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Festival de Cannes

Festival de Cannes: Jour 5

Pour ce cinquième jour, je choisis de ne me consacrer qu’à des films de la compétition. Qui peut me jeter la pierre quand on sait que les nouveaux prétendants à se présenter pour la palme d’or ne sont nuls autres que Yorgos Lanthimos, Michael Haneke et Hong Sang soo.

Commençons par le premier. Dès le titre, « The Killing of a Sacred Deer » s’annonçait comme un sacré programme. Yorgos Lanthimos s’approprie les codes de la tragédie grecque pour dépeindre l’histoire d’un brillant et arrogant chirurgien qui voit le fils d’un ancien patient, qu’il a pris sous son aile, jeter une terrible malédiction sur sa famille. Pour l’arrêter, il devra tuer de ses propres mains l’un des membres de sa famille. Radical, dérangeant, absurde et glaçant sont les mots pour résumer le  nouveau long métrage du réalisateur grec qui brise au passage un bon nombre de tabous de l’histoire du cinéma mondial. Pourtant, il s’agit certainement d’un de ses longs métrages les plus aboutis aussi bien sur le fond, où sa réflexion sur la mort, la culpabilité, l’impuissance et l’absolution nous stimulent, que sur la forme avec sa mise en scène esthétiquement parfaite. De plus, la distribution est  de très grande qualité avec un trio Nicole Kidman/Colin Farrell/ Barry Keoghan époustouflant. Si sa malédiction n’évoluait pas de manière aussi aléatoire, j’aurais crié au génie mais reste que je me suis pris quand même une vraie claque. Donc, je vous conseille de ne pas vous laisser convaincre par une presse française qui a copieusement balayé le film du revers d’une main, mais de vous laisser tenter, si vous avez le cœur bien accroché car il ne mérite pas toute cette haine.

Ensuite, je me suis pointé pour un deuxième tour dans la salle du palais pour répondre à la question que toute la croisette se posait : est-ce que le dernier film de Michael Haneke est taillé pour recevoir une troisième palme ? La réponse est clairement non car son « Happy end » se révèle être un pot-pourri de son cinéma. Il survole tous ses thèmes de prédilection dans une succession de scénettes déstabilisantes qui manquent clairement de liant. Dommage car son histoire de famille bourgeoise qui vole progressivement en éclat aurait mérité plus de soins et d’audace. Surtout que les acteurs jouent vraiment bien et que l’utilisation de nouvelles technologies, comme Snapchat ou Facebook, dans la mise en scène de l’Autrichien est parfois brillante. Une déception.

Enfin, « The Day After » de Hong Sang Soo s’annonçait comme un film intéressant avec son histoire de vaudeville à quatre personnages où un patron d’édition, ayant vécu une histoire d’amour avec son ancienne secrétaire, se retrouve dans une position délicate après que son épouse ait trouvé une lettre d’amour dans une de ses poches. Il décide de laisser croire à cette dernière que sa maîtresse n’est autre que sa nouvelle employée. Sauf que sur une heure et demie de long métrage, seule une quarantaine de minutes sont de qualité. Le reste est assez nébuleux car on ne voit pas où le cinéaste coréen veut nous mener. Restent une bonne direction d’acteur, une belle utilisation du noir et blanc ainsi qu’une certaine tendresse mélancolique qui nous empêche de sombrer dans du sous Rohmer chiant.

Je suis obligé de m’échapper 48 heures de la croisette, mon retour se fera mercredi dans l’après midi.