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Le Grill a aimé avec réserves

The Guilty

80 minutes de tension

Primé dans presque tous les festivals par lesquels il est passé, « The Guilty » débarque en France avec la réputation d’être l’un des meilleurs thrillers de l’année. Est-ce que c’est justifié ? Plutôt, le premier long-métrage du danois Gustav Möller est un monument d’efficacité. 80 minutes de thriller psychologique retors qu’il faut voir pour ses deux principales qualités : son scénario et sa mise en scène.

Le film culmine pour l’instant à 100% sur Rotten Tomatoes et a remporté le prix du public à Sundance et Rotterdam ainsi que celui de la critique à Beaune. J’avoue, aussi, que l’affiche est intrigante.

Commençons par l’écriture, « The Guilty » raconte l’histoire d’Asger, policier affecté à la brigade téléphonique du poste de police 112 de la Ville de Copenhague. Un soir, il reçoit un coup de fil étrange d’une femme qui se dit victime d’un kidnapping. Ni une, ni deux et contre l’avis de ses supérieurs, Asger va essayer de mener l’enquête depuis son poste pour la retrouver. Certes, le pitch a des airs de déjà vu mais, globalement, le reste du scénario est suffisamment bien soigné pour maintenir le suspense jusqu’à la fin du film. Les scénaristes, Gustav Möller et Emil Nygaard Albertsen , évitent de tomber dans une grande majorité de clichés du genre. Ici, l’antagoniste de l’histoire a le mérite d’être un monstre d’une humanité troublante de vérité et même si, en surface, le personnage d’Asger se trouve être une énième caricature de l’anti-héros torturé par son passé, ses réactions sont suffisamment cohérentes pour permettre au spectateur de s’identifier à lui.

Ce sentiment est renforcé par la mise en scène assez minimaliste du réalisateur danois. Visuellement, on est ici dans l’épure quasi totale : unité de lieu forte, très peu de mouvements de caméra, un acteur – le très bon Jakob Cedergren – que l’on suit en temps réel et qui est quasiment de tous les plans. Est-ce un mal pour autant ? Non, les plans rapprochés sur le visage de notre anti-héros ont le mérite de faire ressentir au spectateur l’obstination et les doutes auxquels va faire face Asger tandis que le travail remarquable sur le son m’a donné la sensation de me retrouver enfermé avec lui dans cette situation. Outre le fait qu’il met le spectateur continuellement sous tension, ce dispositif permet à Gustav Möller de distiller une réflexion assez bien sentie sur la difficulté de se fier à sa propre intuition.

Bon, Jakob Cedergren n’est pas le seul acteur « visible » dans le film mais les autres apparaissent à l’écran de manière tellement fugace qu’on les oublie vite.

Reste à se poser la question sur la postérité de « the Guilty » et c’est malheureusement le principal défaut du film. Sa fin un poil facile et sa structure trop linéaire l’empêcheront de devenir un must du genre et son atmosphère suffocante ne résistera pas à un deuxième visionnage. En l’état, « The Guilty » demeure un bon « one shot » qui ravira les amateurs de bons thrillers et dans cet été avare en film de genres de qualité, on ne va pas s’en plaindre.

The Guilty

  • Est
  • N'est pas
  • Bien écrit même si on se retrouve avec le cliché de l’antihéros hanté par son passé.
  • Long, 84 minutes générique compris.
  • Porté par l'impeccable Jakob Cedergren.
  • Vide, sa réflexion sur la difficulté à se fier à sa propre intuition est plutôt bien sentie.
  • Soigné au niveau de son dispositif, le travail sur le son est remarquable.
  • Une grosse déception, il est plutôt à la hauteur de sa réputation.
  • Assez minimaliste dans sa mise en scène, pour les mouvements de caméra vertigineux, il faudra repasser.
  • Mémorable, sa postérité ne dépassera pas le deuxième visionnage.
Bon « one shot » / 20