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Le Grill a aimé avec réserves

L’Empereur De Paris

En ce mois de décembre 2018, Jean-François Richet nous offre une nouvelle version du fameux Eugène-François Vidocq. Porté à l’écran de nombreuses fois depuis 1911, c’est au tour de Vincent Cassel d’endosser le rôle de celui qui fût successivement délinquant, bagnard, indicateur, policier et enfin détective privé. Dans le Paris du XIXème siècle, sous l’ère Napoléonienne, l’ex-bagnard cherche à se faire oublier en vendant des tissus sur les marchés. Mais son passé le rattrape et Vidocq se voit accuser d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Il décide alors de faire affaire avec le chef de la sûreté en échange de sa liberté. Naturellement les choses vont se compliquer …

Vincent Cassel retrouve le réalisateur Jean-François Richet pour une troisième collaboration après le très réussi diptyque sur Mesrine en 2008 et le plus anecdotique Un Moment d’Egarement en 2015. Cassel, très prolifique ces dernières années, endosse avec justesse cette légende de l’Histoire Française. Il a clairement la carrure pour porter un tel rôle. La reconstitution du Paris de l’époque est d’une précision extrême. Un travail phénoménal a été effectué sur les décors, les costumes et l’ambiance générale. Passionné d’Histoire, le réalisateur a su installer un cadre immersif pour ses personnages et les spectateurs. Sur ce point, le film est une grande réussite.

Qu’en est-il du reste ? Si l’implication des acteurs est plus que correcte, ils pataugent néanmoins dans une histoire assez brouillonne au rythme alambiqué. Il faut dire que condenser la vie de Vidocq en 1h50 de temps a dû être un véritable défi. Jean-François Richet se lance aussi par moments dans des mouvements de caméra assez hasardeux qui n’apportent rien de particulier si ce n’est de l’interrogation. Le casting est riche et chacun y trouve heureusement sa place : Denis Ménochet, Freya Mavor, August Diehl, James Thiérrée, Fabrice Luchini, Patrick Chesnais, Denis Lavant et Olga Kurylenko échangent tour à tour avec Vincent Cassel. Certains pourront reprocher l’anachronisme sur la diction et le phrasé de l’époque qui sont totalement occultés dans le film au profit d’un langage moderne.

Tourné exclusivement en France, le réalisateur se dit “redevable de son pays” et c’est tant mieux, l’exception française est à défendre. Avec son équipe, il a pu concrétiser sa vision sans aucune concession artistique et cela se ressent même si, toujours selon le réalisateur “une quinzaine de versions du script ont été écrites et remaniées ” . Respect du budget oblige. Il faut également noter que les chorégraphes et l’équipe du film ont trouvé un style de combat inédit encore non identifiable auparavant. Selon Vincent Cassel, il semblait impératif de rafraîchir le genre. Un art martial Russe a donc été choisi pour les scènes de combats. Un art peu démonstratif certes mais efficace et qui a surtout la particularité de n’avoir encore jamais été vu au cinéma. Jean-François Richet réalise ici une histoire ambitieuse et à hauteur d’hommes sans fioritures numériques ou situations rocambolesques.

Si L’Empereur De Paris ne brille pas par son scénario et ses enjeux, il demeure être un polar historique riche en scènes d’action et interprété par un prestigieux Vincent Cassel. Globalement c’est plutôt réussi (le final est de toute beauté) mais il risque d’échapper à la postérité et aurait amplement mérité de devenir une référence définitive sur le sujet.