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Le Grill a aimé avec réserves

Miss Peregrine et les enfants particuliers

Un Burton pas particulier.

 

J’avais un peu d’espoir après Big Eyes que Burton ait fait évoluer son style pour aller/retourner vers des récits plus personnels, mais chassez le naturel… Miss Peregrine est un bon gros Burton/20, sans hésiter, dont la bande-annonce spoile les meilleures scènes d’un récit qui surprend peu sans pour autant être déplaisant.

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Eva Green signe sa deuxième collaboration avec Tim Burton après Dark Shadow mais est loin d’être le personnage central de l’intrigue, dans les autres récurrents on peut citer Terence Stamp, pas vraiment mon idée du gentil grand-père mais je suis toujours aussi content de le voir. 

Le roman à l’origine avait tout pour appâter Tim Burton en même temps (je suis quasiment sûr de l’avoir vu cité sur la quatrième de couverture d’ailleurs). L’auteur, Ramson Riggs, a créé son univers en partant de vieilles photos un brin flippante (du genre des costumes d’halloween en 1930, des enfants avec masques à gaz, etc) pour y forger son univers, melting-pot steampunk de Peter Pan à la sauce Lovecraft saupoudré de Mary Poppins et de H.G. Wells. Est-ce que c’est original ? Oui et non, c’est sûr ça fourmille d’idée mais on reste engoncé dans le carcan d’un genre littéraire qui commence à avoir un goût de ruminé : les young adults books (les livres pour ados quoi). Catégorie qui regroupe les Percy Jackson, Twillight, Hunger Games, Eragon et autres Labyrinthe où l’on a un peu toujours les mêmes types de personnages -d’ailleurs ce n’est pas Asa Butterfield en héros lambda ici et dans la Stratégie Ender, un autre représentant du genre, qui va me faire changer d’avis- avec des rebondissements et des protagonistes archétypaux assez interchangeables (la preuve, l’intérêt amoureux du héros dans le roman et le film sont deux personnages différents sans faire hausser un sourcil à qui ignore ce détail). Ça marche et tant mieux mais l’intrigue faussement complexe repose uniquement basée sur le fait que l’on ne veut pas balancer le scénario au héros pour des raisons touchant à la plus pure dissonance cognitive et sur des méchants aux motivations à peu près aussi crédibles que mon chat quand il se mange une vitre sur son chemin vers ses croquettes, difficile d’adhérer.

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L’ambiance et la gestion de la lumière dans la première partie du film, pas du tout mise en avant dans la promotion du film, est pourtant son aspect le plus surprenant.

C’est d’autant plus déplaisant que plusieurs thèmes assez accrocheurs (j’entends pour quelqu’un qui n’attend pas forcément d’Eva Green qu’elle se transforme en pigeon) sont développés en début de film : des monstres comme métaphore du nazisme, un univers enchanteur où le temps se répète comme métaphore du deuil à franchir, le tout dans des plans travaillés et une gestion de la lumière bien sympa… Puis on oublie tout au bout de 40 minutes, on fout l’image sur l’option couleurs saturé maguel (juste en dessous du jaune-JPGenet et le filtre vert-matrix tmtc) et on fonce dans un récit merveilleux qui se prend les pieds dans le tapis à chaque fois qu’on y réfléchit plus de trente secondes. On met aussi un Samuel L Jackson qui a piqué son maquillage a un nanar philippin des années 80, mais ça on va préférer l’oublier.

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Soyez particulier, ouais, ça aurait été pas mal de suivre ce conseil…

Est-ce qu’un Burton avec des poupées tueuses, un hommage à Ray Harryhausen, des Slender men à tentacules, une énième nostalgie de l’enfance dans un écrin glauque peut-il déplaire ? Non, bien sûr que non, la direction artistique (son équipe habituelle, Colleen Atwood, qui va bientôt pouvoir se faire un bowling avec ses oscars) dépote, le récit apporte son lot d’images donnant l’impression de transposer directement des concepts art mais… Mais… La grande demeure gothique rappelle Dark Shadow, le tout retombe dans l’autoparodie de la machine Burton. Miss Peregrine fonctionne, est plaisant à regarder, mais l’abandon des thématiques lancées dans sa première partie, le combat final bien vanilla aux allures de Laurel et Hardy, le côté trop simpliste du tout, s’il ne suffit pas à en faire un mauvais film, en fait un Burton mineur. Un simple tampon de qualité mais certainement pas la vision d’un auteur.

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Ouais alors ça on oublie, le look doigts dans la prise c’est déjà naze mais dites-vous qu’il sort les mêmes punchlines que dans Batman et Robin.

Miss Peregrine et les enfants particuliers

  • Est
  • N'est pas
  • En deux parties qui ne se répondent pas vraiment
  • Un film où le merveilleux sert à développer un propos personnel, malgré sa première partie, le premier degré domine
  • Plaisant en tant que film d’aventures premier degré qui pioche dans tout un tas d’univers de fiction
  • Une révolution dans la narration, le récit ressemble à pas mal d’autres histoires destinées au même public de jeunes adultes
  • Doté d’une solide direction artistique (encore heureux)
  • Le meilleur rôle de Samuel L. Jackson, il y a du razzie awards dans l’air
  • Un univers enchanteur qui ravira ceux qui n’ont pas l’impression que Burton est mort depuis quinze ans et que quelques producteurs font des trucs impies avec son cadavre
  • Un mauvais film, mais rien de particulier pour un Burton
Burton/20 / 20