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Le Grill a aimé avec réserves

Démolition

Deuil tragi-comique

Démolition commence par un accident de voiture que subit le couple Mitchell. La femme Julia décède d’une hémorragie cérébrale tandis que son mari Davis, talentueux banquier d’affaires, s’en sort quasiment indemne. On comprend assez vite que l’on va suivre le processus de deuil de ce dernier. J’ai de suite pensé que j’étais devant un énième mélodrame hollywoodien mais le paquet de M&M’s que voulait obtenir son héros se bloqua dans le distributeur de l’hôpital et le film prit une tournure différente à laquelle j’espérais sans trop y croire.

Demolition toronto film 16

 

Notre anti-héros va, principalement, passer sa phase de déni à écrire des lettres de réclamation à la compagnie qui a installé le fameux distributeur. Elles vont progressivement se transformer en confession sur ses souvenirs avec sa femme mais aussi sur sa vie sans elle, ce qui va toucher irrémédiablement Karen, responsable du service client de la société en question, qui va de suite essayer de prendre contact avec Davis au moment où ce dernier commence à sombrer dans la phase de la colère. Il va faire du proverbe « démolir pour mieux (se) reconstruire » son credo quotidien afin de briser sa carapace pour mieux réapprendre à vivre et aimer.

 

Demolition jake gyllenhaal

 

Le nouveau Jean Marc Vallée montre alors son vrai visage, le plus intéressant, qu’il va tenir pendant les 3/4 de sa durée : un beau moment de folie tragi-comique alternant les passages drôles, solaires, barrés, cyniques (n’hésitant pas à désacraliser la conception du succès à l’américaine), poétiques tout en offrant des instants d’émotions à fleur de peau. Ce résultat est dû, notamment, à la qualité du scénario de Bryan Sipe qui permet de nous surprendre aussi bien au niveau de l’écriture de ses personnages, tous brisés ou en plein doute mais tout en gardant leurs forces ou leurs côtés loufoques, que dans le traitement de son histoire notamment, en donnant beaucoup moins d’importance à la relation entre Karen et Jake que pouvait nous laisser penser la bande d’annonce, faisant de chaque épreuve un moyen pour son personnage principal d’avancer.

 

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Sauf qu’il y a ce dernier acte, où Démolition tombe dans la surenchère dramatique facile rendant sa fin assez convenue et prévisible, ce qui est dommage tant le film arrivait jusque là à ne jamais tomber dans le mélodrame lourdaud et trop larmoyant. Pour autant, je préfère garder le positif.

Je vous ai déjà parlé de l’écriture, maintenant abordons le casting. Jean Marc Vallée a sous sa direction une Naomi Watts bien loin de ses dernières prestations en demi-teinte, un Chris Cooper en grande forme et la révélation Judah Lewis tous relégués au second plan par Jake Gyllenhaal. Ce dernier livre (encore) une prestation remarquable sur une partition complexe car Il arrive à insuffler une empathie immédiate à un personnage, au premier abord trop centré sur lui-même, antipathique tout en démontrant qu’il est à son aise aussi bien dans le registre de la folie que celui de l’émotion. La mise en scène du réalisateur québécois, malgré le fait que sa caméra tremble beaucoup trop, est très esthétique, parfois onirique et arrive, à certains moments, à nous faire ressentir le cheminement intérieur de Davis. La bande originale atypique du film, mélangeant aussi bien du Azanavour que du Heart (me rappelant au passage au bon souvenir de Crazy on You), est de bonne facture.

 

Demolition movie 01

 

Au final, je maudis vraiment ce dernier acte car sans cela, on aurait eu droit à un film sublime.

 

Démolition

  • Est
  • N'est pas
  • Drôle, solaire, barré, cynique et poétique tout en offrant des moments d’émotions à fleur de peau
  • La romance sur fond de deuil que nous laissait présager la bande d’annonce
  • Assez bien écrit car il nous offre une galerie de personnages intéressants et déjoue nos attentes
  • Sans un dernier acte qui sombre dans la surenchère dramatique facile même s’il….
  • Bien interprété notamment Jake Gyllenhaal (encore une fois) exceptionnel
  • ….Un mauvais film loin de là mais ça gâche les intentions de départ
  • Assez bien pensé au niveau de sa mise en scène
  • Sans une caméra qui tremble beaucoup trop mais je chipote
Je te maudis dernier acte, je te maudis. / 20