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Festival de CannesLe Grill a aimé avec réserves

Trois Visages

Partie de Campagne Iranienne

Film vu dans le cadre du 71ème festival de Cannes

« Trois Visages » est le nouveau long métrage de Jafar Panahi, tristement rendu célèbre pour être assigné à résidence par le gouvernement iranien jusqu’en 2030. Malgré cette restriction, le cinéaste continue à faire des films dans son coin sans financement ni soutien public mais avec une envie de créer qui est restée intacte. Ainsi, comme « Taxi Téhéran » avant lui, « Trois visages » est à prendre pour ce qu’il est : le témoignage romancé d’un cinéaste contestataire.

 « Trois visages » fait partie de la liste des quatre films sélectionnés en compétition qui sont distribués par Memento films avec  « Everybody Knows »,  « Le poirier sauvage » et  « Le couteau dans le cœur ». Sinon, l’affiche est belle.

En l’occurrence, l’actrice iranienne Behnaz Jafari contacte un soir Jafar Panahi, himself, pour lui montrer la vidéo du suicide d’une jeune provinciale désespérée qui souhaitait ardemment échapper à sa famille conservatrice. Ni une, ni deux, les deux compères  décident de se rendre dans le village de la jeune fille afin d’enquêter sur cette histoire. Sauf que, comme pour « Taxi Téhéran », je regrette que ce postulat de départ ne soit que prétexte à introduire une succession de scénettes inégales.

La volonté de Panahi de vouloir apparaître dans tous les plans de son film peut sembler totalement égocentrée mais elle est tout à fait compréhensible par le manque de moyens, l’urgence des tournages et sa situation de paria vis-à-vis du gouvernement iranien.

Dans les meilleurs moments du film, le réalisateur iranien arrive avec finesse, humour et poésie, à dénoncer la démarche schizophrénique d’un peuple avide de liberté mais qui ne fait rien pour l’obtenir. Cet immobilisme, Panahi le retranscrit au travers de situations et discussions cocasses visant à démontrer que ce n’est pas parce qu’on déballe de grandes affirmations progressistes sur la place des arts et de l’artiste dans la société, la condition de la femme ou la religion que le sort d’un pays risque forcément de changer. Pas besoin d’aller plus loin pour expliquer ce qui a poussé le jury de Cate Blanchett à récompenser le film par le prix du scénario. En tout cas, ce ne sera pas les vingt-cinq minutes de longueurs inutiles et l’absence d’une narration cohérente qui permettront de le justifier.

La direction d’acteurs est irréprochable notamment l’actrice Behnaz Jafari qui même si elle interprète son propre rôle, apporte tout son talent au film.

Pourtant, à l’instar de ses plans-séquences audacieux mais souvent gratuits, « Trois Visages » reste une tentative maladroite mais terriblement sincère d’un auteur qui cherche à continuer à créer. Ce n’est pas suffisant pour rendre le film totalement recommandable mais il n’empêche que le nouveau long métrage de Panahi demeure intéressant pour le regard qu’il porte sur son pays. On s’en contentera même si un scénario mieux construit aurait grandement contribué à le rendre mémorable.

Trois Visages

  • Est
  • N'est pas
  • Le regard d’un cinéaste contestataire sur son pays
  • Très bien écrit. On assiste à une succession de scénettes inégales.
  • Drôle et poétique
  • Issu d’une démarche égocentrée même si je reconnais qu’on puisse penser le contraire.
  • La preuve que Panahi continue à faire des films et c’est une bonne chose.
  • Bien rythmé. Il y a vingt cinq minutes de longueur inutiles.
  • Bien joué
  • Le meilleur film vu à Cannes cette année mais pas le pire non plus.
Faut vraiment bosser tes schémas narratifs, Jafar / 20