Flamme vacillante
Dans la langue française, le mal de pierres est une jolie expression pour désigner les calculs rénaux. Maladie dont souffre Gabrielle, jeune esprit libre qui, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, est assez malheureuse dans son mariage de raison avec un paysan bourru et ne rêve que du véritable amour. Ce dernier, elle va le trouver, bien des années plus tard, lors d’une cure thermale avec un lieutenant revenu d’Indochine et souhaite le vivre intensément, quitte à tout perdre.
Adapté d’un roman (pas trop mauvais d’après l’avis de mes éclaireurs sens critique) de Milena Agus, le nouveau film de Nicole Garcia est, comme vous l’avez compris, un drame romanesque sensuel mais insipide. Le problème vient de la mécanique globale, sage et artificielle
Ce qui me frustre car Garcia et son complice Jacques Fieschi (qui a notamment cosigné les scénarios des derniers films de Sautet) avaient pourtant, sur le papier, tous les éléments en main pour réussir quelque chose de pas trop mal : son triangle amoureux complexe mais fascinant, son héroïne forte et son twist final assez imprévisible. Sauf que l’histoire est maladroitement exploitée, certains personnages secondaires manquent cruellement de profondeur et surtout le film ne passionne (presque) jamais.
Pourtant la reconstitution de la France provençale des années 50-60 est sublimée par une belle photographie lumineuse et la performance de Marion Cotillard, dans le rôle-titre, alliant force et subtilité. D’ailleurs, toute la verve romanesque du film passe par la performance de cette dernière. Garcia n’insuffle aucun rythme ou élan à son œuvre. On a l’impression qu’elle pose sa caméra sans grande conviction, juste en espérant que la beauté de la direction artistique et la performance de ses acteurs arriveront à eux seuls à apporter une intensité à ce qu’elle filme. Sauf que malheureusement pour elle, mis à part Cotillard, ces derniers alternent entre le bon et trés moyen. Par exemple, Louis Garrel que j’ai l’habitude de défendre corps et âmes justifie, ici, à mes yeux, les critiques récurrentes qui lui sont faites sur son jeu (faussement) monolithique tandis qu’Alex Brendemühl signe une belle composition mais son personnage est un peu sous-exploité.
Pour tout vous dire, une bonne partie des festivaliers cannois s’est ennuyée poliment lors de sa présentation en mai dernier, lui réservant même un accueil assez frais quand ils n’ont pas crié à l’erreur de casting. Si vous avez deux heures de votre temps à tuer et que vous voulez voir une bonne performance de Marion Cotillard revoyez « La Môme », cela vous coutera moins cher.
Pour être franc, une bonne partie de la presse le défend (les gouts et les couleurs), dont Yann Moix et Philipe Rouyer (mon animal spirituel si tu veux me donner une leçon de cinéma pour m’expliquer ton point de vue, appelle-moi) mais j’ai toujours du mal à en comprendre la raison.
Willard