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Le Grill a aimé avec réserves

Silence

1

Dans le Japon du XVIIème siècle, deux prêtres jésuites sont chargés de retrouver leur mentor, le père Ferreira, porté disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au cours de leur voyage, ils vont découvrir un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés.

3

Martin Scorsese réalise un projet personnel, qu’il a dans son tiroir depuis près de 30 ans. Il a même décidé de ne pas se verser de salaire pour tourner son film. Après La Dernière Tentation du Christ (1988) et Kundun (1997), Silence marque sa 3ème incursion dans le film religieux, genre qui lui tient particulièrement à cœur. Le cinéaste revient également à la pellicule donnant ainsi un caractère plus authentique à son histoire. Le sujet est complexe et l’histoire, basé sur des faits historiques réels, est quasiment inconnu du public occidental.

2

Andrew Garfield et Adam Driver jouent respectivement les pères Garupe et Rodrigues. Tous les deux sont vifs et impulsifs, ce sont des hommes bruts et endurcis. Les conditions de vie étaient rudes et impitoyables à cette époque, il fallait survivre. Garfield est celui qui porte le film sur ses épaules tandis que Driver est plus en retrait. Ils se posent des questions fondamentales sur le sens de leur mission et le sens de leur vie. Ils sont souvent dans le doute et dans le questionnement.

7

Liam Neeson, qui retrouve Scorsese après Gangs of New-York (2002), incarne le père Ferreira. Il est plaisant de le retrouver dans un film majeur. Lui, qui depuis quelques années, est plus cantonné à des rôles dans des films sans grand intérêt (heureusement pas tous mauvais pour autant). Son personnage est un homme de grand savoir, profondément ancré dans la culture jésuite, qui va, par la force des évènements, renier sa religion. Neeson possède cette gravité, ce sérieux, capable de comprendre le calme et le silence.

5

Point de moments d’héroïsme ni d’action de bravoure mais plutôt une fatalité constante des évènements. Le titre du film fait d’ailleurs référence au silence de Dieu face aux souffrances vécues en son nom. La mise en scène est âpre, intelligente et montre un Scorsese habité par la grâce. La bande originale est discrète mais reflète parfaitement la sensation de pesanteur et d’angoisse qui planent tout au long du film.

6

Le film est long, 2h41, parfois assez laborieux et difficile à suivre mais il soulève des questions complexes et intemporelles touchant ainsi à des émotions variées et intimes. Scorsese s’éloigne de ses films de gangsters pour s’interroger plus profondément sur la place de la religion et de la Foi.