Loading...
Le Grill a aimé

Tunnel

Claustrophobes s’abstenir

 Le cinéma coréen s’est sacrément bien établi dans l’hexagone où récemment dernier train pour Busan et Mademoiselle ont touché un public de plus en plus varié et nombreux, attiré par ces œuvres incassables jonglant avec brio entre plusieurs genres. Tant mieux car ça permet des distributions correctes dans l’hexagone de films comme Tunnel, deuxième plus gros succès de 2016 au pays de la k-pop derrière les zombis ferrovipathes, film catastrophe mêlé à une farce politique au vitriol à classer sans hésiter du côté des bonnes surprises.

La punchline sur l’affiche est oubliable…

Ha Jung-Woo, le dandy cambrioleur de Mademoiselle toujours dans un rôle d’enflure que l’on apprend à vite aimer, se retrouve coincé dans sa voiture sous un tunnel effondré. En parallèle à sa survie jouant sans pathos excessif (merci) sur la gestion de ses ressources limitées six pieds sous terre, on assiste à la bataille des secouristes rapidement dépassé par l’ampleur de la catastrophe et les réticences des politiques face au coût engendré. La bonne idée assez classique pourtant a été de diviser des scènes à l’intérieur du tunnel, filmé dans un imposant décor par des caméras dissimulées pour accentuer le sentiment d’isolation de l’acteur, et celles à l’extérieur prenant par instants un aspect choral par la multiplicité des personnages présents.

Doona Bae, la femme du héros, est une des stars coréennes du casting, aussi présente dans Pacific Rim de Del Toro, la série Sense8 et Cloud Atlas des Wachowski.

La mayonnaise prend vite et l’architecture pourtant simpliste dans la mesure où le scénario forcément linéaire et unidirectionnel puisqu’il tient au sauvetage (ou non) de notre héros, faiblit peu au fil des deux heures de film. Bien joué, blindé d’humour entre quelques scènes plus sensibles, le film catastrophe cache une superbe satire sociale où se succèdent des médias véreux prêts à tout pour un scoop (la scène des drones touche au sublime), les entreprises de BTP ripoux, les politiques et leur girouette morale en plein cyclone. Le gros point fort, la véritable lumière au bout du tunnel restant la question brûlante, presque inattendue, de la valeur d’une vie humaine. Reste en sortant l’impression d’avoir vu un récit un peu trop policé, manquant de noirceur un peu comme toutes les fois où il faut secourir Matt Damon. En bref les fans de Hard Day, son premier film, resteront un peu sur leur fin niveau subversion mais c’est largement compréhensible si l’on se rappelle que Tunnel est avant tout conçu comme un divertissement familial. L’ancrage réussi dans la réalité loin d’Hollywood fait énormément de bien. Le grill conseille ce bon divertissement plutôt malin, porte d’entrée parfaite au ciné coréen.