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Documentaires

Rocco

Qu’il est dur d’être riche est célèbre.

 

Les reportages c’est souvent bien, par exemple la semaine dernière j’ai vu The act of killing et il m’a collé à la peau trois jours, puis j’ai vu Rocco et j’ai baillé pendant une heure. C’est pas qu’il est inintéressant, Siffredi est une icône au nom aussi connu qu’un Mickey Mouse ou un Bill Gate et c’est vrai que jusque-là ça ne m’était pas venu à l’esprit d’aller creuser au-delà du symbole. A tort, avec une addiction au sexe qui le tourmente, son parcours du fin fond de la pauvreté italienne à Hollywood force le respect de même que l’équilibre familial étonnamment stable qu’il a trouvé (une femme, vingt ans de mariage ininterrompu et deux fils) en passant par un certain sens des affaires pour se maintenir à flot trente ans dans un business qui consume ses acteurs en 4 à 6 mois avec au sommet de l’échelle de valeurs perso l’image de la Mama comme pour tout italien qui se respecte, la personnalité derrière l’organe mérite qu’on s’y attarde.

Rocco film cinematogrill reportage porno“Imaginez Boogie Night réalisé par Martin Scorcese”….Je ne sais pas ce qui est le pire, Thomas Anderson qui a livré une pellicule supérieure à bien des Scorcese ? Le fait que Vice a des stagiaires comme journaliste ciné ? Le fait que ces deux noms soient évoqués pour un film à peine moyen ?

Et pourtant… La complaisance pour l’égotrip du Rocco passe de l’émotion pour ses contradictions, dans ses rapports d’une violence rare avec sa mère de même que sa soumission à la chair qu’il vit comme une malédiction, à des scènes que l’on a bien du mal à croire captées sur le vif tellement elles semblent sorties d’une séquence psychanalyse de comptoir de n’importe quelle télé réalité avec des musclés et du silicone autour d’une piscine.

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Shame, Boogie Night, le reportage Hot Girl Wanted, the Girlfriend Experience, voilà tout un tas de films flirtant avec le sujet bien meilleur que ce Rocco, pas méchant mais pas indispensable.

Un autre point plantant une galerie de personnages loin d’être inintéressante – tout particulièrement l’agent « artistique » tellement cliché qu’il incarne le cas de la réalité qui dépasse la fiction – est l’extrême pudeur de la réalisation. Attention ! Si dresser un portrait en creux de l’acte tend vers la bonne idée, conclure sur cinq minutes d’orgie soft est parfaitement inintéressant, voire gênant si on en vient à penser que les réalisateurs voulaient en faire le moment de gloire du film… Enfin s’accaparer l’étalonnage du Shame de Steve McQueen (chef-d’œuvre sur le thème de l’addiction sexuelle, on conseille très fort sauf pour les soirées DVD en famille, Rocco a dit en interview que ça pourrait être sa biographie aussi), en donnant des tons froids (bleu, gris) aux images apporte un recul intéressant face aux codes de la pornographie aux couleurs flashy et saturée mais quand on tend au gimmick au point d’avoir l’impression de passer 1h40 avec une paire de lunettes teintées dans un ciné, on se sent un peu crétin.

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Le recul prude posé envers les actions filmées (pas la peine de chercher plus que ce qui est montré au premier plan du film) entraine une incompréhension envers quiconque n’est pas familier de la filmo de Siffredi, les filles finissent avec des bleus mais ce qui est montré tiens plus du porno chic ringard que du sadomasochisme.

Rocco est un de ces nombreux reportages avec un excellent potentiel pour un format d’une heure qui se gonfle artificiellement par greffe de sous intrigues scénarisées et de moments plus contemplatifs apportant un sentiment de lourdeur à un projet qui ne manquait pourtant pas de punch à la base. Pour quelques images rares de l’après tournage façon vestiaire après match et une vision très machine à viande de ce cinéma alternatif, Rocco vaut le coup d’être découvert mais ce n’est clairement pas un projet intéressant sur le X, ni même un projet notable.

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Le grand absent du film au final à ranger dans le haut du panier des produits dérivés de 50 shades of Grey. Dommage.

Rocco

  • Est
  • N'est pas
  • Un reportage sur la vie de Rocco, du fin fond de l’Italie à un chef d’entreprise millionnaire
  • Dynamique, son format d’une heure quarante, à l’image de son héros, respire un peu trop les problèmes d’ego
  • Un angle d’attaque atypique sur la pornographie à travers le rapport au sexe de sa plus grande icone
  • Excitant ou sensuel, des thèmes abordés au traitement de l’image, le film prend un aspect froid… quitte à ne pas savoir quoi en faire
  • Peuplé de personnages à peine croyables donnant du crédit à beaucoup de clichés
  • Un reportage instructif même si découvrir la vie de Rocco vaut le coup
  • Assez cruel sur ce milieu, les carriéristes sont des requins, les arrivant(e)s des victimes
  • Sans un gros côté scripté et joué pour pas mal de scènes censées être prises sur le vif
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