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Le Grill a aimé avec réservesMostra de Venise 2018

La Ballade de Buster Scruggs

À l’origine, « La Ballade de Buster Scruggs » devait être une mini-série d’anthologie de six épisodes commandée par Netflix et ayant pour thème l’ouest sauvage, sauf que pour une raison que l’on ignore, les frères Coen ont transformé leur création en un film à sketches de deux heures treize minutes. Et ce n’est pas Netflix qui va s’en plaindre, vu que le long métrage a raflé le prix du scénario à la dernière Mostra de Venise et serait bien positionné dans la course aux Oscars. Pour autant, le changement de format est-il qualitativement payant ? Joker.

Ce n’est pas la première fois que les Coen traitent de l’époque du Far West mais disons que « La Ballade de Buster Scruggs » est loin d’être une pâle copie de « True Grit ».

Le problème est que l’on sent que le passage de la série au film résulte plus d’un constat d’échec que d’une véritable volonté artistique. Les Coen n’avaient pas suffisamment de matière pour développer des épisodes de durées égales. Les six histoires oscillent entre 10 minutes pour la plus courte et 45 minutes pour la plus longue et chacune est ancrée dans un genre propre. Ainsi, on passe de manière abrupte d’un récit à l’autre. Le spectateur va se retrouver ballotté entre la comédie satirique, l’absurde bien noir, le drame, le western spaghetti et le crépusculaire avec comme seul liant un narrateur omniscient qui feuillette les pages d’un grand livre. La promesse du titre n’est même pas tenue, le fameux Buster Scruggs n’apparaît que dans le premier segment pour disparaître purement et simplement par la suite. Le film aurait pu s’appeler « Six histoires sur le Far West » que cela n’aurait pas changé grand-chose, ce qui a renforcé ma sensation de me retrouver face une œuvre sacrement hétérogène.

Reste que, mis à part ce gros défaut, « La Ballade de Buster Scruggs » contient de sacrés moments de grâce. Pour moi, trois des six récits sont de vrais de petits bijoux d’écriture et les Coen savent toujours aussi bien se servir d’une caméra que s’entourer de bons acteurs. Parmi les souvenirs qui m’ont marqué au fer rouge, je pourrais vous parler d’un James Franco méconnaissable en bras cassé du braquage de banque , du chanteur Tom Waits épatant dans le rôle d’un chercheur d’or halluciné et d’un échange surréaliste entre 5 personnes dans une calèche qui pourrait faire penser à du Tarantino. Vous l’aurez compris « La Ballade de Buster Scruggs» est une œuvre aussi intéressante qu’inégale mais pour autant, ne boudez pas votre plaisir car il y a de beaux moments de cinéma dans ce sacré bordel.