24 fois Kevin Wendell Crump
Après le sympathique « The Visit », M.Night Shyamalan voulait confirmer son retour en grâce avec un film qui devait marquer les esprits. Quoi de mieux que dépeindre l’histoire de Kevin, homme fort agréable mais atteint d’un léger trouble de la personnalité (juste 24 identités cohabitent dans son esprit), qui décide de kidnapper trois jeunes filles sur un parking.
Je trouve que cette image résume assez bien la lutte intérieure de Kevin.
Rien car les thrillers à twist bien tordus, c’est justement sa spécialité. Si on prend « Sixième Sens », «Signes », « Le Village » ou encore « The Visit », le réalisateur américain a développé un talent fou pour créer une atmosphère oppressante qui nous intrigue de la première à la dernière image. Split n’échappe pas à la règle. Je dirais même que sur le plan formel, Shyamalan signe, probablement, l’une de ses plus belles mises en scène. Il ne cherche pas forcément à impressionner par des mouvements de caméras complexes mais à ce que chaque plan soit pensé et millimétré à la seconde près. Le plus beau c’est que toutes les séquences sont d’une efficacité redoutable.
Bien sûr, le réalisateur américain n’est pas le seul artisan de ce beau résultat. James McAvoy y met aussi son grain de sel tant il est impressionnant de bout en bout. Il réussit à incarner Kevin sans jamais frôler la case cabotinage, ni écraser le jeu de ses partenaires. Parmis eux, on retient surtout la jeune Ana Taylor-Joy. Déjà excellente dans « The Witch », elle tient magnifiquement tête à l’acteur écossais dans un style de jeu beaucoup plus nuancé.
Maintenant, reste à savoir si le fond est aussi bon que la forme. Sur cette réponse, je suis moins catégorique. Tout ce que Shyamalan amorce durant la première heure et demie est vraiment intéressant que ce soit la caractérisation des personnages (pour la plupart beaucoup moins débiles qu’à l’accoutumée dans ce genre de film) ou encore la manière dont il introduit les thématiques du film (les traumatismes psychologiques, l’opposition intérieure entre bien et mal ou l’exclusion des personnes différentes de la norme sociétale, pour ne citer qu’eux). Pour autant, le dernier acte est beaucoup plus perfectible. On a l’impression que le réalisateur américain reste assez superficiel dans le développement de son histoire. Ce fut sans doute la peur de perdre une partie du public cible ou le manque de budget (le film a été réalisé avec neuf millions de dollars et dans des conditions dignes d’une opération commando) qui l’a empêché d’aller plus loin dans le propos qu’il voulait développer.
D’après Shyamalan, le budget était tellement serré que toutes les scènes ont été faites en très peu de prises.
Je pense qu’on ne le saura jamais mais malgré cet écueil, je vous mentirais en vous disant que le film ne fonctionne pas quand même. La première heure et demie est de très bonne qualité tandis que le dernier acte, inachevé, arrive quand même à faire le travail qu’on attend de lui. Personnellement, j’ai toujours trouvé que remplacer un dénouement bien construit par des ficelles scénaristiques n’a jamais garanti un grand film. Ici, je les ai trouvé assez grossières avec plein de parallèles faciles entre les flash-back du personnage d’Ana Taylor Joy et l’histoire de celui de James McAvoy qui m’ont sorti du long métrage.
C’est dommage car Split aurait pu être un très bon film. En l’état, on est face à un divertissement honnête et efficace qui laisse la sensation que Shyamalan en a encore sous la pédale pour faire oublier ses échecs cinglants. Même si, je dois vous l’avouer, la scène pré générique me fait très peur pour la suite de sa carrière (spoil).
Spoil/ Spoil/ Spoil / Spoil/ Spoil / Spoil/ Spoil/ Spoil/ Spoil/
Sincèrement, je trouve que réunir l’univers de Split avec celui d’Incassables sent la fausse bonne idée. Je ne nie pas que ce soit intéressant car dans un sens, Split rentre dans la continuité de la réflexion sur les comics et les supers héros qu’il a essayé de développer dans « Incassables » mais j’ai trouvé le jumelage des deux univers assez mal amené. De plus, j’ai vraiment peur que Shyamalan crée une franchise grand public formatée qui ne servirait qu’à faire de la tune pour surfer sur la vague Marvel et DC. Reste que le Shyamalan univers semble bel et bien en route et même s’il y a de fortes chances pour que ce soit plus sombre que beaucoup de films de super héros hollywoodiens, je suis quand même assez sceptique vis-à-vis de ce projet.
Ce qui est le plus beau c’est que le jumelage des deux univers était annoncé dès l’affiche mais personne ne s’en doutait, même pas votre serviteur, bravo M.Night. Bon par contre maintenant que tu as réussi ton coup médiatique pose ton meilleur film à terre avant de faire une bêtise et n’y touche plus . Il n’est pas trop tard, si ?