, à des vannes dignes d’une anthologie carambar et de références sexuelles aussi subtiles que le titre de la parodie porno d’ET l’extraterrestre (ET : l’extra testicule, 10 points pour ta culture perso).
Pourquoi ce héros est si populaire alors ? D’autant plus qu’il est relativement récent, apparu en 1991, un jeunot face aux 75 ans de Batman et aux 53 ans d’Iron Man. Peut-être justement parce qu’il est la personnification de toutes les incohérences propres aux comics, il a conscience du ridicule de ces codes et joue avec pour notre plus grand plaisir. Mais du coup le film, sans laisser le néophyte de côté, est avant tout une friandise d’aficionados qui repéreront tous les détails laissés à leur intention au détour d’un dialogue, d’un personnage ou d’une figurine.
De nombreux personnages propres à la série Deadpool se retrouvent dans le film en des versions alternatives de leurs homologues papiers, comme Weasel ou Blind Al, par contre le film réussit à introduire un ajout de taille sans se louper : la copine de Deadpool.
Pourquoi une telle tartine sur le personnage de comics ? Parce que je suis persuadé que l’on ne peut apprécier ce film à sa juste valeur que si l’on a conscience de ce que l’on va voir. Deadpool n’est pas une parodie du film de super héros, il est un personnage qui a conscience d’être dans un film de super héros tout en poursuivant des objectifs propres à l’histoire. On est proche de l’esprit d’un Galaxy Quest, dans un équilibre entre le scénario presque anecdotique de vengeance qui structure le tout et les dérives composées de multiples références aux autres films tirés de comics ou à leurs acteurs, Green Lantern en tête, qui fourmillent dans chaque scène.
Parfaitement conscient qu’il sort la semaine de la saint Valentin, la campagne marketing ultra féroce du film a pas mal joué sur ça.
Ainsi le film a été fait en toute connaissance de cause, par un fan pour des fans. Ce fan c’est Ryan Reynolds qui rêvait depuis dix ans d’incarner Deadpool. Du coup l’année dernière il a tourné avec Tim Miller une scène du script qui a fini sur Youtube, entrainant un buzz énorme et permettant au film d’être monté sous sa forme actuelle, sans concessions au niveau de la violence et des insultes à l’écran. C’est dingue de voir un acteur prendre tellement à cœur un personnage de pur divertissement, vengeance réussie de Reynolds sur sa carrière, lui qui est un des acteurs le plus fan de comics qui soit et ironiquement celui qui a joué dans le plus d’adaptation désastreuse : Blade Trinity (2004), X-Men Origins Wolverine (2009), R.I.P.D. Brigade fantôme (2013), Green Lantern (2011), Mes yeux pleurent du sang (maintenant).
Avec Buried et The Voices, Ryan Reynolds signe un de ses meilleurs films. Et l’excellent démarrage de Deadpool prouve qu’il a eu raison de ne pas sacrifier la violence déjantée propre au personnage pour viser le grand public. Par contre je m’attendais à au moins une référence aux nachos… du coup je mettrais pas 10/10.
Alors oui, même avec ce parti pris Deadpool ne dépasse jamais son ambition de base de simple divertissement, la faute à un manque d’envergure au niveau du scénario et du budget qui ne permet pas (trop) les délires visuels des blockbusters Marvel (comme la mythique scène avec Kicksilver dans Days of the futur past), les décors relativement pauvres (une portion d’autoroute, un bar et un porte-avions échoué par Magneto dans je ne sais quel film de la saga) et le casting limité (pas de Wolwerine, Capitaine Picard ou autres, on se limite aux seconds couteaux).
Mais comme pour son apparition en comics, Deadpool arrive au bon moment dans une période où l’on a cinq ou six films de super héros par an pour nous faire rire un bon coup en prenant tout au second degré, mené par Ryan Reynolds qui tourne enfin le film d’action qu’il rêvait de faire depuis toujours. Pour les fans, par des fans, jusqu’au bout.