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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Le Grill a aimé avec réserves

Resident Evil : Chapitre Final

Juste la fin du monde, encore.

Chronique écrite pour l’émission Cinéma Mon Amour du 2 février, replay au bout du lien.

 

C’est fini ? Ça y est on arrête le meeting coprophage annuel ? On laisse le niveau global du cinéma mondial remonter d’un gros cran ? On décide d’effacer 15 ans (2002-2017) des livres d’histoire pour espérer gagner le respect des générations futures ? On autodafe les preuves et on fait des bisous à la batte cloutée aux petits malins qui sortent encore qu’Anderson c’est pas si mal vu que The Grand Budapest Hotel était très bien.

Ah ah ah. Connard.

Resident evil final chapter cinematogrillJe ne sais pas ce qui me plaît le plus, le ralenti sur la balle, le fait qu’elle tire sur les zombies DERRIÈRE elle ou la (petite) tagline “La saga s’achève” que l’on peut comprendre au sens “la saga arrive à son terme” ou “la saga décide dans un éclair de lucidité d’en finir avec elle-même”.

Par où commencer ? L’utilisation de la 3D ? Non, je n’ai pas envie d’être grossier. Peut-être par les cinq minutes d’intro visant à faire table rase des cinq films précédents, car oui, ce n’est pas parce que Paul W.S. en a réalisé 4, les a tous produit et écrit qu’il a jugé utile de les rendre cohérents entre eux. Enfin bref, on se mange une nouvelle origin story pour reprendre là où s’était arrêté… le quatrième film. En effet, le cliffhanger concluant le cinq – Alice et Wesker mains dans la main sur la sulfateuse lance-flamme vs une armée de morts-vivants- est tout simplement éludée. En fait les personnages parlent sans cesse de ce grand moment de gloire visiblement plus intéressant que le film que l’on est en train de regarder. Un choix catastrophique qui n’entache en rien le reste car comme la drépanocytose qui devient viable en Afrique en ralentissant le paludisme, ce scénario honteux s’oublie derrière une réalisation médiocre qui va elle-même être masquée par des faux raccords à outrance qui se noient dans un scénario honteux. La boucle est bouclée, c’en est presque admirable.

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À gauche une image du cinq, sobrement appelé rétribution. C’était pas mieux mais on a une belle brochette de personnages issus du jeu quand le six nous refourgue une dizaine de déclinaison de Jean-Michel Badass. Le photoshoot de cosplayeurs par un photographe qui aime photoshop ou le casting d’une série fauchée qui tente de faire du post-apo ? Faites votre choix.

Et si ce n’était pas si nul en fait ? On s’entend, c’est une insulte à l’intelligence de son spectateur, le monteur est remplacé par un chimpanzé cocaïnomane à chaque scène d’action, le scénario à beaucoup du cadavre exquis et encore plus du foutage de gueules mais je n’ai pas vraiment pris de déplaisir à le suivre. Une fois assumé que l’on ne va pas simplement tester sa sensibilité à l’épilepsie, on se retrouve avec une Milla Jovovich au jeu de plus en plus paralysé par son botox tentant de nous faire avaler la complexité de son personnage à la philosophie nichée quelque part entre Mad Max et Noël Mamère, Iain Glen et son clone pour nous offrir deux méchants caricaturaux pour le prix d’un, prenant un plaisir visible à cabotiner comme le dernier des scientifiques fous de série Z, un compte à rebours que l’on oublie à mi-chemin et des séquences d’action d’une générosité confinant à la démesure. Pourquoi combattre dix zombies quand on peut envoyer des hordes entières contre nos héros se plaignant sans cesse du manque de munitions et d’armes alors qu’aux besoins de la scène, ils se retrouvent à défourailler du mort-vivant par douzaines, les plus grands ennemis du film étant de toute façon un couloir et un gros ventilateur.

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Iain Glen, aka le seul qui n’a pas une scène de cul dans Game of Thrones, prend tellement de plaisir à jouer le maniaque mégalo qu’il est de loin la plus grande source d’intérêt du film. L’absence de travail sur les autres personnages rend complètement ridicules leurs morts soutenues par une musique triste.

On a même droit au coup de coude d’un Anderson se voulant soudainement complice en nous refourguant les décors du premier épisode, un peu comme un grand oncle après quinze ans de thérapie nous sort avec un clin d’œil aussi appuyé que son glaucome le permet un gras « tu te souviens quand je t’ai emmené au bordel pour tes 14 ans ? ». Oui tonton Anderson, la scène avec les lasers dans le couloir était cool, passe à autre chose.

Il n’empêche que là où un Uwe Boll énerve en servant de la médiocrité beauf en se disant que son public ne mérite pas mieux, Paul W.S. Anderson n’a au contraire pas une once de cynisme tellement tout est fait pour divertir. Un peu comme une mémé qui ne cuisine pas très bien et qui te gave de dinde aux marrons à noël. Je le vois même plus proche de l’autre grosse sortie de l’autre sortie de la semaine que d’une adaptation de jeu vidéo dont il n’a plus rien à voir si ce n’est deux-trois rappels esthétiques : La La Land.

resident evil majorette cinematogrill

Un numéro de majorette contre un club amateur de fans d’air-soft,  c’est aussi ça la magie du cinéma.

D’un côté Chazelle a porté son projet six ans, en a fait un film plaisant pour son public et jouissif pour le cinéphile qui s’amusera à décortiquer les choix apportés au moindre élément le composant. A l’autre extrémité, son double maléfique, Resident Evil : Chapitre Final, conclusion d’une saga portée quinze ans par Anderson, où le néophyte pourra bien se marrer et où le cinéphile pourra repérer qu’absolument tout ce qui compose ce film est délicieusement raté ou à côté de la plaque. Avoir devant les yeux deux œuvres qui se fichent totalement des conventions, aussi ambitieuses que des blockbusters avec des budgets six fois moindres, personnellement je trouve ça beau.

resident evil hunger game même combat

Aller voir un Resident Evil une fois de temps en temps va me manquer, mais heureusement Anderson me laisse une réplique comme une lumière pour les jours sombre à venir, alors que la situation semble désespérée, un personnage féminin dont le nom ne sera jamais cité dit : « mais qu’est-ce que l’on va faire », suite à quoi un grand baraqué noir cliché de série B répond d’une voix grave « Oui ».

 

Resident Evil : Chapitre Final

  • Est
  • N'est pas
  • Oh la vache mais qu'est ce que je peux dire de bien sur ce film ?
  • Cohérent avec le reste de la saga, ni avec lui-même
  • Bien joué, enfin on est plus à ça prêt
  • Le pire film d'action qui soit, en fait il est tellement raté qu'il en devient humoristique et moins ennuyeux que la norme
  • Cynique, et c'est peut-être sa plus grande qualité
Vivement l'adaptation de Monster Hunter / 20