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Et la tête du monsieur elle fait SPLASH ! (les films d'Horreur)Festival de CannesLe Grill a aimé

The Strangers

Une histoire de croyance

Depuis un an, à chaque festival que je couvre (avec ou sans Alcide) je tombe amoureux d’un cinéaste dont j’avais totalement ignoré sa filmographie. Lors du festival de cannes 2015, j’avais découvert Jia Zhangke, à Gérardmer cette année, Alejandro Jodowrosky puis il y a deux mois pour mon retour sur la croisette, ce fut Hong-Jin Na.

Résumer la carrière de ce dernier est simple, trois longs métrages pour autant de sélections dans le prestigieux festival français mais toujours dans les catégories les moins attractives pour un jeune auteur spécialisé dans le thriller : la « hors-compétition » (où si tu ne t’appelles pas Spielberg ou Allen difficile d’attirer l’attention sur toi) et un certain regard (réservé, le plus souvent, aux films d’auteurs les plus « hardcore »). Il a acquis sa côte de popularité grâce à un public de fans inconditionnels de cinéma coréen qui le considère, à juste titre, comme l’un des meilleurs réalisateurs de sa génération aux côtés de Park Chan-wook et Bong Joon-ho. Son premier long métrage « The chasser », véritable claque en passe de devenir culte, joue avec les codes des films de serial killers hollywoodiens. Le second, « The Murderer » est une descente aux enfers inégale mais très jouissive. Concernant « The Strangers », on est en présence d’un film pas vraiment facile à appréhender.

The strangers na hong jin 2016 festival cannes

Les crimes sordides et les scènes de tension sous la pluie sont un peu certaines des spécialités de l’auteur coréen à tel point que j’ai trouvé un commentaire sur sens critique : “Na Hong Jin + crime sordide + il pleut. Je peux mettre déjà 9 ?”

On se retrouve transporté à Goksung, petit village de Corée du sud (et accessoirement titre original du film), confronté à une vague de crimes aussi sauvages qu’inexpliqués. Parmi les policiers chargés de l’enquête, on trouve Jong-Gu, un père de famille candide, pataud, peureux et un brin looser, qui va très vite voir une menace peser sur sa fille. Bien qu’il aurait eu parfaitement sa place dans un film des frères Cohen, ce personnage est symbole de la satire du policier sud-coréen cher à son réalisateur. Ce qui fait que dans la première demi-heure, The Strangers sombre plus dans la comédie noire bien grinçante que dans le thriller tant attendu. Pour autant, on sent que l’atmosphère se met en place.

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Cette scène est intéressante car on passe, en une fraction de minutes, d’un des passages les plus drôles du film à l’un des plus angoissants .

Derrière son réalisme cru, on découvre qu’elle est tintée de légendes sordides, de chamans et de monstres aux yeux rouges. Dès lors, le film alimente son patchwork de genres en y introduisant une bonne dose de fantastique. Sauf qu’au lieu de copier des codes sans réfléchir, Hong-Jin Na va les prendre, les mélanger pour mieux les réinventer. Le spectateur non averti s’en trouvera constamment déstabilisé tandis que le fan de cinéma de genre préparé prendra un pied considérable car pour apprécier The Strangers il faut juste respecter une consigne : y croire.

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Facile à dire me direz-vous, surtout si le réalisateur s’en donne les moyens mais combien de personnes ont rigolés devant « Paranormal Activity » ou certains dialogues de l’ « Exorciste ». Ici, Hong-Jin Na exploite à fond les outils dont il dispose pour rendre cet univers cohérent et vraisemblable. Sa mise en scène fait monter progressivement la tension durant tout le film; la direction d’acteur est incroyable et les effets, distillés à bon escient, surprennent constamment tout en offrant une grande maitrise du langage cinématographique. C’est plutôt au niveau du scénario que le problème se pose. Selon le point de vue, il peut être perçu comme l’une des principales qualités du film ou bien  le pire de ses défauts. L’ambition de l’auteur coréen est de brouiller constamment les certitudes du spectateur jusqu’au grand final. Ce dernier se trouvera dans le même état que Jong-Gu ne sachant plus à qui se fier ni qui croire, devant composer avec les évènements et son ressenti pour survire au milieu d’une lutte entre bien et mal. Outre le fait que certains séquences soient trop longues et que l’intrigue manque de concision, ceux qui refuseront de croire à l’univers le trouveront parfois incohérent et iront même jusqu’à crier à la grande esbroufe.

Ce serait un tort car The Strangers est un film de genre à l’ambiance aussi prenante qu’unique, par le prisme duquel son réalisateur dresse un portrait grinçant d’un pays divisé par le folklore et rongé par la xénophobie. C’est assez rare dans le cinéma récent que pour être souligné. Je ne peux que vous le recommander ainsi que vous inciter à découvrir les autres films d’Hong-Jin Na.

The wailing film

La Fox fut tellement impressionnée par le scénario du cinéaste coréen que non seulement elle a produit (en partie) et distribué le film à l’international mais qu’en plus une suite ainsi qu’un remake américain seraient déjà en préparation. Sinon, Il semblerait qu’un concours des traductions de titres les plus pourris ait été mis en place avec ce film.

 

The Strangers

  • Est
  • N'est pas
  • Merveilleusement mis en scène
  • Facile à appréhender
  • Brillamment interprété
  • Une œuvre qui fera l’unanimité, certains crieront à l’esbroufe d’autres au génie
  • Un mélange entre comédies noires, fantastiques et thrillers
  • Dans une volonté de tout expliquer aux spectateurs.
  • Doté d’un scénario qui cherche constamment à brouiller les cartes
  • Un simple film de genre standardisé, on sent la vision d’un auteur qui cherche aussi bien à réinventer des codes qu’à nous parler de la société Sud-Coréenne.
Le thriller de l’été 2016 / 20