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Le Grill a aimé avec réserves

Le Sens De La Fête

….et de la comédie ?

 

Après un virage un peu plus dramatique, le duo Toledano/Nakache revient à la comédie pure. Leur Sens de la fête dépeint le joyeux bordel ambiant des coulisses d’une réception de mariage. La comédie française de l’année ? Presque.

Du moins, difficile de nier le soin accordé à la structure narrative du film car « Le Sens de la Fête » est avant tout un excellent récit choral. S’articulant autour du personnage pivot (et principal) du traiteur incarné par Jean-Pierre Bacri, ce sont une dizaine de seconds couteaux qui se déploient autour de lui. Si on n’évite pas certains clichés, tous apportent une part de singularité à l’histoire. De la noire grande gueule au photographe roublard en passant par le prof de français raté et le futur marié vaniteux, il y a à boire et à manger dans chacune de leurs interactions impeccablement fluides. D’habitude, quand une comédie française ne sacrifie pas la moitié de ses personnages au bout de trente minutes de film ça me réjouit, là, voir un aussi large réseau de personnages aussi bien écrits m’emplit de joie. Surtout que le sens du détail du duo de cinéastes le rend incroyablement vraisemblable.

Bon après, si vous voulez voir un film choral plus audacieux, « Reception-Save the date » et ses dix-huit personnages arborent une taille de cojones de plus.

Le hic de ce bel ouvrage se situe dans les trajectoires des personnages incroyablement prévisibles et certains choix de castings légèrement faciles. Par exemple, Bacri fait du Bacri mais si le personnage du vieux traiteur bougon lui colle impeccablement à la peau, difficile de rire aux éclats lorsque le duo de cinéastes essaie de capitaliser sur un de ces agacements légendaires pour créer un grand moment de comédie. Pas dramatique en soi mais il y a un certain sentiment de frustration à deviner à l’avance les gags. Certes, certains fonctionnent admirablement bien mais on le doit plus à une direction d’acteurs admirable dont il est difficile de sortir un interprète du lot et un sens du rythme aussi précis qu’un coucou suisse qu’a un réel sentiment de surprise.

De Bacri à Macaigne, en passant par Lellouche et l’actrice fétiche de Xavier Dolan, Suzanne Clément, ils sont tous parfaits. Même, Jean Paul Rouve y trouve son meilleur rôle depuis un bon moment.

C’est donc par manque de folie ainsi que de fraîcheur que je trouve que le sens de la fête pêche, aussi bien dans une partie de son écriture que dans sa mise en scène (trop) fonctionnelle malgré quelques moments de grâce où poésie et comédie font bon ménage. Poids plume face à la fresque romanesque acidulée de Bedos ou au délire méta pop d’Hazanavicius, « Le Sens De La Fête » reste quand même qualitativement au-dessus de la plupart des divertissements français sortis cette année. Pas la comédie française de l’année, ni le meilleur film du duo Toledano/Nakache mais un bon moment qui vaut le prix d’une place de cinéma, c’est déjà ça.

Le Sens De La Fête

  • Est
  • N'est pas
  • Un excellent film choral
  • Surprenant, les trajectoires des personnages sont prévisibles et les gags ne transpirent pas la fraîcheur même si certains font mouche.
  • Servi par des interprètes de grande qualité
  • Doté d’une grande mise en scène malgré quelques idées ça reste très fonctionnel
  • Bien écrit essentiellement en ce qui concerne les personnages
  • Sans quelques clichés et choix de castings faciles
  • Très bien rythmé
  • La comédie de l’année mais un film très sympathique qualitativement au-dessus de 90% des divertissements français sortis cet année.
Très agréable mais pas mémorable / 20