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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)

Le Grill au Pifff 2018 : Ouverture

Le Little Miss Sunshine du film de Zombies

Le Paris International Fantastic Film Festival pose ses quartiers au Max Linder Panorama pour une petite semaine afin de nous en mettre plein la vue – dans l’idéal – avec une sélection de la crème de la crème du cinéma de genre mondial.

Ouverture hier soir, salle comble, barbus à casquette un peu partout, une tonne de T-Shirt avec des références culturelles et une moyenne de 2.4 tatouages par personne, yep je me suis pas trompé de salle. Présentation du bouzin par Fausto de Mad Movies (en gros, les organisateurs du festoche), mi-homme mi-encyclopédie du cinéma fantastique. Double programme ce soir : Assassination Nation et Ne coupez pas ! (Kamera o tomeru na! ou One cut of the Dead).

Assassination Nation : Instagram m’a tuer

Très partagé. Le deuxième film de Sam Levinson, fils de Barry Levinson (réalisateur de Good Morning, Vietnam et Rain Man), également scénariste, a de sérieux atouts. Sa caméra pour commencer, Marcell Rév en directeur de la photographie – White God et surtout la Lune de Jupiter – fait des merveilles, si en plus on conjugue ça à une esthétique “clipesque” assumée, on aboutit à une inventivité formelle qui fait souvent mouche. Une scène de rupture qui joue avec une voix off ou un plan séquence de home-invasion vu de l’extérieur d’une maison dilatant la scène à travers cinq ou six points de vue se posent là, d’autant que le film a un budget plutôt modeste pour les USA. Chapeau.

Mais à côté, bon, ça a beau être joli à regarder, ça sonne creux.

De ses quatre héroïnes, une seule va vraiment être développée (Odessa Young), deux éventuellement avec sa copine transgenre (Hari Nef), dans cette ville de Salem qui va vivre une nouvelle chasse aux sorcières. Oui, ce film est fin comme un sandwich beurre-pâté. Un hacker va rendre public les données personnelles de tout le monde et dans le chaos qui s’ensuivra, nos bons citoyens un brin réacs vont s’en prendre un peu gratuitement à nos héroïnes en pompant allègrement sur Américan Nightmare (grosse référence). Nos bimbos pas bêtes pour autant savent répliquer mais ces protagonistes ne sont pas assez travaillés que pour s’extirper de l’oubliable. Son propos féministe se dégonfle comme dans Revenge ou The Bad Batch avec lequel il partage beaucoup de points communs, il est là mais le récit n’en fait pas grand-chose.

Bref, un énième film faussement impertinent prêchant d’un côté la tolérance mais qui de l’autre côté affirme que le seul moyen de résoudre une situation violente est de l’attaquer frontalement avec encore plus de violence. S’il dit avec beaucoup de panache ce qu’il a à dire, dommage que son message tienne sur un timbre-poste et qu’il soit étalé sur 2h.

 

Ne coupez pas !

Énorme coup de cœur pour ce film qui a failli demeurer ultra-confidentiel. Il s’agit du projet d’étudiants en cinéma japonais qui devait être diffusé une semaine dans un seul cinéma Tokyoïte fin 2017. Le bouche à oreille aidant, il devint un petit phénomène à deux millions d’entrées repris dans les plus grands festival de films du pays puis du monde où il déchaîne les passions.

Mais alors c’est quoi ce miracle ? Tourné avec une caméra de reportage télé en un seul plan avec un son en prise directe (bonjour les échos), Ne coupez pas ! commence comme un film de zombis fauché à la Blair Witch/Rec/Cloverfield/Paranormal activity. Bref, du déjà vu ad nauseum, mal fait qui plus est. Bien évidemment, on comprend rapidement que là n’est pas le sujet, le film s’intéresse plus particulièrement au tournage de ce genre de production sans ambition. Mieux ! Il fait l’exploit de réussir à capter le moment un peu magique où un mauvais film devient quelque chose d’inoubliable et de touchant grâce au talent, à la débrouille et à l’énergie de ses créateurs.

Ce feel good movie à tiroirs, malin dans sa construction reposant sur des twists sacrément bien sentis, aux personnages attachants, est vraiment une pépite du cinéma mondial. Parfaitement tout public, prenant de l’ampleur au fur et à mesure qu’il se dévoile en passant du nanar sympathique à une déclaration d’amour folle à la création, il est définitivement à découvrir.

Sortie française en mars 2019 a priori, à retenir.